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Romy et Sissi : Le rôle qui amorce une légende

Actrice césarisée à de multiples reprises, son nom est aujourd’hui un prix, le césar de l’espoir féminin francophone du cinéma français. Durant sa carrière, cette actrice allemande a enchaîné les rôles marquants au cinéma : allemand d’abord, puis français, italien, américain. Elle tourne avec les plus grands : Visconti, Clouzot, Welles, Chabrol, Sautet. Retour sur une emblématique et éternelle déesse du cinéma : Romy Schneider.

À 18 ans à peine, n’ayant jamais pris un seul cours de comédie, elle interprète Elisabeth de Wittelsbach dans la très connue saga Sissi d’Ernst Marischka. Rosemarie Schneider-Albach ne le sait pas encore, mais elle va impacter plusieurs générations. Le second volet, Sissi Impératrice, sort en 1956 faisant suite au succès du premier. Partout en Europe, c’est la Sissimania. Les jeunes filles adoptent les cheveux longs et bouclés et les jupons bouffants. La rumeur court que le 1e film aurait engrangé autant voire plus qu’Autant en emporte le Vent !

Dans ce second volet, nous suivons Sissi dans sa nouvelle vie à la cour viennoise. Les leçons interminables, les rencontres avec les diplomates, tout cela, elle l’exècre, mais son statut d’impératrice d’Autriche l’y oblige. Des tensions constantes naissent avec l’archiduchesse Sophie, et elles s’exacerbent avec la naissance de son premier enfant qu’on lui prend. Entretemps, la politique n’attend pas et il est impératif de calmer le climat avec la Hongrie…

Le film est réalisé par Ernst Marischka connu pour Mam’zelle Cri-Cri, Les Jeunes Années d’une reine, les trois volets de Sissi (Sissi, Sissi Impératrice et Sissi face à son Destin), le directeur de photographie est Bruno Mondi, qu’on retrouve en étroite collaboration avec Marischka pour plusieurs films, dont ceux cités, le compositeur attitré du film est Anton Profes qui a eu une carrière prolifique en Autriche.

Les rôles principaux sont tenus par Romy Schneider pour Sissi, Karlheinz Böhm dans le rôle de Franz (François-Joseph) qu’on retrouve dans le génial Voyeur de Michael Powell, Magda Schneider dans le rôle de la mère de Sissi, la duchesse Ludovika, Vilma Degischer dans le rôle de l’archiduchesse Sophie, Gustav Knuth dans le rôle du duc Max de Bavière, et Joseph Meinrad dans le rôle du colonel Böckl.

La longue et riche carrière de Romy Schneider a montré qu’elle était bien loin de ce personnage de « Sissi », mais nous nous demanderons :

Comment la réalisation d’Ernst Marischka et l’interprétation de Sissi ont-elles participé à rendre le personnage indissociable de l’actrice et nous ont-ils permis d’être aux premières loges pour témoigner de son talent inné?

Pour répondre à cette question, nous dirons d’abord comment les choix artistiques de Marischka mais aussi le contexte du tournage ont participé à construire cette image qu’on ne peut dissocier de Romy Schneider, puis nous dirons en quoi l’interprétation de Romy Schneider a participé à la légende.

Un décor à la hauteur de la réalisation

La réalisation et la production de la trilogie des Sissi a dû être considérable pour l’époque. En effet, nous ne pouvons pas nier l’importance de ceux-ci dans le fait d’avoir figé Romy Schneider sous les traits d’Elisabeth de Wittelsbach.

Pour le second volet, les décors sont à la hauteur de la production avec des lieux de tournage à Vienne et Salzbourg. En effet, le tournage a eu lieu au studio Rosenhügel à Vienne, mais aussi dans des lieux somptueux comme le palais de Schönbrunn, dans la même ville et la scène du couronnement se serait déroulée à l’église St-Michel de Vienne, notamment pour les scènes se passant à l’intérieur. Le château de Fuschl à Salzbourg aurait été aussi utilisé pour les scènes se passant à Possenhoffen. D’après Loïse Delacotte, il semblerait que des meubles d’époque aient été utilisés.

Sissi Impératrice
credit Wiképédia

Mais ce n’est pas tout, car nous pouvons apercevoir Romy Schneider dans une tenue d’apparat pour le bal réunissant les Hongrois et les Habsbourgs scellant l’armistice. Les bijoux en étoiles que Schneider a dans la chevelure sont exactement ceux apparaissant sur le portrait de la « Kaiserin » dit « en épaule » de Winterhalter datant de 1865.

