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Les 15 personnalités cinéma de l’année 2019

L’année 2019 va bientôt tirer sa révérence, et il est temps pour la rédaction du Magduciné de faire le tour de 15 personnalités marquantes de cette année cinématographique 2019. De Brad Pitt à Adèle Haenel, 2019 nous aura offert de nombreuses surprises.

Brad Pitt

A 56 ans, Brad Pitt reste en pleine forme ! Il nous est apparu dans 2 films cette année 2019, en tant qu’acteur :

– d’abord dans Ad Astra de James Gray, dans lequel il est acteur et producteur : il illustre le rôle principal avec Roy McBride, un astronaute solitaire qui mène une quête interstellaire. Six ans après World War Z, Brad Pitt et Ruth Negga sont de nouveau réunis dans ce film poétique, dans lequel une introspection met en lumière la relation compliquée avec son père. Un astronaute brillant mais solitaire, une immensité spatiale qui donne le vertige, une esthétique irréprochable qui nous rappelle First Man (pour le jeu interiorisé et minimaliste) ou encore Gravity et Interstellar (pour les scènes dans l’espace) : Ad Astra est avant tout un voyage contemplatif.

– Et aussi avec son rôle de cascadeur dans Once Upon a Time… in Hollywood de Q. Tarantino : un film sur une époque révolue, où une star du petit écran Rick Dalton (Di Caprio)évolue aux côtés de Cliff Booth (Brad Pitt), un cascadeur flegmatique. Un puits de références teinté de nostalgie, où certaines scènes mettent en lumière son talent : la séquence où Cliff rentre à sa caravane en décapotable, puis donne à mange à son chien en regardant la télé – ou encore celle du ranch, quand Cliff ramène une jeune hippie à la famille Manson.

En tant que producteur, Brad s’est fait remarquer en 2019 notamment avec Vice. On verra aussi Le Roi ou encore My Beautiful Boy, 2 films qui mettent en lumière le talent du jeune Timothée Chalamet qui crève l’écran grâce à ses interprétations.

On remarque la relation père-fils assez présente dans ses films cette année : doit-on y voir un lien avec la relation compliquée avec son fils Maddox, avec qui il semble avoir peur de ne jamais se réconcilier ?

Fred Jadeau

Bong Joon Ho

Si l’évidence de son génie était déjà palpable dans les 2000’s, les dix années suivantes nous ont démontré que Bong Joon Ho n’était pas seulement un grand cinéaste : il pouvait l’être n’importe où. Y compris au contact des frères Weinstein, boogeymans de la plupart des réalisateurs ayant eu le malheur de céder à l’appel méphistophélique du duo aux doigts crochus. Mais même eux n’ont pas eu raison de la détermination de Bong sur Snowpiercer, son adaptation de la bande-dessinée de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette. Un projet de longue date pour le réalisateur, qui préserve la singularité d’un cinéma dont les fulgurances de mise en scène constituent autant d’hydres à deux têtes s’adressant simultanément à tous les étages de l’inconscient du spectateur. Même son de cloche pour Okja, production Netflix qui arborait là l’une de ses premières prises de guerre d’envergure.

Un véritable conte moderne dont le point de vue à hauteur d’enfants décuple la cruauté du propos et l’impact viscéral d’images qui ont continué à hanter le public de la rétine à l’estomac. Une première sélection cannoise pour le réalisateur, qui reviendra deux ans plus tard pour décrocher la timbale avec Parasite. Et force est de constater que Thierry Frémeaux n’aurait surement pas pu imaginer un tomber de rideau plus idéal sur la décennie. En effet, non content d’avoir rencontré une unanimité presque parfaite, la Palme d’Or 2019 continue encore aujourd’hui de battre des records au box-office sur tous les continents. Grâce à Bong Joon Ho, Cannes est ainsi redevenu l’espace d’une édition ce qu’il n’était plus depuis très longtemps : l’interlocuteur privilégié du grand-public avec l’élite du cinéma mondial. Il fallait au moins s’appeler Bong Joon Ho pour remettre le doigt de la Croisette sur le Zeitgeist.

