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Sarah Anthony © Textes et illustrations tous droits réservés.

Double surnaturel, offrande spirituelle, art floral nippon, robe chinoise et corps déformé en 2D – l’abécédaire artistique n°20

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ABC… ART

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L’Abécédaire Artistique

Cet abécédaire vous parlera de :

Art en général, peinture, arts graphiques, sculpture, gravure, littérature, poésie, musique, cinéma, Histoire, gastronomie, traditions, arts vivants, théâtre, opéra, philosophie, etc.

Rendez-vous un jeudi sur deux pour une chronique d’art illustrée où vous découvrirez 5 définitions artistiques issues de lettres de l’alphabet choisies aléatoirement.

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  • Doppelgänger

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catégorie : folklore, mythologies germanique et nordique, nom masculin, de l’allemand (double).

Le doppelgänger est une créature fantastique issue des folklores nordique et germanique. Il s’agit du double d’une personne, le fameux « jumeau maléfique ». A nuancer tout de même : s’il est souvent un mauvais présage, le doppelgänger n’est pas toujours mauvais en lui-même. 

Etymologiquement, doppelgänger peut se traduire par « le double qui va ». Doppel signifiant « double » et gänger, « celui qui va » (souvenez-vous du waldganger de l’abécédaire artistique n°4). Car, d’après le folklore, le doppelgänger apparaît dans la vie de quelqu’un pour lui annoncer un malheur, voire sa mort, parfois aussi pour prendre sa place. 

La légende dit qu’Abraham Lincoln aurait confié à sa femme, quelques jours avant de mourir, avoir vu son doppelgänger. Goethe, dans son autobiographie, raconte avoir croisé le sien sur un chemin, portant des vêtements dans lesquels le romancier se retrouvera dix ans plus tard, sur ce même sentier… 

On ne sait pas bien d’où vient le mythe du doppelgänger, mais il pourrait provenir de personnes ayant eu des hallucinations ou ayant des troubles psychiques de personnalité multiple avec pertes de mémoire, pouvant donner l’impression qu’un jumeau maléfique est venu à leur place. Le fait que le doppelgänger se présente en général avant la mort pourrait tout simplement découler d’un délire prémonitoire lié à un affaiblissement de la santé. 

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  • Ex voto

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catégorie : Histoire, religion, nom masculin, du latin (d’après le vœu). 

Un ex voto, relève, comme son nom l’indique, d’une pratique votive. Il s’agit d’un petit objet de type apotropaïque qu’on trouve dans les cultures religieuses. L’ex voto, offrande matérielle, est accroché au mur comme témoignage à Dieu ou à un saint, de sa ferveur religieuse.

Il est en général offert symboliquement pour remercier de l’accomplissement d’une prière précise, ou au contraire pour appuyer une demande encore non exaucée. Pour cette raison, il peut prendre plusieurs formes. Il peut s’agir d’un bibelot en céramique, plâtre, métal, bois, mais aussi d’une image (petite peinture, etc.). Traditionnellement, les ex voto représentent des cœurs, des couronnes, des croix, des flammes, des rais de lumière, des ailes, etc., souvent peints en couleurs vives ou entièrement dorés. Leur but est en effet d’exprimer la ferveur de la foi (flamme), l’amour et la lumière de cette dernière (cœur, rais), l’élévation qu’apporte le fait de croire (couronne). Dans certains corps de métiers, les ex voto pouvaient prendre une forme plus imagée (bateaux pour le retour des marins, etc.). L’ex voto peut aussi tout simplement porter un message de remerciement suite à l’exaucement de la prière, sur une simple plaque.

Dans le cas où le vœu s’est accompli, il s’agit à la fois d’un remerciement, mais aussi d’un témoignage de la réalisation d’une prière. Dans le cas de l’attente d’un vœu, il s’agit d’une offrande qui appuie la demande. 

Les ex voto se suspendent dans les églises et les chapelles, bien sûr, mais également dans les lieux saints, ou chez soi. 

A l’Antiquité, ils prenaient des formes encore plus variées, un grand nombre de cultes étant en place. Dans la Rome antique, les ex voto pouvaient prendre la forme d’éléments du corps humain, pour demander à la divinité de soulager un mal et d’accélérer une guérison. En ces temps de croyance, les ex voto de tout type avaient une vocation apotropaïque très poussée, notamment pour conjurer un mauvais sort et encourager le vœu à s’exaucer.

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  • Ikebana

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catégorie : art floral, culture japonaise, nom masculin, du japonais 生け花 (voie des fleurs).

L’ikebana est un art floral traditionnel originaire du Japon. Au cœur de cette pratique se trouve la composition florale, basée cependant sur des critères différents de ceux en usage dans la conception florale en Occident. On dit que la pratique de faire des bouquets de fleurs est venue des moines du Japon qui ramassèrent les fleurs arrachées par un orage et les mirent en vase, dans le but de les aider à survivre… 

L’ikebana, est, comme la cérémonie du thé, un rituel basé sur l’atteinte d’un équilibre en termes de composition. Cet équilibre doit être linéaire et englobe autant la plante que le vase, dans une recherche d’harmonie entre placement des feuilles, des tiges, des pétales, du récipient, etc. Ainsi, l’ikebana donne à voir des compositions florales simples et minimales, mais aussi graphiques, très différentes de nos bouquets volumineux et colorés. 

