Les crimes de guerre sont-ils pardonnables ? Un amour interdit est-il tolérable au sein d’un camp de concentration ? Love It Was Not joue constamment sur l'ambivalence entre le bien et le mal, en brossant le portrait d’un geôlier au cœur sensible et d’une jeune femme, qui use de sa captivité pour rester à l’abri des horreurs commises autour d’elle. Maya Sarfaty en appelle aux souvenirs que cette liaison a engendrés pour aboutir à un documentaire surprenamment bien ficelé, sorte de relecture de La Vie Est Belle de Roberto Benigni.
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Inscrit28 février 2023
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Spéléologue des temps modernes, je ne suis qu'un humble explorateur des salles obscures, celles-là même dont on peut en ressortir ému, apeuré, frustré ou émerveillé. Je m'y donne rendez-vous chaque semaine, sans oublier ma fascination pour Steven Spielberg, Frank Capra, Sidney Lumet, Brad Pitt et un peu moins pour les légumes. Le cinéma restera à jamais mon sanctuaire d'apprentissage et le vecteur de toutes mes émotions.
Claude Schmitz laisse les planches du théâtre derrière lui pour se pencher sur sa cinéphilie, notamment sur ce qu’il a gardé des œuvres d'outre-Atlantique de son enfance. Avec L’Autre Laurens, présenté à la Quinzaine des cinéastes de Cannes 2023, il exploite un filon qui ne le mène pas nécessairement à la fortune, mais lui permet de bâtir une belle passerelle entre plusieurs genres. Dans une cohérence insoupçonnable et un humour tout aussi improbable.
Il marche seul et n’est pas d’humour à chanter La Marseillaise. Ce n’est pas Jean-Jacques Goldman, mais bien le demi-frère de celui-ci dont il est question dans un procès qui porte son nom. Pierre Goldman est soumis aux préjugés d’un tribunal, qui doit statuer sur un crime qu’il n’aurait pas commis. Certains souhaiteraient le faire taire à jamais, mais ce lieu sacré, où la parole est d’argent, pourrait bien se retourner contre lui, contre sa volonté et son l’innocence qu’il clame haut et fort, si bien que toute provocation de sa part devient un argument social à développer pour Cédric Kahn.
La fin des années 80 n’a pas été épanouissante pour tout le monde, notamment en Finlande, territoire finalement peu connu du grand écran, ainsi que des cartes postales. Aki Kaurismäki souhaite alors prolonger son étude du prolétariat, initiée avec Ombres au paradis et Ariel. Toujours plongé dans un milieu industriel, La Fille aux allumettes établit le terrifiant portrait d’une société qui muselle ses citoyens, condamnés à fantasmer leurs désirs, jusqu’à ce que le cœur l’emporte sur la raison.
De toutes les adaptations du célèbre personnage créé par Bob Kane et Bill Finger, il ne fait aucun doute que Batman contre le fantôme masqué entre sans peine au panthéon de l’excellence. 30 ans plus tard, dans la lignée de Batman, la série animée et à l’occasion d’une réédition Steelbook 4K Ultra HD ce 20 septembre 2023, Warner Bros. vous propose de le découvrir chez vous, dans une version restaurée qui n’a rien perdu de sa flamme et de sa noirceur.
Il n’y a parfois qu’un pas entre le rêve et la réalité. Et si on assimile le cauchemar dans l’équation, il ne reste que peu d’espoirs pour vivre heureux. La Hija de Todas las Rabias se situe alors quelque part dans cette zone d’incertitude, à l’image du Nicaragua, pays dont les changements sociaux et politiques se résument à La Chureca, une gigantesque décharge à ciel ouvert. Le lien mère-fille suffira-t-il pour trouver un peu de lumière dans ce portrait disgracieux d’un monde qui les rejette ?
Plus d’un siècle après le naufrage du RMS Titanic, que reste-t-il à remonter de cette épave ? Que peuvent bien raconter les fantômes qui sommeillent à son bord ? 10 ans après la mise en boîte de ce documentaire, les images de James Cameron continuent de fasciner et d’interroger cette fatalité qui a foudroyé le monde en l’espace d’une nuit.
Doit-on se faire désirer pour s'en sentir aimer ? Entre fantasme, cauchemar et réalité, Visions en appelle aux archétypes hitchcockiens, semant ainsi des pulsions obsessionnelles que Diane Kruger restitue avec discernement. Dommage que le film souffre perpétuellement de la comparaison avec ses prédécesseurs, ce qui rend le voyage aberrant et ironiquement soporifique. Accrochez bien votre ceinture, car les turbulences ne sont jamais très loin.
Il existe des monstres qui nous dévorent de l'extérieur, tandis que d'autres sont stimulés à l'idée de se nourrir de l'intérieur, de notre intimité et de notre vulnérabilité. Ces deux menaces sont impliquées dans Inside de Bishal Dutta, pour qui l'angoisse est avant tout le gage d'un bon drame familial. Entre les crocs d'une entité démoniaque et la lutte d'une adolescente indo-américaine pour s'intégrer au quotidien, il existe une histoire touchante de réconciliation.
Intrigant et obsédant miroir à The Wastetown, Ahmad Bahrami évoque la tragédie de l’Iran en prenant soin d’émietter différentes formes d’impasses sociales dans une usine, dont la mort des salariés est programmée. Cette perspective est terrifiante dans The Wasteland, un drame qui n’épargne aucun citoyen, aussi loyal et intègre soit-il.
Savoir se retenir et savoir se contenir sont les vertus que prône La Beauté du geste de Shô Miyake. Sourde ne veut pas dire vulnérable et Keiko le fera entendre à tous ceux qui tenteront de la rabaisser ou de l’agresser. Si la langue des signes nous permet de nous connecter à elle, c’est avec les poings levés et la boxe que cette combattante trouve un sens à sa vie de solitude. Un récit d’apprentissage qui frappe droit au cœur !
Second volet de la saga New Gods, qui n'a rien à voir avec les comics DC de Jack Kirby au passage, New Gods : Yang Jian (La Guerre des Dieux par chez nous) nous initie à un nouvel univers steampunk, rempli de figures mythologique de la culture chinoise. À l'aide d'une animation bien léchée et de séquences épiques qui ne nous font pas regretter l'expérience du grand écran, on peut toutefois avoir des regrets concernant sa narration confuse et son imperméabilité aux émotions.