Critique Cinéma
Cycle l'identité au cinéma
Terrain de jeu de prédilection de la philosophie et de la littérature, la dystopie a rapidement gagné le grand écran. De nombreux cinéastes se sont projetés dans un futur, pas si lointain pour certains, et dans le cas de Ridley Scott, on peut dire que son Blade Runner résonne avec notre actualité. La technologie a permis de créer des liens d’empathie, que ce soit avec un simple écran numérique ou bien avec la complexité d’une intelligence artificielle. En gommant les frontières avec ces entités, des humanoïdes finissent par voir le jour. A partir de là, il est bon de se demander ce qui les distingue d’une autre machine. Comment définir sa propre identité, que l’on soit fait de chair ou d’un alliage artificiel ? Et finalement, l’humain est-il réplicable ?
Festival
Porté par le cri incandescent de l’actrice Lubna Azabal, Amal dénonce avec force les défaillances de tout un système éducatif impuissant face à l’intégrisme qui gangrène nos sociétés. Dans cette œuvre éminemment politique à l’actualité brûlante, Jawad Rhalib brosse le portrait enflammé d’une enseignante de littérature abattue par la radicalisation latente de ses élèves et en rage contre l’inaction de son établissement. Tout comme son personnage-titre, le cinéaste belgo-marocain veut croire en les vertus citoyennes de l’école laïque, mais donne surtout à voir les solitudes, les anxiétés et les espoirs des jeunes, ces adultes en lointain devenir hélas livrés à eux-mêmes.
La réalisatrice franco-espagnole Lucia Sanchez était présente au festival Les Œillades afin d'accompagner la projection de son documentaire Mafalda, reviens! qui raconte l'histoire de la célèbre héroïne de bande dessinée croquée il y a soixante ans par l'argentin Quino et dont l'esprit contestataire a marqué les lecteurs du monde entier.
Je voulais que Mars Express soit populaire, tout en étant ambitieux. Je voulais quand même m’adresser à l’intelligence des spectateurs, et rester exigeant. C’est vrai qu’il y a plein de raccourcis dans le film, mais il y a aussi plein de choses qui sont pas expliquées dans le dialogue et qui sont comme pris sur le vif de ce monde sans explications. Donc il y a un travail demandé aux spectateurs et au spectatrice de s’intéresser à cet univers et de le décrypter.
Premier long-métrage d’Anaïs Tellenne, L’Homme d’argile est un conte existentiel, onirique et sensuel sur le pouvoir expressif du regard et la monstruosité des illusions. Dans cette relecture contemporaine et romantico-mélancolique du mythe de Pygmalion et Galatée, la jeune réalisatrice met en scène l’histoire d’amour impossible d’Emmanuelle Devos et Raphaël Thiéry, l’une artiste plasticienne en panne d’inspiration, et l’autre son étrange créature-muse au masculin. Toute la beauté du film réside dans la métaphore chimique et l’éclat déchirant de leurs deux visages, qui, enfermés dans un manoir hors du temps, oscillent constamment entre pudeur et désir, ennui et admiration. D’un bout à l’autre, tout sonne juste. Une vraie réussite.
Pour son premier long-métrage de fiction, Stéphane Marchetti a choisi d’emprunter la voie du thriller afin de raconter l’enfer des routes migratoires, sujet qui lui tient à cœur depuis le documentaire Calais, les enfants de la jungle. Porté par une solide Florence Loiret-Caille dans le rôle d’une femme fissurée et criblée de dettes qui, malgré elle, va profiter de la détresse des réfugiés clandestins, La Tête froide rappelle qu’aider l’autre à traverser la frontière est une manière de se sauver soi-même.
Littérature & BD
Gunmen of the West, publié aux éditions Bamboo, est une oeuvre collective remarquable, qui s'inscrit dans le genre de la bande dessinée western. Elle rassemble 14 illustrateurs autour de Tiburce Oger, pour retracer le parcours tumultueux des gunfighters, durant la conquête de l'Ouest américain. L'album se distingue par son authenticité historique, s'appuyant sur des archives pour offrir une lecture détaillée de cette période.
Disney, le guide visuel ultime fait l'objet d'une réédition actualisée aux éditions Hachette. Cette œuvre collective propose une immersion documentée et illustrée dans l'univers de Disney, employant pour cela les innombrables archives de la compagnie, qui englobent documents, objets, costumes, dessins, et bien plus.
Dans Opium War, Jean-Yves Delitte et Q-Ha plongent le lecteur dans les tumultes de l'histoire sino-occidentale. L'album, paru aux éditions Glénat, propose un récit dense et nuancé retraçant les événements présidant aux Guerres de l'Opium, qui ont redéfini le destin de la Chine et ses liens avec les puissances occidentales.
Fabcaro enrichit la collection « Pataquès » (Delcourt) de son album Talk Show, basé sur des planches humoristiques itératives, déconstruisant le monde télévisuel.
Analyse & Interview
Qui dit Joel Schumacher dit Batman. Donc cadrages débullés sur néons fluos, tétons qui pointent sous le Bat-Kevlar, DC à Mykonos pour la DA et punchlines de bâtonnet M. Freeze pour les menu kids. Pas l’empreinte la plus facile à assumer dans l’histoire récente du cinéma. Mais Schumacher, c’est aussi des films qui ont remué la poussière cachée sous le tapis du soft-power triomphant des 90’s, et fait tousser l'Amérique d'aujourd'hui. Et en la matière, Le droit de tuer ? ne fait pas dans la dentelle.
La réalisatrice franco-espagnole Lucia Sanchez était présente au festival Les Œillades afin d'accompagner la projection de son documentaire Mafalda, reviens! qui raconte l'histoire de la célèbre héroïne de bande dessinée croquée il y a soixante ans par l'argentin Quino et dont l'esprit contestataire a marqué les lecteurs du monde entier.
Je voulais que Mars Express soit populaire, tout en étant ambitieux. Je voulais quand même m’adresser à l’intelligence des spectateurs, et rester exigeant. C’est vrai qu’il y a plein de raccourcis dans le film, mais il y a aussi plein de choses qui sont pas expliquées dans le dialogue et qui sont comme pris sur le vif de ce monde sans explications. Donc il y a un travail demandé aux spectateurs et au spectatrice de s’intéresser à cet univers et de le décrypter.
Depuis plus de vingt ans François Caillat, philosophe documentariste, filme dans une série de portraits des grands esprits qui diagnostiquent un certain état du présent. Avec Edouard Louis, ou la transformation, il revient sur la trajectoire brillante, profonde et réformatrice d’un de nos intellectuels les plus performatifs, invitant le spectateur à un programme : désincarcère-toi de ton passé, transforme-toi toi-même.
Catherine Corsini est peut-être l’une des réalisatrices en activité les plus prolifiques et âgées du cinéma français, comme elle aime à le rappeler. Elle vient présenter son dernier film Le Retour au festival de films francophones Cinemania. C’est sa troisième venue à Montréal pour cet événement après avoir présenté La Répétition il y a plus de vingt ans, puis après avoir eu l’honneur d’être membre du jury il y a deux ans, tout en présentant La Fracture. On a eu le plaisir de l’interviewer. Portrait...