ABC… ART
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Cet abécédaire vous parlera de :
Art en général, peinture, arts graphiques, sculpture, gravure, littérature, poésie, musique, cinéma, Histoire, gastronomie, traditions, arts vivants, théâtre, opéra, philosophie, etc.
Rendez-vous un jeudi par mois pour une chronique d’art illustrée où vous découvrirez 5 définitions artistiques issues de lettres de l’alphabet choisies aléatoirement.
PS : L’Abécédaire artistique est fier de fêter déjà +30 numéros et une moyenne de 20 000 lectures par mois !
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Di sotto (in sù)
catégorie : peinture, dessin, sculpture, gravure, arts de la Renaissance, peinture religieuse, nom masculin, de l’italien (du dessous).
Tant de termes du vocabulaire artistique nous viennent de l’Italie, pays qu’on peut aisément qualifier de musée à ciel ouvert et berceau de la Renaissance, dès le Quattrocento (voir l’entrée éponyme, Abécédaire Artistique n°11). L’expression « di sotto in sù » (abrégée en « di sotto ») n’y fait pas exception. Elle désigne un point de vue, en art, qui peut se rapprocher de la contre-plongée photographique et cinématographique. En effet, « di sotto » (du dessous) fait référence aux œuvres dans lesquelles l’artiste a choisi de s’affranchir du point de vue habituel faisant face à l’horizon pour, au contraire, ajouter du dynamisme à sa composition.
Si l’on emploie la locution nominale italienne au lieu de l’expression « contre-plongée » qui y ressemble, c’est surtout pour évoquer les œuvres de la Renaissance, période qu’on pourrait qualifier d’âge d’or du « di sotto ».
En effet, les quinzième et seizième siècles sont, en Italie puis en Europe, l’occasion d’une renaissance artistique qui donne son nom au mouvement. Partout dans les ateliers d’art, sur les chantiers, on s’inspire des merveilles antiques pour insuffler une nouvelle inspiration aux Beaux-Arts et à l’architecture. On cherche ainsi à rivaliser de virtuosité, en passant d’innovation en innovation, dont le point de vue « di sotto » fait partie.
Ainsi, une telle composition implique de montrer le corps en raccourci (voir l’entrée éponyme, Abécédaire Artistique n°20), c’est-à-dire selon un point de vue qui n’est pas celui, habituel, d’une vue frontale, et qui est donc bien plus difficile à réaliser. Dans le cas du « di sotto », les membres sont, en effet, distendus par la perspective, vus (légèrement) par en-dessous, avec le travail d’ombres et de lumières que cela implique.
Mais si, malgré sa difficulté, le « di sotto » plaît tant, c’est parce qu’il en impose, pour ainsi dire. Il magnifie son sujet, lui ajoute une impression de grandeur, de dépassement, par l’œuvre du spectateur qui se sent écrasé, voire d’ascension. Quel meilleur choix pour montrer des figures divines ? Des Christ, des anges ou des Vierges montant au ciel, par exemple ? Comme l’a fait Donatello, mais aussi Michel-Ange, Titien, etc. Sans oublier Mantegna qui peint une fresque (voir l’entrée éponyme, Abécédaire Artistique n°24) sur le plafond de la Camera degli Sposi (chambre des époux) du palais Ducal de Mantoue, nous faisant lever la tête vers des personnages et des putti (voir l’entrée éponyme, Abécédaire Artistique n°9) qui, eux, se penchent vers nous, avec un point de vue vertical (1465-74).
A noter qu’on peut aussi parler de « da sotto in su » pour évoquer le même procédé de représentation, l’italien étant une langue riche, pas seulement de musicalité, mais aussi de prépositions.
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Ethos
catégorie : communication, discours, publicité, rhétorique, psychologie, nom masculin, du grec (caractère).
Ethos, logos et pathos sont trois notions complémentaires appartenant à l’univers du discours et de la communication. Il y a de l’ethos, du pathos et du logos dans toutes les formes de communication, y compris artistiques. Et le choix de mettre en avant l’un de ces concepts plus qu’un autre dépend du besoin. Par exemple, selon le produit ou service vendu, la stratégie d’une publicité ne sera pas la même.
Découvrons ensemble ce qui se cache derrière les trois pôles de l’art de transmettre un message et de convaincre que sont ethos, logos et pathos.
L’ethos, c’est tout simplement la légitimité de la personne ou de l’instance émettant le message. C’est ce qui lui confère son droit à s’exprimer sur le sujet et même son autorité. C’est aussi son image, celle qu’elle cherche à donner d’elle-même, la manière dont elle se perçoit et veut être perçue par les autres. C’est son aura d’experte d’un sujet, ou simplement d’individu concerné.
L’ethos est particulièrement important dans la rhétorique, car, même en l’absence d’argument de valeur, une projection suffisante peut faire argument d’autorité. La manifestation de l’ethos peut être consciente ou inconsciente et a des répercussions sociales, puisqu’elle peut influencer ceux qui reçoivent le message. Il s’exprime, bien évidemment dans le champ du discours, mais aussi dans la communication non verbale.
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Logos
catégorie : communication, discours, publicité, rhétorique, psychologie, nom masculin, du grec (parole).
