L’année 2018 était une belle année de cinéma, autant dans les blockbusters que dans les films plus indépendants, le septième art a été inspirant. Comme le veut la tradition de fin d’année chez les cinéphiles, l’heure est venue de dresser un bilan. Alors, quelles sont les projections qui ont marqué l’année cinéma 2018 ? LeMagduCiné dévoile sa sélection des 15 meilleurs films et le top 10 de chaque rédacteur.
15) Suspiria
Oser remaker un film aussi populaire que Suspiria avait tout de la mauvaise idée. Et encore plus quand l’homme qui l’a sorti de terre, Dario Argento, estime que le remake n’a pas compris sa vision. Pourtant, c’est peut-être là qu’on aurait du tiquer, non ? Un cinéaste qui estime que sa vision a été bafouée ? Et si, à la place de l’incompréhension qu’il cite, Dario Argento était juste jaloux ? Cela pourrait parfaitement se concevoir tant finalement, le Suspiria de Guadagnino excelle à distiller une ambiance qui s’abat telle une chape de plomb sur l’intrigue. On parle toujours de danse, on sent toujours en filigrane un récit qui s’aventure à la lisière du paranormal, et pourtant, le cinéaste italien (comme quoi, seuls les ritals peuvent à ce point capturer la passion) adjoint à l’œuvre d’Argento, une profondeur (ça cause libération, émancipation des femmes, féminisme donc, dans une Berlin morcelée par le rideau de fer) bardée de symboles, qui a vite fait de rendre l’exercice passionnant. La passion oui, encore et toujours. Celle de voir Tilda Swinton continuer à endosser des rôles éminemment opposés, de voir la jeune Dakota Johnson s’affirmer comme (on l’espère) une actrice de premier plan. Tout ça pour dire qu’à l’instar de beaucoup de films sortis cette année (Under The Silver Lake entre autres), Suspiria est de cette race de films qui incitent au voyage et qui se fichent pas mal de la destination, seulement du trajet parcouru. Et autant l’admettre : quand la maîtrise se lit à chaque plan, à chaque intonation et à chaque envolée lyrique signée Thom Yorke, on pourrait bien assister béat à un Suspiria qui dure l’éternité.
Antoine Delassus
14) Girl
Dans le souffle d’un festival, il existe parfois des œuvres qui vous emportent. Une émotion. Des larmes. C’est le cas du film de Lukas Dhont, avec Girl, récompensé de la caméra d’Or au Festival de Cannes 2018. Girl est un parcours de vie intense, qui voit une jeune fille (Lara) faire tout son possible pour approcher son idéal, c’est à dire être enfin elle-même. Le film aborde le sujet délicat de la transsexualité mais l’immisce de manière bienveillante, bienveillance qui se matérialise par le prisme du père, dont sa relation avec sa fille est l’une des plus belles choses du film. Les dialogues entre les deux, entre incompréhension et tendresse, sont d’une rare vérité, d’une réelle émotion. Inscrite dans une école de danse, Lara se donne corps et âme dans sa discipline, chose qui mettra son corps et son esprit à rude épreuve, comme le faisait l’une des inspirations du film avec son personnage, le Black Swan de Darren Aronofsky. Sans forcément rentrer de pleins pieds dans les codes du teen movie, Girl est une quête identitaire forte, dure et doloriste, qui parle avec justesse d’un âge où l’on cherche juste à se définir et à s’accepter tels que nous sommes. Lara, incarnée par l’étonnant et fabuleux Victor Polster, est un personnage beau et émouvant, qui avec humilité et rage, chemine avec grâce dans nos cœurs.
