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Veerle Baetens sur le tournage de "Débâcle" | Crédit photo - Savage Film - Thomas Sweertvaegher

Débâcle : interview de Veerle Baetens

Jérémy Chommanivong Responsable Cinéma
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Attendue prochainement dans Quitter la nuit et la série Plaines orientale, Veerle Baetens est notamment connue pour sa voix, son glamour et sa prestation déchirante dans Alabama Monroe. Son passage derrière la caméra souligne néanmoins un fort désir de création. Installée dans un salon cosy, sourire aux lèvres, café à la main, la réalisatrice flamande nous a honoré d’une rencontre enjouée et captivante autour de son premier long-métrage.

Débâcle, adapté du roman de Lize Spit, raconte la traversée du désert d’Eva, qui doit faire la paix avec les fantômes de son passé. Portrait d’une jeunesse livrée à elle-même et dévorée par des souffrances intériorisées, le film explore la charge psychologique qu’un enfant peut encaisser et bien évidemment ses conséquences. Un récit universel qui mérite toute notre attention, tout comme cette cinéaste que l’on a déjà hâte de retrouver aux commandes d’un nouveau projet.

Présenté en première internationale au festival Sundance 2023, Débâcle en est reparti avec le prix d’interprétation féminine (Rosa Marchant). À découvrir en salle à partir du 28 février 2024.

C’est ce qui se passe avec un trauma. On se détache, on se décapite, on n’existe que dans la tête et le corps n’existe plus.

Débâcle est votre premier long-métrage, mais vous avez d’abord bâti votre carrière en tant qu’actrice. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a finalement motivé à passer derrière la caméra ?

C’est une longue histoire parce que ça date d’il y a longtemps. J’avais 18 ans et je devais choisir ce que je voulais étudier. J’avais passé un examen d’entrée pour du théâtre au Conservatoire Royal de Bruxelles et j’ai été accepté. En même temps, j’étais intéressée par la réalisation et je visitais des écoles dans ce domaine qui organisaient des portes ouvertes, également à Bruxelles. J’avais donc déjà cette envie de raconter ou d’être à la base d’une histoire. J’ai aussi été accepté, donc je pensais que c’était déjà une étape de gagnée (rires).

Finalement, j’ai choisi d’être devant la caméra. Mais un jour, il y avait un journaliste qui me disait : « J’ai l’impression que tu voulais d’abord être vu en tant que comédienne et maintenant, autant que réalisatrice, tu veux être entendue. » Et je trouve que c’est pas mal parce que, étant produit du patriarcat et dans la famille de laquelle je viens, je voulais être vue, validée et valorisée. Et c’est encore autre chose d’être entendue. De toute façon, pendant toute ma toute ma carrière, j’ai fait des petits films ou des petits clips avec des amis réalisateurs.

Ça commence souvent de cette manière. D’être bien entouré et se faire plaisir à soi-même.

Oui et puis ils avaient déjà coécrit une série en 2015, Tabula Rasa. Depuis longtemps, je sentais que je voulais raconter quelque chose. Et tu le fais avec les personnages, mais c’est toujours le point de vue de quelqu’un d’autre. Tu es donc au service de. Et là, tout le monde était au service de moi (rires).

Cette bascule est justement très intéressante. Est-ce que cette nouvelle expérience a changé votre rapport au jeu. Sachant votre expérience personnelle, vous êtes-vous senti plus à l’aise dans la direction des comédiens ?

Bien sûr. Et surtout mon expérience avec Charlotte De Bruyne (Eva Adulte). J’ai travaillé avec quelqu’un qui était tellement à mon écoute, elle s’adaptait. Et puis, si je venais lui dire quelque chose, elle ne considérait pas mon action comme un commentaire ou comme une faille, alors que moi, en tant que comédienne, je suis plus dans mon ego. J’ai souvent eu du mal quand un réalisateur intervenait. J’ai finalement appris qu’en fait, non, ce n’est pas parce que mon travail est mauvais, c’est parce qu’on construit, parce qu’on crée. Du genre, « voilà, ce que tu viens de faire, c’est super, c’est parfait, mais je veux autre chose », pour une affaire de montage ou autre chose. J’ai donc appris à davantage me laisser guider lorsque je joue, de prendre la vague quand elle arrive.