Une musique marquante et caractéristique

Comment ne pas réussir un film sans une bande son adéquate ? Anton Profes est le compositeur attitré de ce second volet (comme les deux autres). Ce musicologue originaire de Bohème est derrière le thème si particulier à Sissi avec ces accords de violons romantiques si caractéristiques. Ainsi, grâce à sa composition, les scènes acquièrent encore plus leur sens. Par exemple, le rapport amoureux et la complicité entre Franz et Sissi est exacerbé à l’extrême, tout comme les moments dramatiques du film, ou les moments joyeux comme la naissance de la petite Sophie, ou la réconciliation entre les époux.

Mais le film est aussi agrémenté des plus belles valses composées. Parmi les compositeurs célèbres utilisés pour le film, nous pouvons citer Haydn avec son « Kaiserlied », mais aussi « Roses du Sud » et « la valse de l’empereur » de Johann Strauss II (bien qu’anachronique, les morceaux datant de 1880 et 1889 soit une trentaine d’années après les événements) mais aussi « l’Alléluia du Messie » de Haendel, « La Valse de Faust » de Charles Gounod, et plein d’autres.

Après de nombreuses recherches restées infructueuses, il n’y a pas de liste officielle des OST de Sissi Impératrice, ce qui rend difficile de connaître le nom exact des thèmes utilisés, qu’ils soient ceux de Profes ou des autres compositeurs.

Une histoire romancée

Sissi parle d’un personnage historique qui a réellement existé: Elisabeth de Wittelsbach. Mais dire que Sissi Impératrice est vrai serait un affront. Nous ne nous plongerons pas dans les détails car cette partie à elle seule prendrait des pages à développer. Néanmoins, nous dirons pourquoi ce film ne peut pas être considéré comme un biopic historique. Nous expliquerons pour commencer les motivations de Marischka et nous donnerons quelques exemples. Il y a deux types d’erreurs historiques commises par le réalisateur et scénariste : celles qui n’allaient pas avec son scénario, et celles qui étaient obligées par le contexte de l’époque.

Concernant les erreurs faites car elles servaient mieux le scénario, il est important de savoir qu’Ernst Marischka voulait mettre sur pellicule l’histoire d’Elisabeth Wittelsbach de manière romancée. Dans les trois films, il a tout bonnement effacé les évènements malheureux de la vie de la kaiserin pour en donner cette image positive, pure et angélique et en faire la « Sissi » qui a marqué les esprits. Par exemple, il a omis de dire que Sissi avait perdu la petite Sophie à cause de la maladie. Ce n’est pas tout puisque contrairement au film, celle-ci n’a jamais pu récupérer sa fille de la tutelle de « son altesse impériale » Sophie, qui d’ailleurs n’a jamais élevé la petite, mais en a délégué la responsabilité à une comtesse choisie. Donc, l’événement déclencheur dans ce volet n’a tout bonnement jamais été résolu en réalité.

Les autres erreurs historiques commises  ont été obligées par le contexte de l’après-guerre. Nous n’énoncerons qu’un seul exemple : le couronnement de François-Joseph et Elisabeth comme roi et reine de Hongrie. Celui-ci a lieu, historiquement le 8 Juin 1867 à l’église de Notre Dame de l’Ascension de Budavàr en Hongrie. Malheureusement, suite aux combats de la seconde guerre mondiale, ayant endommagé le lieu, mais aussi l’Insurrection de Budapest en 1956, il a été décidé de tourner la scène à l’église St-Michel à Vienne. Donc ici, ce n’est pas la faute de l’équipe.

Néanmoins, il est important de dire que la saga des Sissi n’a sûrement jamais eu pour but d’être historiquement vrai. Marischka en tant que scénariste a fait des choix qui ont modelé l’œuvre pour en faire ce qu’elle est aujourd’hui : un conte de fée, précurseur des Live Action de Disney.

Un moyen de redorer le blason des Allemands et des Autrichiens…

Voici aussi la possible raison d’un tel modelage idéaliste: faire oublier le passé nazi des deux pays. Les choix techniques du film ne sont absolument pas anodins et pourraient aller dans le sens de cette théorie. Il semble vraiment que tout est fait pour faire oublier les malencontreux choix des Autrichiens pendant la seconde guerre mondiale qui s’est finie à peine une décennie plus tôt.

