Huitième film d'Eric Toledano et Olivier Nakache, Une année difficile est l'événement du mois d'octobre dans le paysage cinématographique français. Avec une méthode et une approche bien rodées, les auteurs, avides de remises en cause sociétales et écologiques, dévoilent une œuvre abordant le monde avant les confinements.
Inscrit1 mars 2019
Articles60
Vieux briscard de la cinéphilie de province, je suis un pro de la crastination, à qui seule l'envie d'écrire résiste encore. Les critiques de films sont servies, avant des scénarii, des histoires et cette fameuse suite du seigneur des anneaux que j'ai prévu de sortir d'ici 25 ans. Alors oui, c'est long, mais je voudrais vous y voir à écrire en elfique.
De cette absence de contrôle absolu sur le temps, le plan séquence s'est nourri de ces besoins de voir des « morceaux de temps à l'état pur » sans coupure, sans intervention dirigiste construisant une histoire schématique. La chasse aux champs/contre-champs est ouverte : le spectateur n'attend plus la fin d'un plan, surpris, mais attend qu'un plan inverse le rôle et joue la surprise d'un moment suspendu, ouvert à toutes les possibilités, même le silence.
Avec Sublime, son premier long-métrage, Mariano Biasin réalise le beau parcours de sentiments adolescents, tissés dans une infinie délicatesse. Loin de l'événement et du grand spectacle, des histoires simples se dessinent, bien plus grandes que les autres.
The Descent matérialise l'étouffement de ces personnages de femmes dans des carcans qui n'ont jamais été à leur hauteur. Quand le cinéma de genre a décidé il y a bientôt 20 ans maintenant de poser ses piolets dans ce coin-là, c'était donc sous la houlette de Neil Marschall, pour affronter un de ses démons bien plus terrifiants que les crawlers aveugles régnant dans ces caves.
Désormais codifiés, ces plans et ce découpage très plat qui mène la barque jusque dans un temple à peine digne d'une mauvaise pub pour des céréales chocolatées sont ceux qui ont vampirisé des images qu'on apprécie, rassasiés.
Parmi ces plumes souvent citées, celle de Vassili Grossman, sur le front russe. Pour une juste cause est le récit dans l'ombre d'un autre monument, Vie et destin, narrant la bataille de Stalingrad.
En 1h23 Jean-Gabriel Périot parcourt en archives une histoire intime et politique du monde ouvrier français depuis la libération. A travers un texte de Didier Eribon et sur la voix off d'Adèle Haenel, un récit humain, dense et ambitieux se tisse dans un grand film documentaire.
Pierre sort en pleine nuit, cherche Shauna et lui parle, lui rappelle tout, lui rend la photo oubliée. Ici naissent les histoires, dans une superbe nuit américaine, cette nuit née d'une journée, une des techniques cinématographiques les plus belles à mettre en scène et pourtant si difficile à réaliser. Quelque chose finalement d'aussi fragile que la romance dont nous venons de voir la naissance.
Le fantôme est culturellement un défunt à qui on doit régler une dette. Ceux de Ghostbusters : l'héritage sont des âmes perdues, mais tout comme les historiques, ceux d'un autre Monde amené à prendre le pouvoir. On ne peut pas leur promettre une sépulture ou une prière, seulement les chasser. De ce rapport de force naissent les situations les plus comiques et spectaculaires qui ont fait la légende d'une saga courant après son « vrai » 3 perdu après le terrible et décevant film de Paul Feig, mais aussi l'idée du plus beau CGI de l'année ciné qui s'achève.
La frontière entre fiction et documentaire n'a jamais été aussi poreuse à l'écran. Film d'enquête, de fiction, de personnes et de personnages, Sans toit ni loi brocarde qu'une jeune clocharde morte dans un champ en plein hiver n'est pas un sujet.
« Moi, j'étais un esprit libre. Seule ma chair demeurait recluse dans cette camisole, dans cette cellule, dans ce quartier d'isolement. Mais rien ne pouvait confiner mon esprit. J'avais acquis la maîtrise de mon corps, et j'avais accès à l'immensité du temps, que je pouvais remonter par mes vagabondages spirituels pendant que mon pauvre corps, presque invalide mais ne souffrant pas, gisait, éteint dans la camisole »
Débarquer avec une cape et un masque en plein Paris, dans des paysages encore enchantés par Amélie Poulain, ce n'est pas commode. Alors, Douglas Attal a eu l'intelligence de choisir le 10ème script d'une longue liste, celui qui oublie la grande scène de bagarre entre masqués, pour lancer ses personnages dans l'écrin du film policier.