Il y a toujours cette zone d’incertitude à l’écran. Le rôle du comédien consiste aussi à donner quelques indices aux spectateurs qui projettent une part d’eux-mêmes dans les personnages.

Bien sûr ! Et c’est ça justement qui est bien. C’était surtout l’incertitude de moi-même qui a fait que j’avais du mal parfois, mais maintenant je sais que je ne dois plus avoir peur (rires).

C’est en tout cas un très beau parcours, car vous êtes à présent aux commandes de votre premier film, dont l’histoire est assez atypique. Comment est-ce que vous êtes tombée sur le roman de Lize Spit ? Comment est-ce que vous êtes venue à raconter cette histoire ? Les thématiques y sont intimes et sensibles, mais finalement très universelles dans le fond. Elles concernent tous les adolescents.

En fait, c’était une demande à la base. Dirk Impens, le producteur d’Alabama Monroe, m’a suivi depuis cette époque et il m’a donné plus d’opportunités dans ma vie professionnelle. C’est lui qui m’a demandé d’adapter le livre au cinéma. Bien sûr, je l’ai d’abord lu. Et j’ai été bouleversée par cette vie perdue, de cette non-capacité de continuer. Je me reconnaissais dans la petite Eva, dans son envie de gagner des bons points.

Elle est en recherche d’affection, une volonté d’être vue et d’être entendue.

Et même par les filles cool, du style : « Est-ce que je peux faire partie de ? » Et pour l’adulte, qui est une autre femme, son enfermement je le vois autour de moi et dans beaucoup de gens. Je voulais comprendre ce mécanisme qui fait que tu t’enfermes dans le silence, que tu n’en parles pas. Et j’ai beaucoup appris en faisant ce film sur les causes et les raisons. C’était un peu une combinaison de ces deux choses-là.

Concernant l’écriture, comment avez-vous travaillé l’adaptation avec l’autrice et votre co-scénariste (Maarten Loix) ? Ça devait être un challenge.

Oui, absolument. Lise (Spit) a suivi notre avancement et nous a donné son avis. Je l’ai toujours écoutée, j’ai toujours tenu compte de ses retours, bien sûr. Mais je n’ai jamais été forcée à quelque chose. Elle m’a laissé toute la liberté dans l’écriture et a vraiment respecté mon point de vue. J’ai d’abord écrit seule pendant deux ans et je me suis rendu compte que (soupir) je n’arrive pas à me détacher du livre. Donc avec mon co-scénariste, on est allé hors-piste. Du coup, il y a des différences. On a osé et c’est nécessaire pour que ce soit un bon film. Par exemple, dans le livre Eva ne va pas dans la salle des fêtes, elle ne va pas dénoncer, elle ne va pas sur la scène. De même dans la dernière séquence, où elle se voit elle-même en tant qu’enfant, ce n’est pas dans le bouquin. Ces changements m’ont beaucoup plu. Il y a des cinéastes qui disent qu’il faut déchirer le livre après l’avoir lu. Je ne l’ai pas fait, je l’ai lu cinq fois, je l’ai éclaté en morceaux. J’ai donc beaucoup respecté l’atmosphère d’origine. Je voulais la restituer telle quelle, tout comme cette détresse et cette histoire en entonnoir.

Et puis dans ce livre, même si certaines personnes trouvent ça un peu gratuit, ce suspense du glaçon à la manière d’un entonnoir, moi j’adore regarder des films comme ça parce que tu le sens. C’est aussi une métaphore pour sa vie en fait, là où tout est possible et Eva rétrécit de plus en plus dans le cadre. J’aime bien cette mécanique de narration parce que ça te tient scotché à la chaise. Je n’aime pas les films qui traînent trop, sans amener de la tension, même si certains trouvent Débâcle un peu lent.

Selon moi, le rythme est maîtrisé parce que vous jonglez justement entre deux temporalités, contre trois dans le roman. Tous ces effets de montage et le choix de votre cadrage, qui colle à la peau des personnages, sont très importants pour l’immersion et ça fonctionne. Était-ce votre approche pour capter cette vulnérabilité chez Eva ? Et comment avez-vous travaillé cette ambiance aux côtés de votre directeur de la photographie (Frederic Van Zandycke) ?

