PositionCritique cinéma LeMagduCiné
Inscrit23 décembre 2019
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Porté par le cri incandescent de l’actrice Lubna Azabal, Amal dénonce avec force les défaillances de tout un système éducatif impuissant face à l’intégrisme qui gangrène nos sociétés. Dans cette œuvre éminemment politique à l’actualité brûlante, Jawad Rhalib brosse le portrait enflammé d’une enseignante de littérature abattue par la radicalisation latente de ses élèves et en rage contre l’inaction de son établissement. Tout comme son personnage-titre, le cinéaste belgo-marocain veut croire en les vertus citoyennes de l’école laïque, mais donne surtout à voir les solitudes, les anxiétés et les espoirs des jeunes, ces adultes en lointain devenir hélas livrés à eux-mêmes.
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Premier long-métrage d’Anaïs Tellenne, L’Homme d’argile est un conte existentiel, onirique et sensuel sur le pouvoir expressif du regard et la monstruosité des illusions. Dans cette relecture contemporaine et romantico-mélancolique du mythe de Pygmalion et Galatée, la jeune réalisatrice met en scène l’histoire d’amour impossible d’Emmanuelle Devos et Raphaël Thiéry, l’une artiste plasticienne en panne d’inspiration, et l’autre son étrange créature-muse au masculin. Toute la beauté du film réside dans la métaphore chimique et l’éclat déchirant de leurs deux visages, qui, enfermés dans un manoir hors du temps, oscillent constamment entre pudeur et désir, ennui et admiration. D’un bout à l’autre, tout sonne juste. Une vraie réussite.
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Pour son premier long-métrage de fiction, Stéphane Marchetti a choisi d’emprunter la voie du thriller afin de raconter l’enfer des routes migratoires, sujet qui lui tient à cœur depuis le documentaire Calais, les enfants de la jungle. Porté par une solide Florence Loiret-Caille dans le rôle d’une femme fissurée et criblée de dettes qui, malgré elle, va profiter de la détresse des réfugiés clandestins, La Tête froide rappelle qu’aider l’autre à traverser la frontière est une manière de se sauver soi-même.
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Dans Léo, Jim Capobianco et Pierre-Luc Granjon animent de magnifiques marionnettes qui racontent la période française et dernier chapitre de la vie du maître de la Renaissance. Rejeté par l’Église et par ses pairs, De Vinci, artiste des machines et de la science alors à l’apogée de sa carrière, quitte Rome pour s’exiler à Amboise où il est nommé premier peintre, ingénieur et architecte du jeune roi Francois Ier. Tombée amoureuse des grandes vertus du génie florentin, la princesse Marguerite de Navarre devient sa protectrice et confidente. Se dessine ici une fable chatoyante et poétique aux images somptueuses sur les cruels mécanismes du mécénat et les dissemblances qui opposent l’humilité de la connaissance à l’orgueil et à l’avidité du pouvoir. 
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Quatre ans après le succès des Scènes fortuites, Niagara, second long-métrage de Guillaume Lambert projeté en ouverture du festival Les Œillades d’Albi, prend les traits d’un road-trip tragi-comique funambulesque et touchant qui vient affiner le style décalé du comédien, auteur et scénariste québécois, offrant ici à son trio d’acteurs en détresse une partition burlesque très contrastée, toujours à la croisée du drame absurde et de la comédie dépressive.
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Du 21 au 26 novembre se tiendra à Albi la 27e édition du Festival du film francophone Les Œillades ayant pour thématique "le cinéma bon pour l'environnement", l'écologie étant l'un des enjeux majeurs de nos sociétés contemporaines. Au programme : 19 avant-premières prestigieuses réparties sur les différents écrans albigeois dont 11 longs-métrages en compétition pour le Prix du Public, 15 séances « Reprises » pour redécouvrir les œuvres qui ont marqué l’année cinématographique 2023, mais aussi une invitation à l'actrice belge Lucie Debay et un hommage au cinéaste Maurice Tourneur, pionnier du muet à Hollywood. Le festival proposera également un stage d'analyse filmique autour du documentaire High School (1968) de Frederick Wiseman, un ciné-concert La Fête sauvage (1976), film animalier de Frédéric Rossif, ainsi qu'un colloque professionnel sur l'éco-production.
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Dans Annie Colère, son troisième long-métrage porté par une Laure Calamy à vif, Blandine Lenoir (Zouzou, Aurore) pose un regard à la fois intime, lumineux et émouvant sur les destins oubliés des militantes du collectif MLAC, qui pratiquaient, à l'aide de la méthode Karman, des avortements avant leur légalisation par la loi Veil en 1975. Sensible et délicat, le film explore l'intime pour tendre vers l'universel sans chercher à imiter L'Événement d'Audrey Diwan sorti l'année dernière.
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Dix ans après Mobile Home, le belge François Pirot réalise Ailleurs si j’y suis, une seconde comédie aux allures de conte existentiel inspirée du récit "Walden ou la Vie dans les bois" de Henry David Thoreau. Porté par Jérémie Renier en héros aliéné qui renonce brusquement à son confort d’homme moderne pour se reconnecter à la nature, ce film choral à la fois poétique et décalé met en scène une galerie de personnages fantaisistes, drôles, attachants remarquablement écrits et incarnés. Une réussite. 
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Après avoir interprété la jeune Simone Veil dans le biopic éponyme d'Olivier Dahan, Rebecca Marder revient à l’affiche du drame De grandes espérances, second long-métrage de Sylvain Desclous. Elle y joue Madeleine Pastor, étudiante brillante et ambitieuse destinée à une haute fonction politique. Hantée par un meurtre malencontreux, celle-ci va peu à peu s’enliser dans ses mensonges censés disculper son amant (Benjamin Lavernhe) et ce jusqu’à perdre son poste de conseillère auprès d’une ancienne ministre campée par Emmanuelle Bercot.