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Her : une ode à l’amour

Sorti en 2013 dans les salles obscures, le film Her réalisé par Spike Jonze a fait l’effet d’une bombe et a reçu le prix du meilleur scénario original aux Oscars. Romantique, dramatique et lyrique, Her nous plonge dans une société futuriste où la technologie et les humains cohabitent main dans la main. Spike Jonze nous entraîne dans un tourbillon d’émotions et offre aux spectateurs un regard original et tendre sur l’amour à l’heure du virtuel. Nous suivons le quotidien et l’histoire passionnée de Theodore, incarné par Joaquin Phoenix et Samantha, l’Intelligence Artificielle dont notre personnage principal tombe éperdument amoureux, incarnée par la voix sulfureuse et envoûtante de Scarlett Johansson. Spike Jonze propose une mise en scène et une histoire interpellantes où l’amour est le sujet principal à tel point qu’on pourrait presque parler d’addiction. Analyse.

Synopsis : En 2025 à Los Angeles, Theodore travaille pour un site web comme écrivain public, rédigeant des lettres manuscrites de toutes sortes – familiales, amoureuses, etc. – pour d’autres. Son épouse Catherine et lui ont rompu depuis bientôt un an mais il ne se décide pas à signer les papiers du divorce. Dans un état de dépression qui perdure, il installe un nouveau système d’exploitation OS1, auquel il donne une voix féminine.

Theodore, un personnage profondément romantique

Her est avant tout un film qui parle d’amour. Le film s’ouvre sur Joaquin Phoenix qui récite une lettre d’amour à voix haute, sourire aux lèvres. Le plan plus large s’ouvre par la suite pour dévoiler le bureau du personnage et c’est ainsi qu’on découvre le métier du personnage principal : écrivain public. Theodore passe donc ses journées à écrire des lettres manuscrites de toutes sortes, mais surtout des lettres d’amour. Notre personnage a une belle plume et il sait en jouer. Solitaire, attachant et profondément romantique, le spectateur suit le quotidien de cette âme en peine qui essaie de relever la pente suite à une rupture difficile et un divorce qu’il n’a pas la force de conclure.

Profondément nostalgique et attaché à ses souvenirs, le spectateur est fréquemment confronté à la vie passée du personnage et à ses moments de bonheur via des flashbacks romantiques sur fond de mélodies au piano qui ajoutent une intensité aux scènes de souvenirs. La bande originale, signée Arcade Fire et Owen Pallett, joue un rôle aussi important que la photographie du film et donne de la profondeur aux sentiments des personnages.

L’équilibre parfait entre les couleurs chaudes de Los Angeles et les couleurs pastels du bureau et des tenues de Theodore renforcent l’aspect poétique du film et le fait que le réalisateur sait jouer sur chaque sens du spectateur pour faire vivre son histoire d’amour.

Touché par sa rupture, Theodore n’est pas encore guéri et semble sans espoir de retrouver l’amour. Ce n’est pas sans le progrès technologique qui pointe le bout de son nez. Pour se sortir de la morosité du quotidien et pour se sentir vivant de nouveau, Theodore décide de se procurer le nouveau système d’exploitation OS1 qui a pour but originel de l’accompagner au quotidien de lui faciliter la vie, un peu comme Siri. Il s’avère que cette intelligence artificielle, à laquelle il donne une voix féminine incarnée par Scarlett Johansson, est plus qu’un simple compagnon du quotidien. Elle s’appelle Samantha.

Derrière les progrès technologiques, une simple histoire d’amour

Samantha est comme un éclat de vie dans le quotidien morose de Theodore. À eux deux, ils se répondent, ils sont complices, ils se comprennent et s’aiment, malgré leurs différences. Plus qu’une IA, Samantha s’avère être encore plus puissante qu’initialement prévue, puisqu’elle dit avoir sa propre conscience et qu’elle exprime son désir d’avoir un corps. Au fur et à mesure du film, Samantha se pose des questions sur sa condition, sur sa conscience et sur ce qu’elle ressent. Cette prise de conscience la rend presque humaine, ce qui perturbe notre personnage principal qui ne sait plus la différence entre la réalité et son cocon d’intimité qu’il a créé avec Samantha.

Meurtri par sa récente rupture, Theodore est en quête de lui-même et ne sait pas ce qu’il veut dans sa vie. Ainsi, sa relation avec Samantha devient nécessaire, frôlant presque l’addiction. Il doit contourner la réalité à laquelle il doit faire face. Samantha est un échappatoire, un moyen de sortir de sa bulle et de revivre, enfin. Pleine d’humour, de charme et le connaissant mieux que quiconque et presque plus que Theodore lui-même, Samantha prend une place prépondérante dans sa vie et le spectateur assiste, graduellement et naturellement, à un personnage qui tombe amoureux. Qui dit histoire d’amour, dit aussi toutes les étapes de la vie qui s’ensuit. Et même s’il s’agit d’une IA, le jeune couple doit faire face aux événements et aux émotions du quotidien : jalousie, doutes, incertitudes, joie, plaisir, disputes… Plus qu’un film sur la technologie, Her est une vraie histoire d’amour poignante, dont le spectateur tombe aussi amoureux, jusqu’à l’addiction.

Her est un film contemplatif qui célèbre la beauté de l’amour. Sur fond de solitude et de crise existentielle du personnage principal, Her soulève de vraies questions philosophiques qui ne laissent personne indifférent. À la fois déchirant et réconfortant, Her est un film qu’on aimerait revoir pour la première fois.

Bande-annonce – Her 

Fiche Technique – Her  

Réalisateur : Spike Jonze
Scénario : Spike Jonze
Interprétation : Joaquin Phoenix, Scarlett Johansson, Amy Adams, Rooney Mara…
Musique : Arcade Fire et Owen Pallett
Photographie : Hoyte Van Hoytema
Montage :  Jeff Buchanan et Eric Zumbrunnen
Producteurs : Megan Ellison et Vincent Landay
Distribution (France) : Wild Bunch Distribution
Distribution (États-Unis) : Warner Bros
Budget : 23 millions de dollars
Récompenses : Oscar 2014 meilleur scénario original
Genre : Anticipation, romance
Durée : 126 minutes
Date de sortie : 12 octobre 2013 (États-Unis) ; 19 mars 2014 (France)