La Seconde Guerre mondiale a connu son lot de tragédies. Parmi elles : la rafle d’Izieu. Cet événement, survenu le 6 avril 1944, implique la déportation et l’extermination de 44 enfants juifs et 7 adultes, marquant ainsi l’une des pages les plus sombres de l’histoire française. L’œuvre de Pascal Bresson et Giulio Salvadori, La Rafle d’Izieu (La Boîte à bulles), offre une reconstitution graphique de ce drame.
En 1943, Sabine et Miron Zlatin fondent une colonie à Izieu, dans l’Ain, destinée à offrir un havre de paix aux enfants juifs, dans une zone alors sous contrôle italien. Cependant, le répit est de courte durée et, le 6 avril 1944, une opération menée par la Wehrmacht et la Gestapo conduit à l’arrestation brutale de tous les résidents. Dans les alentours, le choc est énorme : comment peuvent-ils s’en prendre à des enfants et que vont-ils faire d’eux ?
Pascal Bresson retrace avec minutie l’histoire de cette colonie, l’horreur de la rafle et ses conséquences désastreuses. Sa narration, enrichie par des témoignages authentiques, alternant les points de vue, effeuillant les affects, expose les questionnements douloureux autour des responsabilités de cette tragédie. Les uns regrettent leur passivité, les autres cherchent des réponses à leurs questions, tous vivent avec la douleur de ces événements terrifiants.
L’apport de Giulio Salvadori se caractérise par un style à la fois sobre et expressif, qui traduit avec force les émotions et les tensions dramatiques qui prévalaient alors. Avec réalisme, le dessinateur invite le lecteur à une immersion profonde et émouvante dans l’histoire, rendant le passé douloureusement palpable. Mais La Rafle d’Izieu se constitue de bonds temporels et une partie significative de l’œuvre est consacrée au procès de Klaus Barbie, mettant en exergue les témoignages de survivants et la lutte pour la justice.
À travers cette bande dessinée, Pascal Bresson et Giulio Salvadori reviennent sur un événement historique majeur de la Seconde guerre mondiale et questionnent le poids de la mémoire et la nécessité de transmettre les leçons du passé. Léa Feldblum, seule rescapée, apporte un témoignage glaçant qui permet de mieux comprendre le contexte et le déroulement des faits. La Rafle d’Izieu nous rappelle avec force et émotion que derrière les chiffres de l’Histoire se cachent des destins brisés, des vies fauchées et des rêves anéantis.
La Rafle d’Izieu, Pascal Bresson et Giulio Salvadori
La Boîte à bulles, avril 2024, 160 pages