Naviguant entre le polar et le drame, Sentinelle Sud, premier long-métrage de Mathieu Gérault, met en scène un héros de guerre meurtri incarné avec brio par le visage fermé de Niels Schneider. Un nouveau rôle fort et exigeant pour l’acteur, deux ans après son interprétation du reporter de guerre Paul Marchand dans Sympathie pour le diable de Guillaume de Fontenay, lui-aussi présenté en avant-première au Festival Les Œillades.
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Inscrit23 décembre 2019
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Titulaire d’un Master 2 en Histoire, esthétique et théorie du cinéma, auteur d’un ouvrage qui concerne l’analyse du corps filmique de Judy Garland, jeune membre du jury du Festival International du Film d'Amiens 2017 présidé par Alexandra Stewart, critique et rédacteur pour CineChronicle.com pendant deux ans, je couvre le festival du film francophone d’Albi « Les Œillades » depuis 2018 et le FIFAM en 2022.
Après la comédie romantique Antoinette dans Les Cévennes qui lui a valu un César, Laure Calamy change de registre et incarne une prostituée dans Une Femme du monde, premier long-métrage de Cécile Ducrocq. C’est le cri d’espoir et de détresse d’une mère célibataire en plein déni, qui, dépassée par la violente crise d’adolescence de son fils, mène sa vie comme un radeau perdu. Un personnage vibrant d'énergie et de fragilité auquel l’actrice prête son habituelle fantaisie déjantée.
Sous son regard l’étincelle rend hommage au talent discret de Philippe R. Doumic, photographe méconnu, artisan de la mémoire cinéphile paradoxalement éclipsé par l’aura scintillante des stars de la Nouvelle Vague qui ont posé pour lui.
Portrait d'une femme vulnérable à la beauté nerveuse constamment aliénée par le désir des autres, Madeleine Collins vaut pour l'élégante performance d’actrice de Virginie Efira, qui, grâce à un triple rôle ambigu dans la continuité du Sibyl de Justine Triet ou Benedetta de Verhoeven, révèle une fois encore toute l’étendue de sa palette de jeu.
Road-movie lumineux et touchant réalisé et interprété par le tandem Bernard Campan/Alexandre Jollien, Presque aborde le handicap en prônant la force de l’amitié et du vivre-ensemble contre l’immobilisme anesthésiant des préjugés et du repli sur soi.
Après les récents Un Pays qui se tient sage (2020) de David Dufresne et J’veux du Soleil (2019) de François Ruffin, deux documentaires sur l’urgence du débat et de la réflexion citoyenne, c’est au tour d’Emmanuel Gras de pointer sa caméra sur un groupe de Gilets Jaunes de Chartres dans Un Peuple, portrait d'une France en détresse qui proteste contre le mépris de ses dirigeants.
Déjà présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, Retour à Reims (Fragments), quatrième long-métrage de Jean-Gabriel Périot, est l’adaptation documentaire de l’essai autobiographique éponyme du philosophe et sociologue Didier Eribon. Le réalisateur engagé de Nos défaites et Une jeunesse allemande y retrace, à l’aide d’un foisonnant montage d’archives et de la tessiture intime de la voix d’Adèle Haenel, la douloureuse histoire de la classe ouvrière, de son héritage politique, pour questionner leur représentation et comprendre la société française d’aujourd’hui.
Du 16 au 21 novembre se tiendra à Albi la 25ème édition du Festival Les Œillades. Au programme de cette célébration annuelle du film francophone : 34 longs-métrages en avp dont 11 en compétition, une sélection de 10 séances "coups de cœur", ainsi qu'une expo photo dédiée aux icônes de la Nouvelle Vague immortalisées par l'objectif de Philippe R. Doumic. Deux stages d’analyse filmique encadrés par Alice Vincens, docteur en esthétique du cinéma, mettront également à l’honneur "Le Secret derrière la porte" de Fritz Lang, et le documentaire "Nostalgie de la lumière" du cinéaste chilien Patricio Guzmán.
Tout comme Lady Sings the Blues ou le tout récent Billie Holiday, une affaire d’État portés respectivement par Diana Ross et Andra Day, Respect raconte la destinée tourmentée d’Aretha Franklin. Hélas, en obéissant aux conventions étriquées du biopic musical, Liesl Tommy émousse les aspérités de cette femme hantée depuis l'enfance par un traumatisme indélébile. Il y a ici trop peu d’idées de mise en scène pour donner un quelconque relief à l’ensemble.
Conte rural poétique ou feel-good movie à la française porté par la fantaisie coquette d’une Catherine Frot toujours rayonnante, La Fine Fleur, second long-métrage de Pierre Pinaud, distille un charmant parfum bucolique.
Après avoir raconté la genèse de Maléfique, le studio Disney s'attaque à une autre méchante emblématique issue du grand classique d'animation Les 101 Dalmatiens, sorti en 1961. Le réalisateur australien Craig Gillespie (Moi, Tonya) livre ici sa version féminine et aseptisée du Joker, en troquant l’antipathique Cruella croquée par Marc Davis contre le visage angélique d'Emma Stone.
Un an après le succès de Dracula et de Frankenstein (1931), grands classiques d’Universal Pictures ayant tous deux fixé les conventions et l'iconographie de l'horreur gothique, James Whale offre à l'immense Boris Karloff, icône de l'âge d'or des "Universal Monsters", le rôle d'un majordome patibulaire dans La Maison de la mort (The Old Dark House), autre chef-d’œuvre de l’épouvante typique de l'ère Laemmle Jr.