Guillaume Meral 

Adèle Haenel

En 2019, au festival de Cannes, elle est présente dans trois films. Le Daim (Dupieux), Les héros ne meurent jamais (A-L Rapin) et Portrait de la jeune fille en feu (Sciamma) qui obtient le prix du scénario. Après deux césars de suite (2014 et 2015), une reconnaissance de la critique et un accueil du public pour lequel elle élargit encore ses bras, en allant chercher d’autres registres comme la comédie (En liberté, Salvadori, 2018) cette première sentence semblait suffire à tout résumer. C’est vrai, que dire de plus, pour une actrice qui est capable de jouer la fille du peuple, la combattante, une apprentie comtesse, tout ce qui marche et qui parle, en nous faisant à chaque fois la redécouvrir avec une forme niaise de béatitude ? Le 3 novembre 2019, Mediapart publie une enquête où celle-ci accuse Christophe Ruggia d’attouchements et de harcèlement sexuel, alors qu’elle était âgée de 12 à 15 ans. Elle accepte de porter plainte, peut-être pas tout de suite de porter le drapeau que d’autres mains lui tendent pour guider le radeau #metoo vers d’autres dénonciations. Celles de Valentine Monnier contre Roman Polanski, quelques jours après, et de toutes celles et ceux ensuite, au quotidien victimes d’abus sexuels et de silence. Elle en jouera sûrement quelques uns d’entre eux, pour prolonger ce nouvel engagement politique qui fait de ces icônes des figures bien plus belles à regarder que les peaux lisses.

Romaric Jouan 

Quentin Tarantino

Dans une galaxie cinéphile qui ne jure que par lui, voir Quentin Tarantino porté aux nues comme l’une des personnalités de l’année a tout d’une évidence. Et on n’osera pas contredire le ghota du Festival de Cannes qui a cru bon de l’inviter pour présenter son très attendu Once Upon A Time In Hollywood. Et bien en a pris la clique à Thierry Frémaux tant le film susvisé respire l’amour du cinéma oui, mais surtout l’emprise de son auteur. Tarantino ici use de son médium de prédilection pour mieux exorciser une année qui aura durablement imprimé l’industrie dans laquelle il a brillé mais qui continue de le hanter. L’art comme exutoire ? Ça n’a jamais été aussi vrai avec Tarantino qui signe ici son film le plus personnel mais surtout le plus mélancolique. Alors forcément, quand il arrive à inviter dans son délire des pointures telles que Brad Pitt, Margot Robbie ou Leonardo DiCaprio, on ne peut que se féliciter de compter un Tarantino dans notre galaxie car il manquerait cruellement autrement.

Antoine Delassus

Céline Sciamma

Si Céline Sciamma a déjà fait parler d’elle avec ses trois premiers films, Naissance des pieuvres, Tomboy et Bande de filles, il est clair que 2019 cristallise une consécration de la pureté de son art avec l’ardent Portrait de la jeune fille en feu. La rédaction du Mag du Ciné retient Céline Sciamma comme l’une des personnalités de l’année, et l’on sait pourquoi. Sa récente nomination aux Golden Globes américains dans la catégorie “Meilleur film étranger” avec ce même dernier film prouve le rayonnement mondial de son cinéma. Un cinéma neuf, un renouveau, un enchantement. Céline Sciamma met en scène des femmes, représentation qui s’inscrit parfaitement dans le paysage sociétal et politique contemporain et place le concept d’égalité au cœur de son travail. Elle offre des “rondes de regards”, comme elle le dit elle-même, dans lesquelles elle inclut le spectateur, et c’est cette position, si habituelle pourtant, qui séduit. Au mieux apprendre à se regarder, au pire ré-apprendre, ce n’est pas grave, tant qu’il y a cette séduction qui en 2019 aura été plus présente que jamais. Parce qu’elle sait prendre le temps, et ce dernier film, qu’elle présente comme une avancée “en combustion lente” avant un merveilleux embrasement, en est le paradigme. Prendre le temps de faire ses films aussi, puisqu’il aura fallu attendre cinq ans avant de la retrouver au cinéma. Alors qu’elle prenne le temps nécessaire, nous pouvons bien attendre le temps qu’il faut avant de vivre un nouveau choc Sciamma sur grand écran.