Le logos, est, comme on le devine dans son nom, la logique. Il s’agit de la partie argumentée du message, son raisonnement, ses points précis et sa conviction. Le logos n’a recours à aucune fioriture, à rien de subjectif, mais simplement à des faits précis et prouvés. Le logos fait, en général, peu appel au non-verbal car ses arguments se valent dès lors qu’ils sont justifiés. Cependant, la présentation des arguments, leur ordre, leur articulation peut influencer la portée du message s’appuyant sur le logos.
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Pathos
catégorie : communication, discours, publicité, rhétorique, psychologie, nom masculin, du grec (émotion).
Le pathos, quant à lui, touche aux émotions (même racine que « pathétique »). A toutes les émotions : tristesse, joie, empathie, imaginaire. C’est la fameuse corde sensible, c’est l’affect. Dans une communication, le pathos dialogue avec ses spectateurs ou auditeurs en les touchant au cœur, en les persuadant plus qu’en les convainquant.
Si le pathos était une expression, ce serait « le cœur a ses raisons, que la raison ignore » ou peut-être « l’amour est aveugle ». Ce concept repose essentiellement sur de la subjectivité : subjectivité de l’émetteur, mais aussi du récepteur qui va, par empathie, associer ses propres idées et sentiments à ceux du discours, pour y adhérer – ou pas.
Dans une communication, l’ethos, le logos et le pathos ont tous leur importance, et leur dosage peut infléchir le succès du message. Par exemple, dans une communication professionnelle nécessitant une expertise, l’ethos et le logos auront davantage de poids que le pathos. Celui-ci sera en revanche la pièce maîtresse d’une communication « plaisir », par exemple pour la vente d’un cocktail.
Dans l’art aussi, ethos, logos et pathos sont importants. On pense notamment aux pièces vendues des millions aux enchères car réalisées par un artiste mondialement connu et dont l’ethos fait autorité sur le marché des œuvres.
Et si, comme on l’a deviné à leur sonorité hellénique, ces trois notions nous viennent de la rhétorique, art grec et majeur de l’Antiquité, ethos, logos et pathos sont des concepts toujours au goût du jour et au centre des sciences sociales, de la communication et du marketing.
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Quatrain (et tercet, sonnet, sizain, alexandrin et hémistiche)
catégorie : poésie, métrique, littérature, écriture, noms masculins.
Un peu de vocabulaire poétique pour cette entrée qui débute par le quatrain, sans s’en contenter.
Le quatrain est, sans surprise, issu de la racine du chiffre quatre. Il fait partie des types de strophes, qui sont, rappelons-le, des ensembles de vers, dans un poème, sous forme de paragraphes. Ainsi, si les strophes de quatre vers sont des quatrains, les strophes de trois vers se nomment tercets.
Toutefois, n’allez pas croire qu’un poème ne peut comporter que des strophes égales. Le fameux sonnet, sans doute la forme poétique codifiée la plus connue, se compose toujours de deux quatrains suivis de deux tercets, soit en tout quatorze vers. Si les deux tercets finaux sont rassemblés en une strophe unique, on parle alors de sizain.
Et si le sonnet – et ses nombreuses variantes temporelles et géographiques – est la forme poétique par excellence, le maître des vers est, sans conteste, l’alexandrin.
Qui ne connaît pas l’alexandrin ? Vers de 12 pieds – soit douze syllabes – dont on nous a sans doute parlé en classe, l’alexandrin gagne ses lettres de noblesse lorsqu’il connaît une coupure – de rythme et/ou de sens – à l’hémistiche. L’hémistiche, c’est la moitié de l’alexandrin, permettant une pause au bout de six syllabes, avant de recommencer pour six syllabes supplémentaires. S’il est coupé à l’hémistiche, l’alexandrin est considéré comme parfaitement esthétique.
Comme exemple, plutôt que de choisir un alexandrin issu de la littérature, je vous propose de vous aventurer du côté de la bande-dessinée. En écrivant l’album Astérix et Cléopâtre (1965), René Goscinny a réussi à inclure dans son récit un alexandrin doublé d’un jeu de mots qui lui vaut d’être cité ici.
En arrivant au village gaulois, Numérobis s’adresse à Panoramix en ces termes : « Je suis mon cher ami, très heureux de te voir ». Ce à quoi le druide répond, s’adressant à Astérix et Obélix : « C’est un alexandrin », double référence au vers de Numérobis (coupé à l’hémistiche) et à son origine, puisque l’Egyptien débarque tout droit d’Alexandrie ! A noter que la scène a été conservée dans l’adaptation en film Astérix et Obélix : mission Cléopâtre (2002) d’Alain Chabat.
Quant à savoir si le nom de l’alexandrin lui vient, comme la ville d’Alexandrie, d’Alexandre le Grand, le mystère demeure. Ce n’est qu’au XVIème siècle que le vers de douze pieds supplante le décasyllabe (dix pieds), sous l’influence de la Pléiade. Il aurait été mis en avant quatre siècles plus tôt par le Roman d’Alexandre de Lambert le Tort, très long poème évoquant certes Alexandre le Grand, mais édité par un homonyme, Alexandre de Bernay, d’où l’inconnue concernant l’origine de ce nom…
Rendez-vous dans un mois pour 5 nouvelles définitions artistiques. Pour vous proposer un contenu toujours aussi passionnant, l’Abécédaire Artistique est mis en ligne une fois par mois, toujours le jeudi.
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