Je parle toujours de deux réalisateurs qui m’ont beaucoup inspirés, Michael Haneke et Lars Von Trier. Ma conception du passé vient de Lars Von Trier. Il reste proche de ses personnages, ça bouge, alors que chez Michael Haneke ce sont des plans fixes, il garde une certaine distance et c’est froid. En même temps on ne voulait pas faire deux films, donc on a quand même mélangé les deux éléments. Avec la Eva adulte, on s’éloignait, mais on restait quand même tout près de son visage, alors qu’avec la jeune Eva, on était proche d’elle avec des longues focales. Ce qui crée également une distance et une sorte de froideur. Le cadre se rétrécit fatalement, à l’image d’un entonnoir. C’est un langage très important.

Et puis quelqu’un me disait qu’il n’y avait que la tête qui existe chez l’Eva adulte. Et c’est souvent le cas, car c’est décrit dans le bouquin de manière hyper beau. C’est ça qui se passe avec un trauma. On se détache, on se décapite, on n’existe que dans la tête et le corps n’existe plus. Aussi, le fait qu’elle ne bouge presque pas, ça en fait presque une Japonaise. C’était d’ailleurs une aide dans mes directions de jeu, de penser aux geishas et aux arts martiaux asiatiques. Il y avait beaucoup d’éléments japonais pour moi dans ce personnage. C’est pour ça qu’elle mange des nouilles d’ailleurs.

Cette passivité, c’est l’image qu’elle renvoie. Elle est un peu effacée et limite le fantôme d’elle-même.

Bouffée par ce trauma, c’est bien ça. C’est le vide. Parce que, par exemple aussi, Eva et sa mère ne sont jamais dans le même cadre. Elles sont toujours en champ-contrechamp. Il y a juste avec la bouchère où elle partage le même cadre, sauf à la fin.

Eva cherche justement à faire entrer du monde dans son cadre. Et il y a également un jeu de connexions intéressant entre les deux Eva.

C’est une conversation.

Exactement. D’où l’impression que chacune d’entre elles court l’une vers l’autre et essaie finalement de se retrouver. Peut-être pour faire la paix, peut-être pour autre chose. Il y a une forme de résilience, mais pas totalement.

C’est bien que vous l’ayez perçu comme ça, parce que beaucoup de gens dans l’Ouest s’arrêtent sur la fin. Mais pour moi, c’est une possibilité pour un nouveau départ. C’est le printemps. Et dans cette vie, sans trop en dévoiler, ce ne serait plus possible. Et comme vous dites, dans le montage l’une des Eva regarde à gauche, l’autre à droite, ou inversement. Mais elles ne se rencontrent pas vraiment, elles se cherchent et ce n’est qu’à la fin qu’elles se regardent droit dans les yeux. C’est la recherche d’elle-même qu’elle fait. Où est-ce que je suis ou qui est-ce que j’étais ? Où est-ce que ça s’est arrêté ? D’où ce petit sourire de la Eva adulte et cette petite larme… La fonte quoi.

C’est ça. Il y a une fusion, elles se réconfortent l’une l’autre du drame qu’elles ont vécu. Et c’est enfin le moment de faire la paix avec tout ça, d’une certaine manière assez métaphysique.

C’est fou comment vous comprenez plus que les Flamands (rires). C’est sorti le 25 octobre 2023 en Flandre. Et ce que toi tu vois dedans, cette métaphysique, tout le monde ne le voit pas.  Ce n’est pas vraiment une question d’être flamands ou non au final. Je crois qu’il s’agit de sentir le regard féminin. Et ça ne veut pas dire que vous êtes féminin, mais vous avez cette sensibilité, cette subtilité à le voir je crois.

J’aime beaucoup essayer de comprendre les personnages, c’est une activité qui m’habite. Et ce personnage-là me hante encore depuis le visionnage. Ce qui sera sans doute le cas pour d’autres spectateurs. Ce film m’a d’ailleurs beaucoup fait penser à Close de Lukas Dhont et Un Monde de Laura Wandel. On y trouve des ingrédients similaires. Ou plus récemment avec How to have sex de Molly Maning Walker.

Je ne l’ai pas vu celui-là.

Je le compare davantage pour son intensité émotionnelle qu’avec son motif, qui est totalement différent.

C’est aussi sur les enfants ?

Il s’agit d’adolescentes plus âgées, des lycéennes.

D’accord donc 18-20 ans à peu près.