Sébastien Guilhermet
13) Ready Player One
Au-delà de la réussite technique et du divertissement de haute volée, Ready Player One brille par l’alchimie de dichotomies. Tout en ayant une énergie folle dans sa mise en scène, Steven Spielberg parvient à mettre sans cesse en parallèle deux procédés, deux univers. Qu’il s’agisse du tournage de certaines scènes en pellicule et d’autres en numérique ou encore de l’utilisation de décors réels et de la performance capture. En faisant cela, Steven Spielberg montre qu’une cohésion est possible entre tous ces éléments et superpose ses méthodes de conception au propos du film. Pellicule ou Numérique ? Columbus ou Oasis ? Pourquoi faudrait-il choisir alors qu’une cohabitation est possible et que chacun à sa manière a des choses à apporter. L’un des exemples de tout cela est la course poursuite automobile finale du film dans les rues de Columbus qui renvoie à la course automobile d’ouverture du film dans l’Oasis. Et si, les personnages ne se sortaient de la course poursuite dans Columbus que parce qu’ils avaient participé et s’étaient entraînés pour la course poursuite dans l’Oasis ? À cela s’ajoute un discours sur la pop culture comme moyen de s’émanciper, d’avoir une identité (les avatars des personnages principaux ne sont pas des personnages préexistants) et de trouver sa voix dans lequel Steven Spielberg a l’élégance de s’effacer et de ne pas s’auto-citer, pour mieux pouvoir s’intégrer dans le récit en filigrane et parler tout aussi bien des éléments de la pop culture qui l’ont inspiré et façonné durant sa jeunesse (King Kong, Godzilla, Shining,…) que d’éléments de la pop culture qui ont inspiré et façonné les générations suivantes, ne rendant ainsi le film que plus universel. Enfin, ajoutez à cela un casting cinq étoiles et Alan Silvestri à la musique et vous obtenez l’un des meilleurs films de l’année.
Thomas Thiel
12) Mektoub, My Love : Canto Uno
Mektoub, My Love est indéniablement un des films français les plus marquants de l’année. Les détraqueurs de Kechiche verront toujours en ce film un voyeurisme là où il est empli de sensualité et de désir. Le réalisateur franco-tunisien offre une ode à la jeunesse durant 3h de temps où les heures passent comme des secondes. Biographie intime de ses étés, il donne à voir un merveilleux album de vacances où séduction, timidité, figure maternelle forment un tout aussi bienveillant qu’entraînant. La liberté y est sans limite, sans tabou et donne d’ailleurs un certain air nostalgique sur cette époque révolue quand aujourd’hui tout est analysé, déformé, jugé et sujet à polémique. Le cinéma de Kechiche ne lui serait plus propre s’il n’y ajoutait pas quelques provocations, mais Mektoub, My Love est bien plus grand que cette simple considération et révèle les délicats Ophélie Bau et Shaïn Boumedine.
11) Les Frères Sisters
Avec les Frères Sisters, Audiard s’attaque au genre américain par excellence, le western. Le cinéaste français convoque à la fois des références de westerns classiques mais aussi révisionnistes, basculant tantôt entre tendresse et violence, tantôt entre envie de changement et besoin de retour aux origines. Si Audiard s’essaie à un genre très codifié et qui s’inscrit dans l’histoire d’une culture étrangère à la sienne, Les Frères Sisters n’en reste pas moins un film extrêmement personnel, que le réalisateur dédit d’ailleurs à son frère aîné, mort bien des années plus tôt. Dans cette longue traque à cheval, les vastes étendues désertiques qui défilent derrière les personnages ne sont qu’un contexte, qu’une excuse à l’analyse de leur psychologie. Car Les Frères Sisters narre d’abord le récit de deux frères, avant de raconter celui de la naissance d’une nation. Ainsi, Audiard se sert du genre du western pour faire un film d’auteur intimiste, caché derrière des codes, facilitant le dialogue avec le spectateur, qui se trouve alors face à un western à taille humaine.
10) 3 Billboards, les panneaux de la vengeance
Cinq ans après le décevant Sept psychopathes, Martin McDonagh nous offre un troisième film moins clinquant et plus mesuré dans ses effets, et tant mieux. Le passage par la tarantinade avait finalement terni une filmographie qui démarrait pourtant très bien avec l’étonnant Bons baisers de Bruges. Moins d’effets de style, de chausses trappes idiots ou de faux méta-discours, pour un résultat efficace et finalement assez élégant, malgré la rudesse du propos (une vengeance à la suite d’une histoire de viol dans l’Amérique profonde). Frances McDormand trouve l’un de ses meilleurs rôles, Woody Harrelson renoue avec un registre mesuré qui montre toute l’étendue de son talent, et Sam Rockwell réussit un tour de force en rendant sympathique son personnage de crétin raciste et homophobe, sans pour autant justifier ses actions. McDonagh renoue également avec son goût pour le grotesque du quotidien (le touchant personnage de Peter Dinklage), dénué d’artifice clinquant. Âpre, sans concession, mais pas dénué d’humour pour autant, Three Billboards a finalement toutes les qualités que l’on attend d’un classique au sens noble, ce qu’il deviendra certainement.