Au fil de l’histoire du Japon, l’ikebana prend une place toujours plus importante dans tous les foyers, qui se dotent au XVème siècle d’une alcôve destinée à abriter les créations florales. Très vite, les compositions de fleurs de type ikebana accompagnent un autre temps fort du mode de vie traditionnel japonais : la cérémonie du thé, qui s’accomplit dans l’harmonie non seulement du service et des saveurs (disposition des tasses et bols, choix minutieux des types de feuilles de thé) mais aussi dans celle d’arrangements floraux qui magnifient ce moment. 

L’ikebana se pratiquait (et se pratique toujours) dans des écoles dédiées et demeure aujourd’hui un art japonais traditionnel en évolution, de nouveaux styles voyant le jour.

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  • Qipao

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catégorie : mode, Histoire du costume, culture chinoise, nom masculin, du chinois qiren 旗人, (gens des bannières).

Vous connaissez sans doute le qipáo en ignorant son nom. Il s’agit de cette robe traditionnelle portée par les femmes chinoises. On l’appelle aussi cheongsam, et parfois changshan dans le sud de la Chine.
Le qip
áo débute par un col Mao descendant en une ouverture sur le côté droit, fermée par des boutons. Il se poursuit par des mancherons sur le dessus des épaules. En général près du corps et descendant aux chevilles, on trouve aujourd’hui des qipáo « mini-jupes ». Dans tous les cas, le but est d’épouser pour mieux mettre en valeur le corps féminin. Toujours confectionné dans un tissu satiné (même en soie, pour les plus belles pièces), le qipáo est orné de motifs ornementaux typiques de l’art asiatique : fleurs et végétaux, oiseaux, etc. 

Son aspect actuel connaît son heure de gloire dans les années 30, où il est plébiscité par la population féminine de Chine. C’est à Shanghai, en particulier, qu’il est le plus apprécié et mis à la mode. Le qipáo est, en effet, devenu un vêtement très seyant pour la silhouette de la femme. Il se fend même d’une longue ouverture sur la cuisse, permettant de bouger mieux et également d’être davantage mise en valeur. 

A l’origine, il s’agit pourtant d’un vêtement de travail et d’un vêtement de cour qui n’a été adapté à la mode citadine que dans les années 1900. Depuis son apparition, le qipáo est en effet porté par toutes les femmes, travailleuses ou courtisanes, avec des différences de qualité et prix du vêtement selon la classe sociale d’origine. Venu du Mandchourie (région située à l’extrême nord-est de la Chine), l’ancêtre du qipáo était la tenue traditionnelle des porteurs de bannière de la dynastie Qing, mais aussi des courtisans, hommes et femmes. Il était alors large, ample et pourvu de longues manches. Un vêtement digne, en somme, qui ne montrait pas le corps. Quelle évolution pour le qipáo ! 

Dès le XXème siècle, il est apprécié pour son élégance et son confort. Ce type de robe a aujourd’hui connu de nombreuses évolutions, en fonction des modes, se resserrant et dévoilant notamment les bras. S’il n’est plus confectionné de manière traditionnelle, et bien souvent dans un satin de mauvaise qualité, le qipáo reste un vêtement encore apprécié pour son aspect ancien et culturel très marqué. On trouve également des habits de type qipáo s’arrêtant à la taille, à porter avec un pantalon ou une jupe.

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  • Raccourci

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catégorie : arts plastiques, arts graphiques, histoire de l’art, nom masculin, du français.

En représentation en 2D (peinture, dessin, gravure, etc.), un raccourci ne désigne pas un moyen de dessiner plus vite, mais la position d’un membre visuellement « raccourci », dans le sens où il n’est pas montré dans sa posture naturelle. Par exemple, un bras montré en raccourci est un bras qui n’est pas dessiné ou peint dans sa longueur, mais qui est montré à l’horizontale, vers l’avant, ou replié vers le haut, de sorte qu’on le voit d’une manière non naturelle, sa longueur étant aplatie par le point de vue. 

Les raccourcis sont réputés comme très difficiles à représenter, car moins évidents à reconnaître par l’œil. On les considère aussi parfois comme peu gracieux. 

Pourtant, réussis, les raccourcis apportent une virtuosité supplémentaire à l’œuvre, une théâtralité nouvelle, et permettent aussi de voir le corps humain dans toutes les positions. Les scènes peintes en raccourci sont réputées pour leur aspect plus naturel, moins composé. Ceci explique qu’on en trouve beaucoup dans les arts graphiques actuels, la bande-dessinée ayant recours à un dessin parfois dramatique, pour accompagner l’action. 

En histoire de l’art, le raccourci le plus célèbre est sans conteste La Lamentation sur le Christ Mort, de Mantegna. Peint en 1480, ce tableau donne à voir un Christ allongé depuis un point de vue rasant situé à peine plus haut que le corps. Le procédé confère à l’œuvre une profondeur et une frontalité supplémentaires qui rapprochent le spectateur et la peinture du huis clos, et intensifient ainsi l’expérience de lamentation.

Rendez-vous dans deux semaines pour 5 nouvelles définitions artistiques. Pour vous proposer un contenu toujours aussi passionnant, l’Abécédaire Artistique est mis en ligne un jeudi sur deux.

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