Audrey Dltr

François Civil

En quelques années, François Civil est devenue la nouvelle égérie du cinéma français. Après s’être fait connaître dans la série Dix pour cent et dans les films Five et Ce qui nous lie, l’acteur de 29 ans a multiplié les têtes d’affiche en 2019. Dans le thriller haletant Le chant du Loup, réalisé par Antonin Baudry, il incarne un sous-marinier expert en acoustique, usant de ses oreilles d’or pour identifier et classifier les bâtiments ennemis. Il a également joué dans la comédie Celle que vous croyez, aux côtés de Juliette Binoche, dans Mon inconnue en duo avec Joséphine Japy, rôle pour lequel il a obtenu un prix d’interprétation au Festival international du film de comédie, et encore dans la romance Deux moi de Cédric Klapisch. En 2019, François Civil a en outre été membre du jury du Nikon Film Festival et du Festival international du film policier de Beaune. Une année extrêmement riche pour un comédien charmeur, sensible et adaptable à tous les registres, dont la jeune carrière ne fait que débuter.

Ariane L. Emmanuelle

Ari Aster

Et soudain la naissance du cauchemar. Après seulement deux longs-métrages, Ari Aster se pose déjà comme une figure incontournable du cinéma d’horreur contemporain. A ne pas s’y méprendre : ce n’est pas le nouveau James Wan. Vous ne verrez pas dans son cinéma une pléthore de créatures démoniaques, de jumpscares ou de longues expositions sur l’origine du mal. Non. Ari Aster développe des visions où la terreur s’installe là où on ne l’attend pas. Que ce soit au cœur d’une famille en deuil, ou dans un village suédois où jamais le soleil ne s’éteint, le réalisateur ne nous dit jamais ce que l’on doit désigner comme le mal. Il y a le démoniaque qu’on identifie comme tel, et celui bien plus insidieux. Est-ce la relation toxique et bien réelle entre Dany et Chris ou cette secte suicidaire et envahissante ? Le mal est-il bien seulement ce diable païen ou le pire était déjà arrivé à cette famille remplie de non-dits ? Bavard, surdoué, obsédé, Aster continue d’offrir des cauchemars éveillés qui peu à peu effondrent nos repères moraux. Nous laissant nus et déboussolés dans des finals cathartiques et épuisants. De très près, la paix côtoie l’enfer. La frontière entre le bien et le mal s’effrite. En 2019, après Hérédité, Ari Aster confirme l’essai. On redoute les prochaines nuits blanches qu’il sera capable d’offrir mais sans aucun doute la prochaine décennie sera la sienne.

Roberto Garçon

Ladj Ly

On n’avait pas vu telle rage, tel cri de colère sur la situation des banlieues depuis La Haine de Matthieu Kassovitz en 1995. Enfant de Montfermeil, Ladj Ly a connu la galère, les répressions, les bavures et la caméra. Inspiré par le « copwatch », mouvement né aux États-Unis, qui consiste à filmer la police lorsqu’elle débarque, Ladj Ly va être marqué par l’expérience. Un jour, il filme une bavure et alerte les médias. C’est de ce tragique événement que naîtra le scénario des Misérables. A contrario de l’image que certains politiques ont voulu lui accoler, à savoir un film anti-flic, Les Misérables prend le contre-pied. Avec une finesse d’analyse nécessaire de la situation, Ladj Ly n’oublie pas de faire du cinéma. Les Misérables est un vrai film politique, en ce sens qu’il adopte un positionnement très à charge contre le système libéral actuel. Les misérables, ce sont tous les personnages, flics comme gamins. La fin se veut percutante, mais le geste est suspendu. Le dialogue n’est plus possible mais les solutions existent. De cette immersion brutale, on en tire un constat accablant mais la main est tendue, le dialogue est ouvert. C’était vital et c’est grandiose.

