Le mercredi 6 septembre a débarqué en coffret DVD + Blu-ray + Livret chez Wild Side le film L’Emprise des Ténèbres. Réalisé par le génial Wes Craven, le thriller d’épouvante vous emmène dans un voyage aux obsessions bien craven-iennes.
Synopsis : Jeune anthropologue mandaté par une firme pharmaceutique, Dennis Alan enquête sur d’inquiétants phénomènes survenus à Haïti. Un poison lié au culte vaudou plongerait des habitants dans un état de mort artificielle. Enterrés vivants, ils seraient piégés entre deux mondes, leur volonté annihilée, tels des zombis, à la merci de puissances occultes.
Nightmares on Elm Street… Euh, no, at Haïti !
Sorti au cinéma en 1988, L’Emprise des Ténèbres, au titre original The Serpent and the Rainbow, est réalisé quatre ans après A Nightmare on Elm Street, en français Freddy : Les Griffes de la Nuit, premier volet de la saga horrifique culte. Si le croquemitaine brulé ne vient pas terrifier le protagoniste interprété par Bill Pullman, l’obsession de Craven pour le cauchemar est toutefois bien présente.
Alexandre Aja, réalisateur du remake de La Colline a des Yeux (produit par Craven), explique dans l’interview (présente dans les bonus de l’édition) que le maître de l’horreur cherche toujours à inventer des formes. Craven cherche toujours la nouvelle idée cinématographique d’épouvante. Cette recherche visuelle s’illustre formidablement dans L’Emprise des Ténèbres. Sans être aussi présente que dans Les Griffes de la Nuit ou Shocker, la quête de Craven donne ici naissance à quelques grands moments de cinéma d’épouvante : on peut notamment penser à la chute du héros entrainé dans le fond du puits par des dizaines de mains ; et aussi à l’enterrement forcé cauchemardé par le personnage de Pullman où la gravité et la perception spatiale sont malmenées dans un ballet psychédélique de l’épouvante.
Ballet psychédélique de l’épouvante pour Bill Pullman. Et attention à la noyade ensanglantée !
La réalité à travers la fiction.
La quête de nouvelles formes visuelles horrifiques par la récurrence du maître à travailler le rêve/cauchemar dialogue avec une autre de ses obsessions : le documentaire. Le réalisateur n’a jamais cessé de dépeindre à travers le genre – comme bien d’autres (George Miller, Tobe Hooper, et caetera) – des facettes de notre réalité : la starification à l’extrême dans Scream 4 ; la faute des parents portée par les enfants dans Freddy… De plus, le cinéaste est décrit comme « un fan de faits divers » par Aja, tous ses films se basent sur des faits réels. Mais dépassons le concept « inspiré par des faits réels » – d’ailleurs présent au début de l’Emprise des Ténèbres –, Craven tend ici comme dans La Dernière Maison sur la Gauche à filmer tel un documentariste, caméra à l’épaule. Et au delà de ce geste important, il capte ici le dictat qui règne sur Haïti, dont les habitants sont en proie à la plus grande misère et à la terreur. Il filme les rues sales, les gens sans le sou s’occupant comme ils le peuvent, loin des yeux du leader politique. Il raconte en image une rafle de police ; une révolution. Et il filme aussi les rituels religieux haïtiens, mix de chrétienté et vaudou, non sans émerveillement lors de la séquence de la caverne à l’eau considérée par les natifs comme étant magique. Ainsi Wes Craven dépasse ici la critique ou le portrait négatif du monde (occidental) par le film de genre. Avant de révéler des vérités du réel, et même des formes du réel par la fiction, le cinéaste tend à filmer la réalité telle qu’elle est, dans sa complexité à la fois emplie de mystère, de terreur, et de merveille.
The Serpent and the RainBlu-ray.
L’édition présentée par Wild Side est comme à leur habitude très soignée. Accompagné d’un livre spécialement écrit pour l’occasion par l’un des cofondateurs de la revue culte Starfix, Frédéric Albert Levy, le film nous est présenté dans une version remasterisée soignée, malgré un léger manque de piqué sur quelques scènes du film et quelques plans de nuit granuleux (car probablement abimés sur la copie utilisée pour le remaster). Côté bonus, le coffret fait vache maigre : une interview (heureusement) intéressante de vingt-neuf minutes (extraits vidéo compris) d’Alexandre Aja, et la bande-annonce du film. Heureusement, le manque de bonus est rattrapé par le très bon livret de Frédéric Albert Levy.
L’Emprise des Ténèbres n’est probablement pas un grand film lorsqu’il obéit aux codes du genre (exemple spoiler : le héros doit faire face au bad guy pour sauver sa chérie qui va finir décapitée lors du grand rituel final). Mais il en est assurément un lorsque se déploient l’intelligence et l’imagination filmiques de Wes Craven, de l’aspect documentaire à la recherche visuelle d’épouvante/horreur, en passant par la transcendance de certains codes (« le héros brisé » l’est ici lors d’un terrible clouage des « parties » génitales).
EXTRAIT – L’Emprise des Ténèbres
CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES DVD
Master restauré HD – Format image : 1.85, 16/9ème compatible 4/3 – Format son : Français Dolby Digital 2.0, Anglais DTS 2.0 & Dolby Digital 2.0 – Sous-titres : Français – Durée : 1h34
CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES Blu-ray
Master restauré HD – Format image : 1.85 – Résolution film : 1080p 24p – Format son : Anglais & Français DTS HD Master Audio 2.0 – Sous-titres : Français – Durée : 1h38
COMPLÉMENTS
– Gentleman Wes : entretien avec le réalisateur Alexandre Aja (29’)
+ Un livret exclusif de 60 pages, spécialement écrit par Frédéric Albert Levy
Prix public indicatif : 24,99 Euros le Coffret Blu-ray + DVD + Livret