Dans "Diana", Annick Cojean, Sophie Couturier et Sandrine Revel signent une œuvre hybride, à la frontière du reportage, du portrait et de l’hommage. Entre le souvenir d’une rencontre rare et la tragédie d’une disparition, cette bande dessinée documentaire explore la vérité d’une femme qui, au-delà du mythe, voulait porter haut certains principes.
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Chroniques d’actualités littéraires, recensions de romans classiques, évocations d’essais, analyses des influences croisées entre le cinéma et la littérature, bandes dessinées : découvrez nos articles portant sur le monde de l’édition.
Dans "La Beauté cachée des cartes" (éditions Autrement), Jean-Luc Arnaud, historien de la cartographie, fait voler en éclats l’usage froid du plan pour lui restituer une chaleur sensible, presque artistique. En isolant de minuscules fragments de cartes anciennes, il révèle leur part d’inconnu, de rêve, de qualité visuelle.
Neuf ans après un premier opus déjà salué pour sa franchise, Cookie Kalkair remet le couvert. Son "Pénis de table 2" (éditions Steinkis) s’invite à nouveau dans les zones d’ombre du désir – entre honte, tabou, maladresse et tendresse. Mais cette fois, la table s’est agrandie, plus diverse, plus consciente, moins complaisante aussi. Un ouvrage aussi cru que nécessaire, où six hommes discutent, se dévoilent et parfois se contredisent, pour mieux comprendre ce que veut dire aujourd’hui "avoir un pénis" dans un monde post-#MeToo.
Entre l’odeur avenante du beurre chaud et la rigueur du geste parfait, "La Vie en bleu" nous plonge dans les coulisses de la gastronomie française. Sous la plume de Julien Moca et le trait de Cécile Barnéoud, l’itinéraire d’une jeune cheffe venue de Séoul se transforme en parcours initiatique, à la fois sensoriel, humain et culturel. Un one shot généreux, riche en émotions et en saveurs.
Sous la neige, la bête. Février 1999, péninsule de Kola. Un corps gît dans le froid, presque mort, pas tout à fait humain. Il s’appellera Gary, parce qu’il faut bien un nom pour désigner l’indésignable. Il guérit trop vite, se régénère trop bien et s’échappe trop brutalement pour être seulement un miraculé. Plus tard, on le retrouve à Moscou, poursuivi, cerné, traqué comme un animal rare dont la science veut percer le secret. Pour fuir, il s’enferme dans un cercueil et file vers Berlin – la résurrection comme dernier refuge ?
Avec "Le Message", Ta-Nehisi Coates poursuit son œuvre de dévoilement du réel. Voyageur malgré lui, le penseur américain arpente Dakar, la Caroline du Sud et la Cisjordanie, traçant un fil invisible entre les héritages de la violence raciale, les fractures du monde contemporain et la responsabilité du témoin. Ce livre, à la fois intime et politique, prolonge la quête d’un écrivain obsédé par la vérité : celle que l’on tait, celle que l’écriture force à voir.
En transposant l’univers de "Spawn" dans un futur post-industriel où l’humain s’effrite sous le poids de la machine, "Rat City" d’Erica Schultz et Zé Carlos (éditions Delcourt) revisite le mythe infernal sous l’angle du transhumanisme. Un récit dense et crépusculaire, d’une intensité visuelle rare, où chaque étincelle de néon révèle une part de damnation.
Avec "L’Enfance des chefs", Marilyne Letertre et Franckie Alarcon signent une bande dessinée pleine de tendresse, où les grands noms de la gastronomie française retrouvent le chemin de leur enfance. L’ouvrage, publié chez Delcourt dans la collection "Encrages", fait un lien entre le souvenir et l’art de nourrir – au sens plein du terme.
Davy Mourier signe avec "La Petite Mort – La Boutique des erreurs" un album d’une lucidité mordante. Sous ses dehors d’humour macabre et de gags pop, c’est toute la mécanique contemporaine du lynchage médiatique, du consumérisme et de la bêtise virale qu’il dissèque. La Mort, devenue influenceuse malgré elle, y découvre que la notoriété n’a rien d’un repos éternel.
« Dans la forêt, il faut vite trouver sa place. Il faut savoir qui craindre… »
« Il faut regarder l’envers du décor. Il faut lire entre les lignes. Il faut savoir remplir les blancs. Il faut combler les vides. Il faut entendre les sous-entendus. »
« Il vaut mieux faire semblant d’être quelqu’un plutôt que de n’être personne. »

