9) La Forme de l’eau
Récompensé par quatre oscars en 2018, dont le meilleur film et le meilleur réalisateur, La Forme de l’eau s’impose comme le nouveau chef d’œuvre de Guillermo del Toro, certainement l’œuvre la plus aboutie de ce cinéaste unique avec le somptueux Labyrinthe de Pan. Le réalisateur mexicain y mêle subtilement un univers féerique d’une infinie poésie et un monde réel sombre, violent, dans lequel les marginaux sont opprimés et où la quête du pouvoir justifie tous les sacrifices. Dans ce conte fantastique, laissant place au drame et à la romance, le contexte de la Guerre froide se déploie dans toute son horreur et sa paranoïa, attisant le désir de puissance d’hommes obsédés par la recherche de nouvelles armes et l’isolement de laissés-pour-compte. Parmi ces personnages, Elisa, une femme de ménage muette, s’entraide avec sa collègue Zelda, prisonnière d’un mariage raté, et son voisin de palier Gilles, rejeté pour son homosexualité. C’est en rencontrant un mystérieux amphibien, comme eux singulier et persécuté, que ces trois héros apprennent à s’accepter tels qu’ils sont. Comme dans ses précédents films, Guillermo del Toro s’attache à la figure du monstre. Loin d’être agressive, la créature s’humanise ici rapidement grâce à ses émotions et à sa faculté de communiquer. Elle contraste alors avec le véritable être démoniaque du récit, Richard Strickland, rappelant le sadisme du sinistre capitaine Vidal dans Le Labyrinthe de Pan. La relation que l’amphibien noue progressivement avec Elisa, aussi inimaginable que poétique, montre que l’amour naît davantage d’une compréhension mutuelle, d’une fusion des incomplétudes que des similitudes. Au-delà de cette histoire riche empreinte de magie, on retient de La Forme de l’eau son esthétique sublime, la musique inoubliable d’Alexandre Desplat et la mise en scène ambitieuse de Guillermo del Toro.
8) The Rider
La nature, les paysages magnifiques, la liberté… Et en même temps la quête identitaire d’un homme brisé qui cherche un nouveau sens à sa vie. The Rider est un film sensible, délicat, beau et taiseux, qui prend le temps. C’est une parenthèse, c’est suspendu. On s’arrête et on contemple, on médite. Ce film dégage une grande authenticité, avec ce héros taciturne (petit côté Heath Ledger dans Brockeback Mountain), sa relation avec les chevaux et la Terre de ses ancêtres amérindiens, sa famille. Une vraie immersion dans l’univers du rodéo et dans la culture locale du Dakota. Poétique et apaisant, et en même temps si triste. Parfait.
7) Jusqu’à la garde
Jusqu’à la garde est un film construit intelligemment : la montée de l’angoisse y est brillamment maîtrisée jusqu’à un final en apothéose qui laissera le spectateur collé sur son siège. D’ailleurs celui-ci n’a d’autre choix que de prendre parti pour ce pauvre fils pris en étaux entre ses deux parents qui se livrent un combat sans merci pour désigner lequel des deux aura sa garde. C’est également un long-métrage essentiel sur les violences conjugales qui réussit à illustrer ce problème de société de façon subtile et non pas voyeuriste. Les acteurs y signent leurs plus belles prestations, surtout Denis Ménochet en père de famille abusif et terrifiant. En bref, Jusqu’à la garde est le meilleur film français de l’année, un film qui n’épargne personne, et réalisé par le très prometteur Xavier Legrand dont il ne faut pas oublier que c’est la première longue réalisation.
6) The House that Jack built
The House that Jack built est un film foisonnant, excessif en tout, mais détestable en rien. La représentation hyper-pompier du Dante et Virgile aux enfers de Delacroix ne nous choque pas. Les meurtres de plus en plus élaborés non plus ; destinés à faire œuvre, et œuvre d’art selon Jack, ils incluent les situations les plus insupportables (meurtres d’enfants, mutilations,…) et pourtant, ils restent bizarrement à distance, tant ils ne servent visiblement que de prétextes, la dialectique du réalisateur étant dirigée ailleurs. Même le glissement du film vers une forme fantastique dans sa dernière partie nous dérange à peine, car du début à la fin du métrage, Lars von Trier va marteler toujours les mêmes propos, la nécessité d’une absence totale de mesure pour atteindre la forme ultime de l’art, au prix de tous les dérapages et de toutes les incompréhensions.
