Dans le cadre de notre cycle consacré aux addictions, nous nous penchons, une fois n'est pas coutume, sur la bande dessinée. Trois parutions récentes permettent d'en évoquer la teneur et les représentations, dans des domaines et avec des procédés qui peuvent fortement varier.
Cycle Addictions
Cycle Addictions
Le cinéma, la littérature, les séries télévisées, l’art ont tous en commun d’avoir scruté de mille façons le phénomène de l’addiction. L’assuétude et ses contrecoups, souvent fâcheux, ont caractérisé des personnages tragiques ou pathétiques ; ils ont parfois fait écho à leur mégalomanie, à leur détresse ou à leurs fêlures. De la plus anodine (le cigare de Freud) à la plus spectaculaire (par exemple dans Requiem for a Dream), l’addiction a toujours été porteuse de puissants enjeux dramatiques et de représentations extrêmes. Le Mag du Ciné aspire à en faire la démonstration dans ce cycle.
Le nouveau millénaire s’ouvre sur une bombe cinématographique. Elle s’appelle Requiem for a dream. Le détonateur se nomme quant à lui Darren Aronofsky. Voilà dix ans que le réalisateur a débuté dans le septième art. Son premier court-métrage Supermarket Sweep sort en 1991. Il faudra sept ans au jeune cinéaste pour réaliser premier long – sobrement intitulé Pi – qui s’inscrit dans la veine du thriller paranoïaque. En adaptant le roman éponyme de Hubert Selby Jr, Darren Aronofsky change de registre tout en conservant les codes du film à suspense.
Sorti en 2013 dans les salles obscures, le film Her réalisé par Spike Jonze a fait l’effet d’une bombe et a reçu le prix du meilleur scénario original aux Oscars. Romantique, dramatique et lyrique, Her nous plonge dans une société futuriste où la technologie et les humains cohabitent main dans la main. Spike Jonze nous entraîne dans un tourbillon d’émotions et offre aux spectateurs un regard original et tendre sur l’amour à l’heure du virtuel. Nous suivons le quotidien et l’histoire passionnée de Theodore, incarné par Joaquin Phoenix et Samantha, l’Intelligence Artificielle dont notre personnage principal tombe éperdument amoureux, incarnée par la voix sulfureuse et envoûtante de Scarlett Johansson. Spike Jonze propose une mise en scène et une histoire interpellantes où l’amour est le sujet principal à tel point qu’on pourrait presque parler d’addiction. Analyse.
Ne vous laissez pas duper par son aspect des plus "naturalistes". Le film sort de l'ordinaire. La mise en scène ou les thématiques "Coming of Age" ne sont qu'un prétexte pour mettre en scène une addiction intensément dérangeante. Derrière l'arrivée de Justine à sa première année d'université pour devenir vétérinaire, il y a un secret de famille. Celui d'une terrible envie alimentaire. C'est dans la nature humaine de développer une addiction. Quand les choses vont mal ou que les changements induisent beaucoup de stress, il y a fort à parier qu'on recherchera de la "douceur" ou de l'apaisement, à travers ce qui fait exploser nos taux d'hormone du plaisir. L'alcool, la nourriture, la fête, le sexe sont des déviations que l'on se trouve comme refuge. Alors pourquoi cela serait-il différent pour Justine et la viande...humaine.
Après Body Snatchers en 1993, Abel Ferrara continue d'explorer le cinéma d'horreur avec The Addiction en 1995. La figure du vampire y est vectrice d'un questionnement sur le mal en Occident.
Les films français traitant de l'alcoolisme étaient encore rares en ce début des années 60, lorsque sort Un Singe en hiver. A travers le drame de deux hommes (et d'une femme), le film de Verneuil montre l'alcoolisme comme quelque chose à la fois grandiose et dramatique.
La trilogie du Seigneur des anneaux réalisée par Peter Jackson insiste sur "le fardeau" attaché à la possession de l’anneau. Objet magique et malfaisant, l’anneau génère une addiction si forte, si ancrée dans l’esprit qu’elle ne peut guérir totalement. La dépendance à l’anneau frappe, de près ou de loin, la majorité des personnages, et rien ne permet véritablement de s’en prémunir. Toutefois, le désir humain de pouvoir et de conquête rend indéniablement plus sensible à l’emprise de l’anneau. Ce même sentiment se retrouve à l’origine des conflits mondiaux. Peut-être faut-il y lire un message de paix de J.R.R. Tolkien, soldat lors de la Première Guerre mondiale.
Dans le cadre de notre cycle sur les addictions au cinéma, focus sur des films qui creusent l'idée d'un pouvoir par le discours que les actes trahissent. Un pouvoir auquel s'accrocher est dangereux pour les personnages qui s'y frottent. On pourra y découvrir une employée un peu trop Corporate, une femme prête à tout pour être Numéro Une, plein de Promesses déçues ...