Les Incorruptibles est peut-être un film-manifeste de De Palma le formaliste. Le virtuose capable de réinventer un genre pataugeant dans le formol à l’époque (le film de gangsters en costumes), le styliste flamboyant qui hyperbolise les péripéties les plus anodines, le cinéphile insolent capable de citer l’une des scènes les plus célèbres du 7ème Art pour se mesurer en creux à son instigateur (la scène de l’escalier, incroyable hommage/défi au Cuirassé Potemkine de Serguei M. Eiseinstein).
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Le Bûcher des vanités incarne ce refus de jouer dans les clous de la critique intégrée par la société spectacle: il prend d'assaut la rétine du spectateur et exacerbe la comédie sociale en train de se jouer, offre au mondain et à l'indigné professionnel la monumentalisation de leur caricature. Le réalisateur fait ce qu'il a toujours fait : revendiquer l'excès comme horizon de la licence poétique et enfermer les personnages dans une représentation symbolique dont ils sont autant dépositaires que victime