Sissi Impératrice embellit le patrimoine et la culture des Autrichiens et des Allemands. Par exemple, on montre une population accueillante et ouverte, comme lors du voyage des altesses royales au Tyrol. Nous sommes admiratifs des bals où la valse prend place dans un cadre aussi somptueux et raffiné. Parfois, certains aspects développés sont plus anodins comme l’aspect culinaire. Par exemple, ils sont mis en avant lorsque de la bière et la choucroute, spécialités allemandes par excellence sont servis aux monarques pour leur anniversaire de mariage.

D’autres aspects sont plus subtils, notamment le traitement des dirigeants. On ne montre jamais François-Joseph en guerrier, alors qu’il est un homme de pouvoir, lui qui dans la réalité a été sur beaucoup de champs de bataille. Il est dépeint comme un souverain magnanime et bienveillant allant contre son conseil de ministre pour proclamer l’Amnistie avec les Hongrois. Il permet même à Andràssy, le chef des rebelles hongrois de revenir d’exil. Il est indulgent et cherche la résolution des conflits par le dialogue et la diplomatie.

François-Joseph et Sissi sont montrés comme des souverains de cœur, des personnes qui veulent faire oublier et réconcilier un empire multi-ethnique en signant l’armistice avec la Hongrie, et en devenant leurs souverains légitimes. L’amour de Sissi pour la Hongrie et son ouverture à la langue et à la culture hongroise vont contre toute l’idéologie nazie de supériorité d’une ethnie par rapport aux autres et de supériorité culturelle.

La scène finale du film montre Sissi émue par son propre couronnement en Hongrie. Cette scène reste assez énigmatique à interpréter mais on peut clairement supposer qu’elle est émue par l’acclamation des Hongrois, son peuple. Par extension, cela entretiendrait cette image de pureté d’âme de l’impératrice, dont le cœur n’a pas de place pour le racisme ou la rancune ou quelqu’émotion négative.  La mise en scène de Marischka et tous ses choix techniques sont donc clairement orientés pour faire briller l’Autriche et l’Allemagne et maquiller le passé des deux pays.

« C’est un ange…je vois un ange. »

retrospective-sissi-imperatrice-romy-filmIl est de notoriété publique que Romy Schneider n’était pas du tout emballée à l’idée d’interpréter Sissi pour les deux volets faisant suite au premier. Elle aurait refusé de tourner un quatrième volet contre un cachet astronomique de 80 millions de marks d’après Romy Schneider elle-même dans une interview pour Paris Match datant du 22 Février 1969. Mais pourquoi Romy Schneider en avait-elle assez de ce personnage, et ce, si rapidement?

La Sissi de Marischka est si belle, si fraîche, si éthérée, si pure. Elle est une vraie poupée Barbie, une princesse Disney en chair et en os. Le colonel Bückle en est amoureux et la définit comme « un ange ». Et en effet, tout en elle transpire la pureté virginale. Par exemple, bien qu’étant enceinte dans ce volet, nous ne voyons jamais Sissi enceinte. La grossesse n’a pas vraiment l’air de la changer d’un iota, elle garde sa taille de jeune fille, sa fraicheur. De fait, cette Sissi ne semble jamais réellement être femme, mais d’être une éternelle jeune fille, enamourée de son mari parfait.

Si on connait bien la filmographie de Marischka avec Schneider, on voit tout de suite ce qui ne va pas. De plus, dans la grande majorité, les films où Romy tourne avec Marischka, sont aussi ceux où elle tourne avec sa mère. Que ce soit Les jeunes années d’une reine où elle est la jeune reine Victoria, ou Mam’zelle Cri-Cri, où elle est une jeune fille naïve allant à Vienne à la rencontre de son destin parce qu’elle croit à une prédiction achetée dans une foire, elle est tout aussi angélique et virginale que Sissi. Marischka a créé des personnages et des univers similaires dans les films avec Romy. Par exemple, dans Mam’zelle Cri-Cri, on montre les défilés viennois, on met en avant l’aspect jovial de la ville, on montre les spécialités culinaires locales. C’est exactement ce qu’il fait dans Sissi Impératrice. C’est juste sa signature.

Magda Schneider était aussi un problème pour la jeune Romy Schneider. Sa mère qui était une célèbre actrice, s’était associée au IIIe Reich et après la chute du Führer, elle cherchait à relancer sa carrière, et elle profitait de la notoriété et de l’intérêt qu’on portait à sa fille pour avoir des rôles. La carrière de Romy a donc été piloté pendant quelques années par sa mère.