Jonathan Rodriguez 

Lupita Nyong’o

Après de timides apparitions dans tout un tas de productions Disney (Star Wars – elle prête sa voix à Maz –, Le Livre de la jungle version 2016 ou encore Black Panther), Lupita Nyong’o semble avoir enfin lancé sa carrière en cette année 2019, décrochant deux premiers rôles du côté du cinéma horrifique. Récemment, on la retrouvait dans la comédie de zombies Little Monsters, pour un résultat pas franchement mémorable. Mais en début d’année, c’est devant la caméra de Jordan Peele, dans Us, que Lupita Nyong’o s’est révélée : admirablement filmée, jusqu’à faire de l’ombre au reste du casting, elle y livre une prestation saisissante et glaçante, capable d’être aussi convaincante dans le rôle de la mère effrayée et protectrice que dans celui du double maléfique détraqué et sanguinaire. Ses expressions, son regard, et son jeu en général dans ce film prouvent que Lupita Nyong’o a tout d’une grande actrice, à condition d’être dirigée par de bons réalisateurs ou réalisatrices. Le genre horrifique lui sied bien, mais espérons qu’elle saura voler de ses propres ailes vers d’autres horizons plus dramatiques et profonds – car elle en a largement le potentiel. Une actrice à suivre de près.

Jules Chambry

François Ozon

François Ozon fait partie du paysage cinématographique chaque année ou presque avec plus ou moins de réussite. En 2019, il a marqué les esprits avec Grâce à Dieu. Il s’est rapproché de films tels que Spotlight ou encore Pentagon Papers, sortis récemment. En osant tout, si on osait nous-mêmes un jeu de mot douteux avec son nom de famille, Ozon offre une chronique édifiante et très forte car humaniste d’un scandale qui éclabousse encore aujourd’hui l’Eglise et il le fait sans tomber dans aucun piège attendu avec une grande minutie et beaucoup de dignité. C’est presque une nouvelle facette du réalisateur découverte cette année, forte et douce à la fois qui regarde « le monde en face », et qui a surtout réussi le pari de s’entourer de grands acteurs , une des forces de son cinéma en général. Un cinéma qui se veut populaire et exigeant en acceptant de suivre l’humain avant tout, même tout petit face à un système trop grand pour lui, et que le cinéma rassemble pour rendre plus fort.

Chloé Margueritte 

Joaquin Phoenix

Le Joker version Joaquin Phoenix aura indéniablement marqué l’année 2019. L’interprète d’Inhérent Vice ou de I’m Still Here avait déjà montré par le passé son aptitude à se fondre littéralement dans la peau de ses personnages. Mais la Phoenix touch réside surtout dans cette part d’arbitraire, dans ce pas de côté, cette inquiétante étrangeté propres à la plupart de ses rôles. C’est le cas d’Arthur Fleck alias le Joker, bouc émissaire à l’âme torturée qui inspire la pitié face aux violences du monde mais dont la face sombre nous fascine tout autant. Avec ce personnage kaléidoscopique, Joaquin Phoenix s’affirme définitivement comme un des plus grands acteurs de sa génération.

Serge Théloma 

Hu Bo

Trajectoire de vie funeste. En octobre 2017, Hu Bo jeune réalisateur de 29 ans se suicide. Les causes ne sont toutes établies mais en lien, le conflit avec ses producteurs quant au montage et la durée monstre (4h) de son premier film : A Elephant Sitting Still. Geste ultime, absolu, d’une âme torturée. À la fois promesse et testament, ce film au ton unique, à la dimension démesurée restera l’un des plus beaux films de l’année 2019, l’une des audaces les plus singulières. Rarement un film n’a autant imprimé l’impression de spleen sur sa pellicule. Intensément désespérées, ces quatre heures d’errance d’âmes tourmentées dans une Chine industrielle grise deviennent le témoin précieux d’un monde en décrépitude. L’espoir s’est envolé avec son réalisateur mais A Elephant Sitting Still est là pour l’éternité, afin de nous rappeler que le septième art est magnifique lorsqu’il devient cathartique.