C’est ça. Et malgré cette différence d’âge, il est aussi question d’un coming-of-age à ce moment-là. Sauf que la réalité les rattrape.

Ce n’est pas Les Goonies (rires).

Pas vraiment (rires). On est plus proche de la noirceur de Stand By Me.

Ce sont mes références aussi finalement, comme Les Goonies. Ce groupe d’enfants sur les vélos…

On sent cette complicité entre eux, elle est là. On sent que ce sont des amis depuis toujours. Et puis justement, il y a cette petite révélation dans le film qui justifie une perte de repères chez eux. Et du coup, tout change. Un équilibre est rompu, pas seulement au sein du groupe, mais également au sein de leur petite communauté rurale.

C’est bien le but de cette touche, parce que sinon tu ne vois pas ou tu ne comprends pas pourquoi Eva reste avec ces garçons. C’est vraiment un groupe d’amis fort.

C’est un groupe effectivement soudé que l’on surnomme « les trois mousquetaires », mais qui étaient quatre en réalité. Et d’ailleurs, comment est-ce que vous avez trouvé vos actrices pour les rôles d’Eva ? Comment avez-vous procédé pour dénicher ce duo fusionnel à l’écran ?

Pour moi, c’était important de d’abord trouver les enfants parce que tu dois les éduquer. Ça reste du terrain instable. On a casté les enfants avec des workshops (ateliers collaboratifs), donc jusqu’à trois journées d’affilée. On y a trouvé Rosa, puis les autres enfants du groupe. Puis on a casté les adultes par rapport aux enfants. Pour les Eva, c’était très facile. Je voulais vraiment qu’elles se ressemblent parce que je déteste quand les visages sont trop différents. J’ai donc invité Charlotte parce que c’est une putain de bonne comédienne. On s’est mis ensemble dans une chambre, on a parlé et je l’ai filmé en lui demandant de faire les émotions. La colère, la tristesse, la joie et c’était fantastique. Elle n’a pas vraiment dû faire une audition, tout comme j’ai choisi les interprètes adultes des enfants. Ce qui n’était pas le cas pour tout le reste. Dans le processus, on a d’abord filmé le passé, de manière chronologique. Ce qui a permis à Charlotte et à tous les personnages adultes de s’inspirer et de se baser sur la jeunesse des enfants.

Une jeunesse qui se conclut par un jeu entre enfants qui dérape. Comment avez-vous préparé vos comédiens et vos équipes à tourner cette scène particulièrement bouleversante ? Quelle était l’ambiance sur le plateau ? Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

Nous avons filmé cette scène clé à la fin. C’était les trois dernières journées du passé durant l’été avec les enfants. Ça s’est déroulé dans le village où j’habitais à ce moment (rires), et on a fait une fête après. Tout le monde s’est déguisé en mafieux, on a mangé des pizzas… mais ce sont les trois jours sur lesquels on s’est le plus amusé. Il faisait chaud, c’était une ambiance magnifique, il y avait tout le respect possible et du focus de la part de tout le monde. On filmait dans un climat où tu ne dois pas être face à quelqu’un pour jouer parce que tu es nu ou que tu te sens nu. Le plateau était évidemment à huis clos.

Il y avait aussi une psychologue attachée au projet qui était présente et qui, après chaque prise, prenait les enfants, les sortait et on jouait à des jeux physiques chouettes pour ne pas faire incruster les images ou le sentiment corporel qu’ils ont eu. Il s’agissait de s’évader de ça en fait, c’est ce qu’il faut faire, et pas juste consoler et rester dans l’ambiance. C’est une démarche indispensable pour les enfants.

En tant que comédienne, je suis très physique donc parfois je me mets dans des états physiques pour que le psychique suive. Ça peut être grâce au café que je bois, quand je me cogne ou la musique, qui me met dans un état particulier. Mais si tu es bousculé ou secoué par ton partenaire de jeu, ça te fait quelque chose. C’est corporel, c’est physique, c’est animal même. Et il faut directement essayer de sortir cette partie de ton cerveau, sortir de cette bulle.

Il ne faut pas que ça reste, parce que c’est finalement quelque chose qui peut aussi nourrir un traumatisme.

