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« No Zombies » : pour l’amour d’un frère

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Olivier Peru, Benoît Dellac et Evgeniy Bornyakov publient aux éditions Soleil le premier tome d’une série prometteuse, No Zombies, intitulé « Le Livre de Joseph ».

L’univers mis en images par Olivier Peru, Benoît Dellac et Evgeniy Bornyakov ne surprendra personne. Citant textuellement George A. Romero, renvoyant inévitablement aux tableaux apocalyptiques dont se sont gavés les suiveurs de The Walking Dead depuis plus de dix ans, « Le Livre de Joseph » prend pour cadre une société en lambeaux, gangrénée par les zombies, où la survie a été érigée en impératif permanent et quasi exclusif. Une poignée d’individus poursuit toutefois un dessein plus altruiste : apporter un vaccin aux survivants pour leur permettre de résister à une éventuelle morsure mais aussi, quand cela est possible, de retrouver leurs proches.

Dans No Zombies, un mort-vivant peut ainsi reprendre apparence humaine. Il conserve toutefois généralement des souvenirs diffus de sa vie de mangeur de chair. « J’ai des flashs… des sensations horribles… » Ou : « On fait tous les mêmes cauchemars. » Ces réminiscences ont leur importance, puisqu’elles vont guider Joseph vers son frère aîné Art, transformé mais pas condamné. Leader du groupe cherchant à répandre le vaccin à travers l’Amérique, il mène ainsi une quête gardée secrète, censée lui permettre de sauver celui qui fut pour lui un père de substitution et un mentor. En attendant, force est de constater que « le virus a transformé le monde en parade d’Halloween » et ce, même si la perspective d’intégrer une cité futuriste donne un peu de baume au cœur de Joseph et ses amis.

En effet, dans la ville de New Olympus, créée par Dylon Tusk (coucou Elon Musk), des installations avant-gardistes permettent une autosuffisance énergétique laissant songer à un oasis en plein désert. Mais c’est sans compter sur la nature humaine, prompte à saccager égoïstement ce qui fait son assise. Comme dans The Walking Dead ou Le Territoire des morts, pour ne citer que ces deux exemples, les survivants se coalisent en groupes rivaux et s’affrontent jusqu’à la mort. Ainsi, entre les déplacements de meute et les arbres à zombies, au-delà des visions post-apocalyptiques parfaitement portraitisées, ce sont les destinées de plusieurs groupes humains qui vont présider à l’intérêt du « Livre de Joseph ». Vengeance, esprit de prédation et incommunicabilité, le tout sur fond d’exploitation des zombies, disséminés dans les tunnels souterrains de New Olympus, vont caractériser les porosités entre bandes rivales, et même coopérantes.

En dépit du genre très codifié dans lequel il s’inscrit, ce premier tome de No Zombies est prometteur. Choral, exploitant parfaitement la typologie de New Olympus, bien rythmé et généreux en rebondissements, l’album d’Olivier Peru, Benoît Dellac et Evgeniy Bornyakov s’appuie en sus sur des considérations filiales, mettant ainsi un peu d’humanité dans son univers post-apocalyptique. Le grand défi qui attend les auteurs consistera à surprendre un public déjà largement initié à un genre qui peine à se renouveler, malgré des œuvres singulières (mais lacunaires et assez rares) telles que Teddy (de Ludovic et Zoran Boukherma).

No Zombies : Le Livre de Joseph, Olivier Peru, Benoît Dellac et Evgeniy Bornyakov
Soleil, octobre 2021, 64 pages

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