Rarement le cinéaste s’adresse à notre cœur ; il ne cherche pas l’empathie, persuadé comme son protagoniste qu’on peut hurler les fenêtres grandes ouvertes sans que personne ne nous entende. Lars von Trier cherche notre capacité à réfléchir sur l’art avec lui. Ce sera seulement dans une séquence qu’à l’approche d’une fin inéluctable, le protagoniste quitte ses habits diaboliques pour se remémorer l’enfant qu’il a été, voire l’humain qu’il a été : un être fragile qui a peur de la mort, qui a peur de lui-même, mais qui ne peut pas s’empêcher d’aller à sa perte. Une séquence courte et chargée d’émotions, et qui permet de mettre la lumière sur tous les doutes du cinéaste. Pas toujours facile, car tel n’est pas le but de l’artiste, lui qui aurait souhaité voir plus de monde quitter la salle lors de la projection de son film à Cannes, The House that Jack built est sans doute le film le plus abouti de son auteur. L’auto-citation de ses propres films dans ce dernier opus semble signifier que Lars von Trier a fait le tour de la question ; espérons qu’il continuera encore à nous secouer fortement et longtemps.
5) Hostiles
Le western est un genre qui erre, depuis deux-trois décennies, sur le spectre cinématographique, sans véritablement trouver de port d’attache. Au milieu des productions à petit budget florissantes mais souvent peu reluisantes, et quelques ovnis signés Tarantino, difficile de trouver les grands héritiers d’un genre devenu incontournable dans l’histoire du cinéma. Impitoyable, The Proposition, True Grit, étaient peut-être les mieux placés pour y prétendre… jusqu’à l’arrivée de Hostiles, cette année, qui renoue avec les codes des westerns américains de l’âge d’or. Intelligemment référencé (de Ford à Mann ou Peckinpah) tout en affirmant sa personnalité propre (notamment via sa photographie et sa façon parfois « malickienne » de filmer la nature), Hostiles réhabilite ce qui n’avait plus vraiment sa place dans un western : le dialogue et la psychologie des personnages. Ces derniers sont excellemment écrits et interprétés (Christian Bale et Rosamund Pike en tête, bien sûr), mais surtout évoluent au cours d’un long voyage synonyme de rédemption pour l’un, de deuil pour l’autre. Le film est presque écrit à l’envers : là où un western classique commencerait par une ville paisible pour se finir en duel au sommet et action à tout-va, Hostiles s’ouvre sur un bain de sang pour que la violence cède sa place progressivement à l’intimité et à l’échange. Fascinant, émouvant, viscéral, les superlatifs ne manquent pas pour qualifier l’œuvre de Scott Cooper qui nous gratifie de ce qui pourrait être la nouvelle référence en terme de western moderne.
4) Call Me By Your Name
Découvrir ses désirs et épouser ceux de l’autre. S’accepter et s’abandonner. Apprendre et pleurer. Le somptueux Call Me By Your Name de Luca Guadagnino embrasse la réalité des premières fois avec une poésie et une tendresse folle. La première fois qu’on aime, la première fois qu’on fait l’amour, la première fois que notre cœur se brise… A travers le récit de l’été 1982 d’Ezio, un bel ado polyglotte dans une Italie de rêve, le réalisateur dépeint la relation amoureuse entre deux hommes, l’un à l’âge de la découverte, l’autre plus aguerri et expérimenté. Pourtant leurs intimes passions ne trouveront foyer que dans le regard et le corps de l’autre. Call me by your name and i’ll call you by mine… Le long-métrage expose la versatilité et le talent dingue du très prometteur Timothée Chalamet face à un Armie Hammer aussi svelte que taquin. Ce tendre et long moment d’amour nous donne terriblement envie d’aimer et révèle en nous l’impulsivité et l’intensité de nos idylles. Oubliez votre coup d’un soir de cet été ou votre dernier chagrin d’amour. Désolé, mais la plus belle histoire d’amour de cette année, elle est ici.