Romy Schneider s’efforce malgré tout à maintenir ce personnage lumineux, frais et spontané, malgré toutes les difficultés qu’elle a à s’identifier. La force de cette actrice est réellement de jouer avec une telle spontanéité qu’on y croit. Nous croyons vraiment qu’elle est Sissi et qu’elle ne supporte plus de vivre à Vienne. Mais finalement, comment ne pas y croire lorsqu’elle-même cherchait à fuir des contraintes similaires imposées par sa famille?

Romy Schneider dans Ludwig ou le cépuscule des dieux
Romy Schneider dans Ludwig ou le crépuscule des dieux de Visconti.

Sa naïveté et la facilité de ce personnage de Sissi, c’est peut-être ce que Schneider reprochait à son personnage. Selon le journaliste, Jean-Pierre Lavoignat, l’écrivain Henry-Jean Servat, et Bernard Pascuito, au micro de France Culture,  Romy Schneider ne détestait pas Sissi, elle n’aimait juste pas tous les rôles où elle était cantonnée à cette jeune fille candide et parfaite. Elle ne s’identifiait juste pas à ce genre de personnage, et elle s’y sentait enfermée. On peut même aller plus loin en rappelant qu’elle a interprété Elisabeth de Wittelsbach dans le film de Visconti Ludwig ou le crépuscule des dieux. De son propre aveux, elle se sentirait plus proche de cette Sissi-là.

Mais un ange qui n’existe pas…

De la personne d’Elisabeth de Wittelsbach, il ne reste presque rien. Mis à part le nom, l’ascendance et quelques réels hobbies comme les voyages, la poésie et l’amour de l’équitation. Il n’y a rien de vrai dans ce personnage. Tous les drames de la vrai Sissi ont été effacés.

Dans la vie réelle, Elisabeth de Wittelsbach a eu une vie des plus malheureuses. Elle a été mariée à 16 ans, s’est retrouvée enfermée dans ce protocole viennois pompeux. Elle a perdu plusieurs enfants, dont l’un par suicide. Elle a eu plusieurs problèmes de santé : elle semble avoir été dépressive et anorexique, en plus de la tuberculose. Elle était même assez impopulaire à Vienne. Et sa fin est tout aussi terrible, puisqu’elle est assassinée en 1898.

Ses troubles de santé et les pertes successives de ses proches ont encore plus fragilisé sa personne, en la rendant encore plus fuyante loin de la cour et des responsabilités. Ce côté insaisissable et libre qui est un peu mis en avant dans le film peut réellement être interprété comme la fuite de ses responsabilités dans la réalité, et de fait, c’est ce qui lui aurait été reproché : de ne pas assumer les devoirs d’impératrice qui lui ont été délégués lorsqu’elle a épousé l’empereur.

Apporter du contraste à un personnage si manichéen: Romy l’a fait.

Bien que l’univers de Marischka la contraigne à jouer un personnage aussi idéalisé, Romy Schneider a réussi à lui instiller malgré elle, un contraste. Subtile, indétectable certes, mais nous ressentons pourtant une certaine perte de candeur dans cette Sissi Impératrice.

Cela peut être dû au fait que Romy Schneider elle-même se sentait écrasée par  ce personnage, étouffée par le corset de la candeur. Elle reportait peut-être toutes les émotions dues aux contraintes du tournage en les transformant en contraintes de cour. De fait, Sissi et Romy ne pourrait faire qu’un dans ce contexte.

Mieux encore, lorsqu’on nous montre l’élément qui fait perdre sa candeur à l’impératrice, le fait qu’on lui retire son nouveau-né, Romy Schneider interprète avec brio un personnage qui malgré son statut et son pouvoir, est mère. Elle se définit comme mère avant tout ce que le protocole lui demande. Au départ, elle s’enfuit de Vienne, montrant que personne ne peut la maintenir en laisse. Même si elle revient à Vienne, elle ne cède pas avant que son enfant lui soit rendu. Elle menace Franz de partir pour toujours pas dans un élan de désespoir, mais connaissant complètement les répercussions d’une telle décision si on voyait que l’empereur et l’impératrice sont séparés dans une Autriche du XIXe très catholique. Elle le sait car la première chose que disent les conseillers de Franz est que des rumeurs circulent parlant du fait que Sissi et Sophie sont en conflit. C’est pour cela qu’une apparition publique ensemble leur est demandée à elles deux. Sissi mesure donc toute la portée de la situation.

