Le FIFF Namur referme ses portes demain, nous y avons découvert douze longs métrages et notamment Amore Mio de Guillaume Gouix (compétition 1ère œuvre), Arlette ! de Mariloup Wolfe (les pépites), Spare Keys de Jeanne Aslan et Paul Saintillan (FIFF Campus 12+).
Amore Mio de Guillaume Gouix
Avec : Alysson Paradis, Élodie Bouchez, Viggo Ferreira-Redier, Félix Maritaud
Production : Agat Films – Ex nihilo
Synopsis : Lola refuse d’assister à l’enterrement de l’homme qu’elle aime. Elle convainc Margaux, sa sœur, de les emmener, elle et son fils, loin de la cérémonie. Sur la route qui les mènera vers l’Italie, elles découvrent les adultes qu’elles sont devenues et tentent de retrouver la complicité des enfants qu’elles étaient.
Déjà dans Mon Royaume, son court métrage de 2019, Guillaume Gouix avec un sujet un peu « attendu » créait un peu la surprise avec ces trois frères et sœurs, dont l’un décidait de ne pas se laisser envahir par la nostalgie, de faire son deuil autrement. Il privilégiait la fraternité, le moment présent, pas le ressassement. C’est certainement aussi le choix de Lola lorsqu’elle refuse d’aller à l’enterrement de l’Amore mio du titre. Elle étouffe alors elle veut faire son deuil à sa manière en embarquant son fils (qui lui avouera plus tard qu’il aurait aimé aller à l’enterrement) et sa sœur, avec laquelle elle ne parle plus depuis plusieurs années (une distance invisible s’est peu à peu créée entre elles). Ce road movie, cette histoire de sororité, est racontée avec beaucoup de simplicité, une attention aux regards, aux moments qui, l’air de rien, comptent et font basculer une relation. Ce n’est pas de la nostalgie, mais ce qui persiste de la vie au cœur d’un drame, de ces petites vidéos que Gaspard regarde puis fabrique à son tour, pour se souvenir, reproduire et continuer à célébrer celui qui n’est plus.
Arlette ! de Mariloup Wolfe
Avec : Maripier Morin, Gilbert Sicotte, David La Haye, Paul Ahmarani, Benoît Brière
Production : Caramel Films
Synopsis : Approchée par le Premier ministre du Québec pour rajeunir l’image de son gouvernement, Arlette Saint-Amour, directrice d’un magazine de mode, devient, du jour au lendemain, ministre de la Culture. Elle réussit par son look et son audace à créer un véritable buzz autour de la Culture. Téméraire, elle n’hésite pas à affronter le plus puissant d’entre tous : le ministre des Finances. Leurs dossiers sont des batailles à livrer, mais leur confrontation est une véritable guerre autour du pouvoir de l’image.
Deuxième visionnage de la catégorie « les pépites » qui nous faire redire que la sélection porte définitivement bien son nom ! Arlette ! est un petit bijou magnifiquement interprété par une Maripier Morin, alias Arlette Saint-Amour, ex-journaliste de mode et toute nouvelle ministre de la culture, à mi-chemin entre les dédales et autres arrangements de Borgen et le piquant de Quai d’Orsay. Arlette est féministe, ou forcée de l’être par le regard qu’on porte sur elle, sans cesse renvoyée à sa beauté, son statut de « starlette ». Arlette est dynamique, montée sur ressorts, elle n’attend pas trois minutes avant d’accepter une proposition, de s’opposer au mâle alpha par excellence en la personne du ministre des finances. Le film est sans temps mort, dans l’affrontement verbal permanent et très joliment mis en scène et dialogué, très drôle, très fin aussi dans ce qu’il dénonce avec un casting au sommet ! Bref, un petit bijou. Arlette est une combattante joyeuse (même si elle connaît des moments d’abattement) et sûre d’elle, non pas parce qu’elle veut écraser, mais parce qu’elle veut défendre ses convictions, coûte que coûte.
Spare Keys de Jeanne Aslan et Paul Saintillan
Avec : Céleste Brunnquell, Quentin Dolmaire, Ilan Schermann, Romane Bertrand, Megan Northam
Photographie : Alan Guichaoua
Synopsis : Nancy, début de l’été… et Sophie, dite Fifi, 15 ans, est coincée dans son HLM dans une ambiance familiale chaotique. Quand elle croise par hasard son ancienne amie Jade, sur le point de partir en vacances, Fifi prend en douce les clefs de sa jolie maison du centre-ville désertée pour l’été. Alors qu’elle s’installe, elle tombe sur Stéphane, 23 ans, le frère ainé de Jade, rentré de manière inattendue. Au lieu de la chasser, Stéphane lui laisse porte ouverte et l’autorise à venir se réfugier là quand elle veut…
L’histoire de Fifi aurait pu être un énième récit d’apprentissage au cœur d’une famille pauvre et chaotique, mais par son attachement à l’instant présent, sa rencontre très douce, il déjoue les attendus. Quand Fifi rencontre Stéphane, elle n’est pas en très bonne posture mais garde la face et il lui ouvre les portes de sa maison et un peu de son cœur (mais pas trop). L’enjeu aurait pu être uniquement amoureux, mais les réalisateurs le déplacent sans cesse, créant une osmose entre ces deux personnages en décalage dans leurs vies, sans être extravagants. La douceur et l’étrangeté des personnages est renforcée et sublimée par le jeu et la personnalité des deux acteurs Céleste Brunnquell (vue dans En thérapie, saison 1) et Quentin Dolmaire (vu dans Ovni(s), la série de Canal+), que le cinéma n’a, on l’espère, pas terminé d’admirer.