Avec Yan, paru aux éditions Glénat, Chang Sheng plonge le lecteur dans une aventure échevelée, où vengeance, justice et quête identitaire s’entremêlent. Au cœur de cette saga, on trouve une jeune fille de 15 ans emprisonnée à tort et désireuse de venger la mort de sa famille.
L’Opéra de Pékin, symbole de prestige et de tradition, occupe une place centrale dans la vie de Yan, comédienne. Elle se produit sur scène en compagnie de ses proches, dont l’éducation semble quelque peu corsetée. Tout bascule avec l’assassinat brutal de sa famille, qui marque le début d’une descente aux enfers pour l’adolescente. Incarcérée à tort pour des meurtres qu’elle n’a pas commis, elle est enfermée dans un centre d’expérimentation scientifique, dont les mystères ne sont pas encore révélés, et suite à l’explosion duquel les autorités la pensaient morte. Mais celle qui vient revisiter le passé n’a fait que parachever son désir de vengeance…
Chang Sheng fait cohabiter divers éléments narratifs sans pour autant que ces derniers se parasitent. Robots géants, complots politiques, capacités surnaturelles, scènes d’action spectaculaires, vengeance à la Old Boy : chaque composante contribue à l’édification d’un univers unique. Cette hybridation des genres est un terrain de jeu idéal pour l’auteur, qui ne refuse aucun apparat graphique mais qui tient manifestement à l’équilibre de son récit.
Au-delà de Yan, personnage central animé par une soif de vengeance implacable, le manga introduit des figures complexes telles qu’un flic alcoolique et une championne de go dotée de facultés prédictives. Ces protagonistes, aux destins entrelacés, sont appelés à enrichir la trame narrative d’enjeux personnels. Ils s’associent à Yan pour former une ronde de personnages bigarrée et détonante. Graphiquement, la maîtrise semble totale et certaines planches méritent vraiment que l’on s’y perde tant elles recèlent de détails.
Yan est une œuvre multidimensionnelle dont les zones d’ombre demeurent nombreuses. Chang Sheng a commencé à éventer un complot qui devrait tenir en haleine le lecteur dans les tomes à venir. Pour l’heure, sa grande force réside dans ses personnages : ils sont portés vers l’après, la vengeance, la fin de l’affaire policière, et sont déterminés à parvenir à leurs fins, même si des puissances encore ignorées tentent de les contrecarrer. Comme on dit dans ces cas-là : à suivre…
Yan (1/3), Chang Sheng
Glénat, avril 2024, 352 pages