Nous pouvons dire qu’il y a une certaine ambivalence avec un personnage si candide et en même temps assez loin de la Sissi initiale avec ce genre de menaces. Elle paraît à ce moment-là bien loin de la Sissi qui pleure son sort lorsqu’elle se réfugie chez ses parents. Elle n’a pas l’air désespérée face à Franz mais ferme et déterminée. Elle traite le sujet comme toutes les crises diplomatiques qu’elle doit résoudre.

Pour une jeune actrice de 18 ans, montrer autant de contraste et d’ambivalence chez un personnage aussi niais et écrit pour l’être, mais aussi la mère en elle, est incroyable. C’est une chose qu’elle ne connaissait pas encore et pourtant, elle le fait avec un naturel tel qu’elle montre juste son génie. Elle passe de l’ingénue à la mère en une réplique savamment dite. Sissi est un film inédit où on assiste aux balbutiements du talent de Romy Schneider. Le spectateur sent ce talent encore sauvage, indomptable, encore peu canalisé mais bien présent. Puis, il voit la maîtrise se mettre en place mais en gardant toujours autant de naturel dans les futurs rôles de Schneider, dont la composition est plus complexe.

Bien évidemment, le film et le scénario de Sissi Impératrice sont tissés pour étaler des valeurs conservatrices où on demande à l’épouse de se soumettre à son époux (nous sommes en 1956). Elle se soumet à la volonté de son mari en paraissant avec lui devant la délégation hongroise par devoir, et elle est récompensée pour cela en ayant son enfant rendu. C’est un personnage qui reviendra toujours sur le droit chemin demandé par les convenances.

Conclusion

Chez le spectateur, il y a une vive émotion lorsqu’il découvre les premiers travaux d’un acteur dont le nom sonne comme celui d’un héros légendaire. Ses premiers balbutiements gardés sur pellicule, le talent inné présent, brûlant, encore sauvage, l’inexpérience charmante, l’interprétation parfaite qui actionne la roue tissant le fil de son l’immortalité.

Marischka a fait de Romy Schneider une figure à laquelle beaucoup se sont raccrochés durant cette période post-guerre. Toute la mise en scène dans les décors tour à tour somptueux ou naturels, animés d’une musique caractéristique, autour de ce personnage romancé, beau et amoureux et dont les aspects sombres ont été maquillés font partie de ce qui a hissé Romy Schneider en immortelle impératrice vertueuse.

Sissi Impératrice fera toujours partie des films qui ont lancé Romy Schneider malgré le fait que le personnage soit peu complexe, trop candide et plat. Aujourd’hui, ceux qui se lancent dans un film ou série sur Sissi se verront asséné une critique: Romy Schneider est mieux. Pour beaucoup de fans, nulle actrice ne la surpasse dans ce rôle. Elle reste Sissi pour beaucoup et quoiqu’il arrive, il semble impossible de casser cette image.

Malgré son jeune âge et son expérience encore limitée, Romy Schneider parvient quand même et malgré la direction de Marischka à créer un contraste chez cette Sissi. Il est presque imperceptible et le personnage reste soumis, plat et idéalisé mais elle parvient à montrer qu’elle porte des convictions fortes. En cela, et tout comme l’héroïne, elles sont similaires puisqu’elles fuyaient un monde écrasant et étouffant. La boucle est bouclée. L’une et l’autre ne font qu’un. L’une et l’autre existent mutuellement.

Romy Schneider est et restera cette Sissi Marischkéenne mais ce n’est pas un drame. Non, ce n’est pas un drame, quand on voit qu’elle part de ce rôle pour interpréter des personnages complexes, modernes, parfois meurtris, qui lui ressemblent. Ce n’est pas si grave si Sissi lui colle à la peau, parce que par la suite, Sissi est devenue Odette, Clara, Elsa, et le spectateur qui le découvrira aura une chance incroyable: avoir assisté à la naissance de Romy Schneider.

Fiche technique :

Réalisateur et Scénariste: Ernst Marischka
Directeur de la photographie: Bruno Mondi
Musique: Anton Profes
Décors: Fritz Juptner-Jonstorff
Durée: 107 minutes
Langues: allemand-hongrois
Année: 1956

Sources pour rédiger cet article :
Sissi Impératrice- IMDb ; Les secrets de tournage et anecdotes de la saga Sissi- Cosmopolitan ; Sissi impératrice- wikipedia ; Anton Profes- wikipedia ; Romy Schneider- wikipedia ; Ernst Marischka- wikipedia ; Elisabeth Wittelsbach- wikipedia ; Bruno Mondi- wikipedia ;  Romy Schneider,Belle, Vivante, Contemporaine- France Culture ;  Romy Schneider-  C à vous