3) First man
Après l’ouragan La La Land, on aurait pu penser que Damien Chazelle aurait à cœur de retourner vers des projets moins amples, moins ambitieux et en somme moins exigeants. Que nenni puisque avec First Man, le réalisateur franco-américain s’est embarqué dans un voyage qui n’a rien d’une sinécure : celui de conter la plus dangereuse mission de l’histoire de l’humanité, Apollo 11, et ce via le prisme de son capitaine, Neil Armstrong. Un homme qui sous le scope de Chazelle, se révèle meurtri, rongé de l’intérieur par un deuil qu’il va tâcher d’exorciser en effectuant un voyage au-delà des étoiles. La grande épopée patriotique qu’on supposait se mue alors en un quasi-voyage existentiel, seulement rythmé par les larmes, la mélancolie, la mort et le mutisme de cet homme qui attendra de fouler le sol lunaire pour enfin s’autoriser à pleurer. Si l’on ajoute à cela un vivier de personnages investis et touchants, une reconstitution historique flamboyante et la dextérité de Chazelle à lier le combat d’Armstrong à ses thèmes – la résilience, la passion comme moteur –, on a droit à un film qui déjoue in fine constamment nos attentes et qui parvient, et c’est là la meilleure chose du film, à dissimuler tout le glamour jusqu’ici contenu autour de cette mission pour mieux mettre en avant le coté insensé, dangereux et humain qu’elle représente.
2) Phantom thread
Phantom Thread rend d’abord un bel hommage au plaisir visuel, avec de magnifiques plans, savamment construits et qui ne corsètent pas le propos. C’est rien de le dire pour ce film de haute couture, avec et sans jeux de mots, où l’amour est un jeu du chat et de la souris d’où personne ne semble pouvoir (vouloir ?) sortir gagnant. Un grand moment de cinéma, cousu main, mais pas de fil blanc, tant il emprunte de pistes. Parfaitement surprenant et excellemment interprété, bien que conscient de tous les genres qu’il traverse et convoque. Le huitième film de Paul Thomas Anderson est vénéneux et déroutant, oppressant et salvateur. Il ne s’agit pas simplement de conter une histoire, mais de la faire vivre sous nos yeux avec des climax assez entêtants, tels des petits déjeuners construits comme autant de moments de tension extrême ou encore des moments « muse » qui font durer la torture du temps pour le spectateur. On ne sait plus à qui donner de l’empathie tant le film sort sans cesse des sentiers battus. Enfin, force est de le constater, Phantom Thread est aussi un film boursouflé, parfois drôle, comme avorté, habité par d’autres… C’est un grand film malade, amoureux du cinéma, un grand film tout court.
1) Under the Silver Lake
Dans un monde où la pop culture est omniprésente, Under the Silver Lake s’impose très vite comme un véritable objet générationnel. Après nous avoir fait frissonner avec ses saillies carpentieriennes dans It Follows, David Robert Mitchell revisite le film noir saupoudré de stoner et nous emmène au sein d’un Los Angeles aussi coloré que cryptique pour explorer la face cachée de cette pop culture. Si son récit pynchonien exigeant aura laissé du monde sur le carreau, il nous aura également permis de nous égarer aux côtés d’un Andrew Garfield ahuri dans les méandres labyrinthiques de la cité des anges. Une expérience où les multiples références, qu’elles soient cinématographiques, vidéoludiques ou musicales, agissent comme le moteur d’une enquête aux allures néo-noires qui va tourner à la quête existentielle. Comme lors de son précédent essai, David Robert Mitchell enrobe le tout dans une splendide photographie et une bande-son aux allures 50s composée avec soin par Disasterpeace. Avec Under the Silver Lake, l’américain confirme sa position de cinéaste ultra-prometteur et surtout de porte-étendard d’une génération.