Jonathan Rodriguez 

Leonardo Di Caprio

On ne présente plus le grand Leonardo DiCaprio. L’acteur de 45 ans, qui a plus de trente ans de carrière derrière lui, ne passe jamais inaperçu lorsqu’il revient sur grand écran. L’année 2019 marque ses retrouvailles avec le réalisateur Quentin Tarantino après l’inoubliable Django. Loin de l’exécrable Calvin Candie, esclavagiste sans pitié, Leonardo DiCaprio interprète dans Once Upon a Time in Hollywood le comédien Rick Dalton, une ancienne star de série télévisée qui tente tant bien que mal de relancer sa carrière en déclin. Aux cotés de Brad Pitt, il impressionne dans ce rôle de personnage égocentrique, alcoolique, colérique, et doutant de son avenir au sein d’une industrie hollywoodienne en pleine révolution. Avec l’incroyable scène du lance-flamme, d’ores et déjà mythique, nous ne sommes pas prêts d’oublier de sitôt sa prestation d’acteur. S’il en était besoin, Leonardo DiCaprio démontre à nouveau qu’il est capable de tout jouer, pour le meilleur comme pour le pire.

Ariane L. Emmanuelle

Terrence Malick

Terrence Malick n’a cessé de diviser ces dernières années. Beaucoup pensaient qu’il s’était perdu dans ses expérimentations et dans l’abstraction de ses récits minimalistes et existentialistes. Le cinéaste américain, avec Une Vie cachée, revient au sommet de son art. Une vie cachée est une mélodie, une symphonie céleste, un astre d’une autre galaxie venu nous émerveiller de toute son humanité. Terrence Malick a bien caché son jeu : après son dernier triptyque – A la Merveille, Knight of Cups et Song to Song – qui s’appesantissait autour de l’abstraction des sentiments et de la dérégulation d’un certain consumérisme de nos existences, le réalisateur revient à ses premiers amours autour d’un scénario dont la ligne parait plus limpide et plus claire. Une vie cachée, une oeuvre à l’universalité débordante, un récit féerique et fantastique porté par sa mise en scène toujours aussi mouvante et captant avec poésie les moindres faits et gestes du quotidien de ces fermiers et fermières : s’amuser en famille dans les herbes, travailler durement la terre, scruter les nuages frappés par la lueur des montagnes, voir danser les villageois pendant les fêtes communes.

Sébastien Guilhermet

Martin Scorsese

Il s’appelle Martin Scorsese, il a 78 ans et il fait des films. Une carrière aussi emblématique ne mérite pas l’effronterie d’être résumée aux gangsters et à Robert de Niro, surtout quand il a gratté ses plus gros budgets dans ses dernières productions, pour continuer à tutoyer les sommets : Aviator, les inflitrés, Hugo Cabret, Shutter Island… Martin est devenu un vieux sage, une icône vivante qu’on aime écouter parler sous l’arbre et il le sait. En une réplique, il réussit à snapper l’univers Marvel en leur refusant le qualificatif de films. C’est violent, tranchant comme un rasoir, celui de the big shave, son premier court en 1967, mais sort tout un ressentiment international des cinéphiles résistants contre ces mastodontes devenus indifférents. Du haut de son statut et de ses oscars, il mène l’affrontement final, réfugié chez Netflix. Et obtient un nouveau golden globe pour The irishman. Que le grand N l’accueille à tombeaux ouverts en dit long sur ce que risque de devenir l’industrie du cinéma : aux grandes salles les grands films et les petits sujets, aux plateformes de streaming quelques grands cinéastes et le cinéma indépendant, avec les derniers fans devant leur télé, chassés des salles. C’est encore une exagération, mais l’année 2020 d’un Mr Scorsese qui a traversé tous les âges du 7ème art, a survécu au nouvel Hollywood et s’est fait à toutes les innovations techniques, tient pourtant en elle tous les germes d’un avenir inquiétant, plus flippant encore que Thanos et ses amis.

Romaric Jouan