Dans Léo, Jim Capobianco et Pierre-Luc Granjon animent de magnifiques marionnettes qui racontent la période française et dernier chapitre de la vie du maître de la Renaissance. Rejeté par l’Église et par ses pairs, De Vinci, artiste des machines et de la science alors à l’apogée de sa carrière, quitte Rome pour s’exiler à Amboise où il est nommé premier peintre, ingénieur et architecte du jeune roi François Ier. Tombée amoureuse des grandes vertus de Léonard, la princesse Marguerite de Navarre devient sa protectrice et confidente. Se dessine ici une fable chatoyante et poétique aux images somptueuses sur les cruels mécanismes du mécénat et les dissemblances qui opposent l’humilité de la connaissance à l’orgueil et à l’avidité du pouvoir.
Artiste des machines et de la science, Léonard De Vinci est à l’apogée de sa carrière lorsqu’en 1516, accompagné de ses fidèles élèves, il installe son atelier à Amboise dans le Château du Clos Lucé et se voit confier par François Ier un projet d’urbanisme grandiose à la mesure de son talent. Il doit bâtir une nouvelle capitale, la cité idéale de Romorantin, lieu magique de canaux, écluses et fontaines à la rigueur mathématique et à la beauté singulière. Pensant échapper aux diktats du Vatican qui restreint son champ créatif en ne lui commandant que des armes toujours plus sophistiquées, le vieil homme accepte l’invitation du jeune monarque-mécène en lequel il a placé tous ses espoirs.
C’est la période française de Léonard (André Dussolier) qui fascine le réalisateur Jim Capobianco, ancien scénariste chez Disney et Pixar (Le Roi Lion, Le Bossu de Notre-Dame ou encore Ratatouille), montrant ici, dans une Renaissance miniature de toute beauté, tous les talents et ambitions d’un être visionnaire au cerveau constamment en ébullition. Inventeur d’engins volants, scaphandres, chars d’assaut et autres machines de guerre, organisateurs de fêtes, créateurs d’automates ou de miroirs géants capables d’examiner en détails la surface de la Lune… la soif dévorante de connaissances et les recherches métaphysiques de Léonard n’ont aucune limite. Étudiant l’anatomie pour comprendre les « mouvements de l’âme », il pratique même en cachette les premières dissections qui lui valent le mépris du pape et le rejet de ses contemporains. Mais Léonard souffre de la réputation de laisser ses travaux inachevés. Encouragé par le regard admiratif et bienveillant de la princesse Marguerite (Juliette Armanet), il poursuit ses expériences et continue de parfaire les trois œuvres majeures qui ont traversé les Alpes avec lui, la Joconde, la Sainte-Anne et le Saint Jean-Baptiste.
Jim Capobianco parvient à broder une fiction pleine d’humour autour de l’aura légendaire de son héros. Le film rend justice à la figure humaniste de Léonard de Vinci, raconté dans toute sa gloire et son énergie intellectuelle alors qu’il cherche encore, durant les trois dernières années de son existence, à donner une forme à son imaginaire, un sens au monde qui l’entoure. Outre le jeu de résonance entre l’activité artistique intense de Léonard et l’élégance du geste de fabrication artisanale, on relève l’inventivité visuelle autour de laquelle s’articule toute la complexité du personnage historique. Résolument anticlérical, Léo s’oppose fermement à la papauté qui lui préfère Michel-Ange pour peindre le plafond de la chapelle Sixtine. Il refuse courageusement ce statut de pantin mis au service de ceux qui détiennent le pouvoir et veulent s’approprier son génie à des fins destructrices.
Hélas, le Florentin déchante lorsqu’à peine arrivé au manoir du Clos Lucé, il se heurte aux caprices puérils et incessants de son nouvel hôte. Resté dans les jupons de sa mère Louise de Savoie (Marion Cotillard), François Ier (Gauthier Battoue) s’avère lui aussi obnubilé par les démonstrations de puissance. Déterminé à épater les rois d’Europe, il exige qu’on lui construise sur le champ le plus grand palais, érige la plus grande statue à la gloire éternelle de son règne : « Ces imbéciles ne veulent que des machines grotesques et ne méritent pas de connaître la vérité du monde » se désole alors Léo. Pétrie de poésie, cette parabole réflexive et pédagogique sur l’obsession du pouvoir n’est d’ailleurs pas sans rappeler La Fameuse Invasion des ours en Sicile, autre récente fable animée tirée du roman de Buzzati et réalisée par l’italien Lorenzo Mattotti.
Propulsé par la partition enchanteresse d’Alex Mandel (Tracy, Notre ami le rat), Léo vaut pour la grande qualité de son graphisme, mêlant avec brio stop motion et dessin animé (la 2D sert ici à esquisser les pensées intimes du maître et la manière dont il conçoit ses inventions). Un petit bijou d’animation qui émerveillera le jeune public.
Léo, la fabuleuse histoire de Léonard de Vinci – Bande-annonce
Synopsis : La Renaissance, époque où artistes, savants, rois et reines inventent un monde nouveau. Parmi eux, un curieux personnage passe ses journées à dessiner d’étranges machines et à explorer les idées les plus folles. Observer la lune, voler comme un oiseau, découvrir les secrets de la médecine… il rêve de changer le monde. Embarquez pour un voyage avec le plus grand des génies, Léonard de Vinci !
Léo, La fabuleuse histoire de Léonard de Vinci – Fiche technique
Réalisation : Jim Capobianco, Pierre-Luc Granjon
Scénario : Jim Capobianco
Avec les voix de : André Dussolier, Marion Cotillard, Juliette Armanet, Gauthier Battoue, Philippe Allard
Production : Jim Capobianco
Photographie : Marijke Van Kets
Montage : Nicolas Flory
Décors : Marion Charrier
Musique : Axel Mandel
Distributeur : KMBO
Durée : 1h29
Genre : Animation
Sortie : 31 janvier 2024