Les tops 10 individuels des rédacteurs
Gwennaëlle Masle :
- Mektoub, My Love : Canto Uno de Abdellatif Kechiche
- Razzia de Nabil Ayouch
- Les Filles du Soleil de Eva Husson
- Call me by your name de Luca Guadagnino
- Girl de Lukas Dhont
- Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin
- Jusqu’à la garde de Xavier Legrand
- Three Billboards de Martin McDonagh
- BlacKKKlansman de Spike Lee
- Le Grand Bain de Gilles Lellouche
Sébastien Guilhermet :
- First Reformed de Paul Schrader
- The House that Jack Built de Lars Von Trier
- Les garçons sauvages de Bertrand Mandico
- The Rider de Chloe Zaho
- Spiderman New Generation de Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman
- Suspiria de Luca Guadagnino
- Girl de Lukas Dhont
- Jusqu’à la garde de Xavier Legrand
- Burning de Lee Chang-dong
- Mandy de Panos Cosmatos
Maxime Thiss :
- Under the Silver Lake de David Robert Mitchell
- Jusqu’à la garde de Xavier Legrand
- Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez
- Climax de Gaspar Noé
- Le bon apôtre de Gareth Evans
- Bodied de Joseph Kahn
- Detective Dee 3 : La légende des rois célestes de Tsui Hark
- Les garçons sauvages de Bertrand Mandico
- Les Bonnes Manières de Juliana Rojas et Marco Dutra
- Spiderman New Generation de Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman
Jules Chambry :
- Under the Silver Lake de David Robert Mitchell
- Hostiles de Scott Cooper
- La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro
- A Star is Born de Bradley Cooper
- Bohemian Rhapsody de Bryan Singer
- First Man de Damien Chazelle
- Maudie de Aisling Walsh
- Une Affaire de famille de Hirokazu Kore-eda
- Climax de Gaspar Noé
- Mektoub, My Love : Canto Uno de Abdellatif Kechiche
Marushka Odabackian :
- Hostiles de Scott Cooper
- The Rider de Chloe Zaho
- First Man de Damien Chazelle
- Phantom Thread de Paul Thomas Anderson
- La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher
- Les heures sombres de Joe Wright
- En guerre de Stéphane Brizé
- Guy de Alex Lutz
- Une valse dans les allées de Thomas Stuber
- Sauvage de Camille Vidal-Naquet/ Une prière avant l’aube de Jean-Stéphane Sauvaire
Chloé Margueritte :
- Phantom Thread de Paul Thomas Anderson
- Under the Silver Lake de David Robert Mitchell
- Une Affaire de famille de Hirokazu Kore-eda
- En Liberté ! de Pierre Salvadori
- Les Chatouilles de Andréa Bescond et Eric Métayer
- La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher
- Senses de Ryusuke Hamaguchi
- Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré
- Charlotte a du fun de Sophie Lorain
- Bonhomme de Marion Vernoux
Ariane Laure :
- Les Frères Sisters de Jacques Audiard
- La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro
- First Man de Damien Chazelle
- The Rider de Chloe Zaho
- Girl de Lukas Dhont
- Under the Silver Lake de David Robert Mitchell
- Phantom Thread de Paul Thomas Anderson
- Une Affaire de famille de Hirokazu Kore-eda
- Burning de Lee Chang-dong
- Three billboards de Martin McDonagh
Perrine Mallard :
- Les Frères Sisters de Jacques Audiard
- Call me by your name de Luca Guadagnino
- BlacKKKlansman de Spike Lee
- L’île aux chiens de Wes Anderson
- Lady Bird de Greta Gerwig
- Hostiles de Scott Cooper
- Under the Silver Lake de David Robert Mitchell
- First Man de Damien Chazelle
- La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro
- Burning de Lee Chang-dong
Bea Delesalle :
- Phantom Thread de Paul Thomas Anderson
- The House that Jack Built de Lars Von Trier
- Cold War de Pawel Pawlikovski
- Manifesto de Julian Rosefeldt
- Sauvage de Camille Vidal-Naquet
- Une Affaire de famille de Hirokazu Kore-eda
- Suspiria de Luca Guadagnino
- Three Billboards de Martin McDonagh
- Pupille de Jeanne Herry
- Roma de Alfonso Cuaron
Antoine Delassus :
- First Man de Damien Chazelle
- Ready Player One de Steven Spielberg
- Under the Silver Lake de David Robert Mitchell
- How to talk to girls at parties de John Cameron Mitchell
- The House that Jack Built de Lars Von Trier
- Suspiria de Luca Guadagnino
- Three Billboards de Martin McDonagh
- Climax de Gaspar Noé
- Woman at war de Benedikt Erlingsson
- Leto de Kirill Serebrennikov/Spiderman New Generation de Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman
Vincent B. :
- Three Billboards de Martin McDonagh
- BlacKKKlansman de Spike Lee
- Place Publique de Agnès Jaoui
- En Liberté ! de Pierre Salvadori
- La mort de Staline de Armando Ianucci
- Dans la brume de Daniel Roby
- La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro
- Golem : le tueur de Londres de Juan Carlos Medina
- Les heures sombres de Joe Wright
- The final portrait de Stanley Tucci