Absolument, j’en étais bien consciente. Et puis j’ai beaucoup poussé pour que ce soit fait avec des amis de confiance. On a donc travaillé quatre mois à l’avance. Tous les dimanches, on était ensemble et même pendant les vacances de Pâques, tous les jours, pour aussi s’ouvrir l’un à l’autre et pour vraiment travailler sur les émotions, la pression. Qui es-tu ? Qu’est-ce qui te fait peur ?

Il n’y a pas eu de difficultés au final, parce qu’on se voit encore, on sort encore ensemble, on va dans des parcs d’attractions ou on va voir un film, des trucs comme ça.  Tu prends alors une place très importante dans leur vie et c’est quelqu’un qui me l’a fait comprendre avant de tourner. Je suis très contente parce qu’elle m’a dit de faire attention, que j’allais être un mentor, une sorte de professeure et qu’on irait dans un endroit sensible et très important que tu dois soigner et que tu soignes encore après. Ce qu’ils ont vécu, ça les fait grandir.

Votre film va bientôt sortir en France. Qu’attendez-vous des spectateurs qui iront le voir Débâcle ?

Je suis très contente qu’on le comprenne mieux ici qu’en Belgique. C’est aussi le premier film qui est montré avec Ciné-Safe pour la sortie. Je me suis battue jusqu’à la fin pour obtenir cette initiative. Le film est accompagné d’un carton où on peut lire : « Après le film, vous n’êtes pas seuls. » Et je trouve que c’est tellement important. C’est quelque chose que je n’ai pas réussi à mettre sur pied chez moi alors que je sais qu’il y a des gens qui sont tellement bouleversés.

Des gens qui intériorisent leurs souffrances et qui ne peuvent pas les partager. Et c’est aussi compréhensible qu’ils ne peuvent pas. On peut sentir un blocage à ce sujet.

J’ai justement reçu des commentaires de la salle, après des projections. « Et qu’est-ce que vous allez faire avec nous ? Comment vous allez nous soigner ? » Mais ce n’est pas ma responsabilité, c’est la responsabilité des distributeurs (rires). Moi, je réalise un film parce que je voulais que ça avance dans cette direction. Ça fait partie du regard féminin, le fait de soigner et d’être conscient qu’on ne jette pas juste notre poubelle dans le monde. Non, il faut en prendre soin.

C’est un film que vous abordez avec beaucoup de compassion, et c’est le but. C’est d’accompagner, de tendre la main à ces personnes qui ont besoin d’aide, mais qui ne le savent peut-être pas eux-mêmes. Ceux-là sont dévorés par leur solitude et personne n’est au courant.

Absolument. C’est fou, hein ? Et j’espère que ça va marcher parce que dans certaines salles, il y aura des intervenants d’associations qui seront présents pour t’accueillir. Mais tout le monde aura accès aux numéros téléphoniques de Ciné-Safe. Je vais donc harceler les distributeurs chez moi pour leur dire de se lancer (rires).

Pour finir, avez-vous d’autres projets en cours, que ce soit en tant qu’actrice ou réalisatrice ?

Je compte filmer, bien sûr. Là, je suis de nouveau en train d’écrire sur un nouveau film, mais pas à plein temps. C’est une adaptation d’une pièce de théâtre anglaise. Peut-être qu’on s’éloignera de l’histoire, mais ça reste mon point de départ. Et ça me fait du bien de juste pouvoir en parler. Et puis en avril, je vais tourner dans une série franco-suisse, dans laquelle je joue une diplomate, donc c’est très intéressant.

Comme avec Plaine orientale, qui va bientôt sortir, j’ai l’âge d’incarner des figures d’autorité. J’y joue une juge d’instruction contre la mafia corse (rires). Et ça me fait du bien de ne pas tout le temps être dans les grandes émotions de pertes ou de deuil, de jouer des personnages plus légers et d’aller creuser un peu plus dans l’écriture (rires).

Un dernier mot pour conclure ?

J’espère en tout cas que Débâcle va créer quelque chose ici. Il aura la vie qu’il va avoir en salle et c’est déjà bien. Je suis contente qu’il soit là.

De même pour nous, car la découverte vaut le détour. Merci beaucoup de m’avoir reçu.

Merci et bonne continuation.

Propos recueillis par Jérémy Chommanivong, le 15 février 2024, à Paris (Ambassade de Belgique Délégation Flamande).

Bande-annonce : Débâcle

Responsable Cinéma