Il n’existe plus vraiment de secrets de nos jours, à l’heure du numérique, notamment sur les plateformes de vente entre particuliers. Il s’agit de la couverture parfaite pour les arnaques… et les meurtres. Dark Market nous met ainsi en garde sur l’abus de notre outil du quotidien, le téléphone portable, mais également sur un mode de consommation qui bouleverse les interactions sociales. Nous sommes à un clic des bons plans, mais malheureusement pour les protagonistes de cette intrigue viscérale, ils se révèlent généralement foireux.
Synopsis : Soo-hyun achète sur internet une machine à laver d’occasion à un prix défiant toute concurrence. Et pour cause, elle est en panne. Mais en plus d’être un arnaqueur de génie, le vendeur est aussi un psychopathe.
Passées sous les radars, les réalisations de Hee-kon Park vont à présent trouver un second souffle maintenant que son quatrième long-métrage atteste d’un savoir-faire qui tend à satisfaire les amateurs de série B. Avec un sujet d’actualité tout chaud, le film ouvre sur des gestes communs et à la portée de tous. Telle une vitrine qui inciterait les férus d’achats compulsifs à dégainer leur carte bancaire, les premières minutes nous embarquent dans l’envers du décor. Parmi les vendeurs se cache un homme malintentionné et habile dans la pêche aux acheteurs. Il ne faut pas très longtemps pour comprendre qu’il n’est pas seulement là pour vider leur portefeuille, mais également pour assassiner les plus vulnérables.
La bonne affaire
Les plus vulnérables sont celles et ceux qui sont dans le besoin, et Soo-hyeon (Shin Hye-sun) fait partie de cette catégorie. Travailleuse consciencieuse et surchargée, elle a hâte de jouir du confort de son nouvel appartement. Malheureusement, son lave-linge défectueux la pousse à en chercher un autre d’occasion. Il va sans dire que la confrontation avec son vendeur ne se passe pas comme prévu. Suite à son intervention, son appareil reste inefficace et sa vie est piratée de bien des manières.
Cependant, Soo-hyeon est plutôt du genre rancunier. Lorsque que la police ne peut rien pour elle, cette dernière se met en chasse pour saboter les nouvelles tentatives frauduleuses de cet inconnu. Ce qu’elle ne redoute pas, c’est que la barrière est très fine entre elle et le criminel. Hee-kon Park prend alors un malin plaisir à restaurer cette aura démoniaque qui circule sur le net. Il absorbe le thème du cyberharcèlement pour alimenter sa machine à suspense, donnant ainsi une vision peu commune du genre home invasion. Comment se sentir chez soi lorsque les clôtures de l’intimité sautent ? Les hommes ne sont d’aucun secours ici.
Telle la sorcière qui attire les Hansel et Gretel dans sa tanière sucrée ou une sangsue qui s’accroche à sa victime, le vilain de l’histoire (Im Seong-jae) vampirise Soo-hyeon jusqu’à bouleverser son quotidien. N’achetez pas l’acheteur, de son premier titre d’exploitation, c’est l’avertissement qui peut donner froid dans le dos, mais qui échoue à nous captiver de bout en bout. L’écriture des personnages, et de l’héroïne notamment, ne semble pas stimuler pas le metteur en scène coréen. Ce dernier préfère une étude plus empirique dans son récit inspiré de faits bien réels. Voir comment la victime, le criminel et la police se répondent et en exposer les impasses juridiques, trop nombreuses pour que la justice ait un véritable poids dans le domaine du numérique. Cette démonstration à coups d’effets de style est cependant si répétitive dans le dernier tiers que la tension s’effrite assez rapidement. Reste que cette série B assure le divertissement minimum, par sa violence physique et surtout psychologique, qu’il ne nous viendrait pas à l’esprit de contacter le service client.
Finalement, faire ses achats en ligne, c’est un peu le jeu de la roulette, miser sur la confiance d’un inconnu. Ce jeu risqué est-elle une bonne affaire pour autant ? En parallèle du cyberharcèlement sur les réseaux sociaux les plus tendances, Dark Market sonde les vices des plateformes « communautaires » où il est possible de déchanter aussi vite qu’on a été piraté et arnaqué. Ce thriller psychologique joue ainsi avec les nerfs du spectateur qui en connaît les ressorts, de près ou de loin, afin qu’il y songe à deux fois avant de sauter sur une belle offre !
Fiche technique
Réalisation : Park Hee-kon
Production : Park Hee-kon & Cho Byeong-yeon
Scénario : Park Hee-kon & Kim Dong-hoo
Image : Back Yoon-seok
Montage : Han Eon-jae & Han Young-kyu
Musique : Jang Yeong-gyu
Pays de production : Corée du Sud
Année de production : 2023
Distribution France : The Jokers Films
Genre : Thriller
Durée : 1h41