Les éditions Rimini nous permettent de revoir La Manière Forte, de John Badham, une des références du buddy movie, avec James Woods et Michael J. Fox.
En quelques films, John Badham a acquis un statut de solide artisan façonneur de films cultes. Si, depuis plus de vingt ans maintenant, le cinéaste britannique, désormais octogénaire, est cantonné à la télévision (où il réalise, entre autres, des épisodes des séries Supernatural, Siren ou Arrow), c’est au cinéma qu’il s’est fait un nom en signant La Fièvre du Samedi soir, WarGames ou Étroite surveillance (ainsi que sa suite, Indiscrétion assurée).
La Manière forte est un de ces films qui ont acquis un statut culte. Le principe est simple : c’est celui du buddy movie réunissant deux personnages opposés. L’un est un policier brutal, au langage volontiers grossier, adepte de cette manière forte qui donne son titre au film. D’autant plus qu’il est engagé corps et âme dans une enquête où il dit poursuivre un tueur sadique, le “videur fou” (Party Crasher en VO, surnom qui s’explique lorsqu’on le voit jouer à un jeu vidéo).
L’autre personnage s’appelle Nick Lang ; c’est un acteur spécialisé dans les films décérébrés à grand spectacle, ce qui lui réussit bien. Mais, comme souvent, le voici pris par le désir de montrer l’étendue de son talent dans “un rôle sérieux”. Un rôle de policier, par exemple. Et, pour être plus réaliste, il veut passer quelques jours auprès d’un vrai policier. Et bien entendu, c’est sur John Moss que ça tombe.
Le duo va, bien entendu, être explosif. Contrecarrant l’ordre qui lui a été donné de ne pas s’engager dans la moindre action dangereuse, John Moss va continuer à rechercher le tueur, mettant ainsi en danger son “coéquipier” (car l’acteur tient à être là de façon anonyme). Et Nick Lang, à peine sorti de son milieu ultra-protégé, va se retrouver en plein quartier “sensible”, ou encore obligé de s’opposer à des délinquants qui s’attaquent aux usagers du métro.
Évidemment, tout va opposer les deux hommes. L’acteur est aussi raffiné et sensible que le policier est rude. L’un est une parodie du Hollywood branché des années 80, l’autre une parodie du gros dur solitaire. Le film ne cache pas sa volonté d’être avant tout un divertissement mêlant habilement comédie et action : il ne faut pas chercher ici une quelconque profondeur psychologique.
Sur le plan de l’action, La Manière Forte est une belle réussite. Les scènes d’action se multiplient, dès la scène d’ouverture (comme il se doit dans ce type de production). Les cascades sont spectaculaires, le rythme est soutenu.
L’une des grandes réussites du film réside dans son casting. Dans le commentaire audio qui figure parmi les bonus, nous apprenons que (comme c’est souvent le cas) le film a été écrit pour deux acteurs qui ne sont ni James Woods, ni Michael J. Fox. Il est possible d’affirmer qu’alors, le film aurait été complètement différent. Woods et Fox habitent tous deux leur rôle à la perfection. Mais celui qui sort vraiment du lot, c’est Stephen Lang, qui a ici son premier grand rôle (un rôle qui le marquera, puisque par la suite sa carrière cinématographique se fera en immense partie dans des rôles de méchants inquiétants).
Enfin, la Manière Forte nous propose aussi une mise en abîme du cinéma. Plusieurs scènes ont un rapport direct avec le cinéma, comme cette course-poursuite qui se termine dans un cinéma jouant le film de Nick Lang. Badham établit alors un parallèle entre les scènes d’action sur l’écran et les scènes d’action “réelles”. La mise en abîme est poussée jusqu’au bout, puisque le générique final du film est… le générique du film fait par Nick Lang d’après son expérience dans la police, alors que les “vrais” policiers sont relégués au rang de spectateurs, comme nous.
Le DVD
Le film est présenté avec deux compléments de programme.
Le premier est un bref entretien (d’une vingtaine de minutes) entre Rania Griffete et Stéphane Chevalier sur le sujet des buddy movie. Il s’agit alors d’inscrire le film La Manière Forte dans la continuité du genre, au milieu de films comme L’Arme fatale ou 48 heures.
L’autre compléments de programme est le commentaire audio du film par son réalisateur, John Badham, et son producteur, Rob Cohen (qui a aussi tourné quelques scènes en tant que directeur de la seconde équipe ; c’est le même Rob Cohen qui avait déjà produit Les Sorcières d’Eastwick, de George Miller, ou L’Emprise des ténèbres, de Wes Craven, et qui réalisera par la suite Cœur de Dragon, Daylight ou le premier Fast and Furious). Ils reviennent sur le tournage des scènes, le choix des acteurs, le rôle des techniciens, et citent de nombreuses anecdotes de tournage.
Caractéristiques du DVD :
Audio français ou anglais
Sous-titres français
Dolby Digital 2.0
Format 16/9 compatible 4/3
Format d’origine 1.85 respecté
Durée 111 minutes
Compléments de programme
Commentaire audio de John Badham, Rob Cohen et Daniel Kremer
Une Ode au Buddy Movie, avec Rania Griffete et Stéphane Chevalier (21 minutes)