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Alien : les 40 ans d’une saga et son avenir

Le 25 mai prochain, Alien, le célèbre film de Ridley Scott, fêtera ses 40 ans d’existence et de terreur. L’occasion pour la rédaction de revenir sur ce qui a été fait pour cet anniversaire (courts-métrages, jeux vidéo…) et l’avenir de la saga au cinéma.

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ALIEN : BLACKOUT

alien-blackout-sega-xenomorphAlors que la saga s’était perdue dans des adaptations vidéoludiques lambdas (Aliens vs. Predator version 2010) pour ne pas dire exécrables (Aliens : Colonial Marines), le studio Creative Assembly avait fait très fort en 2014 avec Alien : Isolation. S’éloignant des FPS classiques, le jeu était revenu à l’horreur et l’angoisse  pures du film de Ridley Scott. Et pour cause, il n’était pas question de dézinguer du Xénomorphe à tout-va mais plutôt d’y survivre en se cachant, en évitant à tout prix de se retrouver entre les griffes de la créature sous peine de devoir recommencer depuis sa dernière sauvegarde. Un jeu qui reprenait à merveille l’esthétique et l’ambiance sous tension du premier volet de la saga, enchantant la critique et surtout les fans. Mais les faibles ventes pour un produit étiqueté AAA sur le marché du jeu vidéo (2,1 millions d’exemplaires) ont eu très vite raison des rumeurs de la mise en chantier d’une suite, et ce malgré l’attente des joueurs. Une séquelle qui n’est, à l’heure actuelle, pas du tout en développement (information confirmée en janvier par la Fox elle-même). Au lieu de cela, les joueurs ont dû se contenter d’Alien : Blackout, un jeu sur mobile reprenant l’univers d’Isolation tout en lui étant indépendant. Un désenchantement de taille qui, pourtant, a le mérite d’être une bonne adaptation téléphonique du jeu de base. Notamment via son gameplay – guider via des caméras de surveillance des PNJs à travers des couloirs sans qu’ils ne se fassent attraper par la créature – et la tension qui s’en dégage, avec l’Alien pouvant également nous attaquer à tout moment. Il est vrai qu’au vu de l’attente, la déception est bien présente. En se retrouvant avec un jeu aux limitations si caractéristiques à ce genre de support (faible durée de vie, graphismes mitigés, ensemble peu ambitieux…) au lieu d’une suite digne de ce nom, il est compréhensif que la frustration soit importante. Mais en l’état, Alien : Blackout reste un divertissement honorable qui devrait combler les fans d’Alien.

ALIEN : ISOLATION – DIGITAL SERIES

alien-isolation-digital-serie-xenomorph-foxAttention, il ne sera pas question ici du jeu vidéo sorti en 2014 sur nos consoles, mais de sa soi-disant adaptation. « Soi-disant » car vous allez voir que le projet s’est révélé être une bien belle arnaque ! À l’occasion donc des 40 ans du premier volet, 20th Century Fox était fier d’annoncer via le site IGN le lancement fin février d’une web-série d’animation de sept épisodes. Histoire d’accompagner la sortie du nouveau Blu-ray 4K du film de Ridley Scott (plus bas dans l’article). Réalisée par le français Fabien Dubois, l’idée avait de quoi séduire les fans de la première heure. Diffusée sur Youtube, cette mini-série les a très vite fait rager quant à sa piètre qualité et à son incroyable inutilité. En effet, la série digitale Alien : Isolation est un véritable doigt d’honneur à tous ceux qui espéraient y trouver une compensation suite à la stagnation actuelle de la saga. Un simple montage amateur des cinématiques du jeu mises bout à bout, qui donne l’impression d’avoir été fait par n’importe qui à partir de Movie Maker depuis son petit appartement. Un enchaînement de séquences saupoudré de quelques plans « inédits », créés pour l’occasion via une animation de moins bonne qualité que les cinématiques elles-mêmes, à savoir rigide et inexpressive (nous en revenons presque à l’époque de la PS2 !). Sans compter le format de l’ensemble, à savoir des épisodes d’une dizaine de minutes chacun, empêchant un quelconque développement de l’histoire ou bien du travail en lui-même. Un pur objet marketing sans ampleur et opportuniste comme c’est si souvent le cas lors d’un tel événement, mais qui avait rarement pris les gens pour des abrutis comme ça. La seule chose à retenir pouvant vous faire sourire, c’est de visionner cette web-série en ayant au préalable lu l’interview de Fabien Dubois accordée à Allociné (que vous trouverez ici). C’en est presque hilarant de voir à quel point le réalisateur parle de cet attrape-nigaud comme d’un projet hors-norme, alors que celui-ci ne vaut tout simplement rien. De l’argent jeté par la fenêtre sans ménagement, voilà ce qu’est Alien : Isolation – Digital Series ! Et si la curiosité vous en dit ou que la bande-annonce (ci-dessous) vous a donné envie, vous pouvez toujours trouver ces sept épisodes sur Youtube ou bien sur le site IGN.

ALIEN : ANTHOLOGY

Il y a de cela quelques mois, la Fox avait lancé un appel aux courts-métrages pour les 40 ans du premier film. En plus d’être un cadeau d’anniversaire pour les fans, ce projet avait pour but de relancer quelque peu la saga en perdition en mettant en avant de jeunes cinéastes ainsi que leur capacité à exploiter l’univers si emblématique de la créature. Sur 550 courts-métrages reçus, 6 ont été retenus par la Fox pour une diffusion via IGN et ce depuis le 29 mars dernier. L’occasion pour la rédaction du Mag du ciné de vous offrir ces petits films et l’impression qui s’en dégage. Petit détail à noter avant le visionnage : tout comme la saga principale, ces courts reprennent un élément marquant de celle-ci, à savoir mettre en avant une héroïne à l’instar de Ripley/Sigourney Weaver.

  • Alien : Containment (9 min 33), de Chris Reading ⇒ Coincés dans une capsule de sauvetage suite à la destruction de leur vaisseau, quatre survivants tentent de faire le point sur ce qui a bien pu se passer. Sans se douter que l’un d’eux est infecté… AVIS : Se sachant limité par son format (faibles moyens), ce court-métrage fait honneur à la saga. Sans toutefois lui apporter quoique ce soit en termes scénaristiques, Containment reprend ce qui faisait la force du film de Ridley Scott : la tension, la peur de l’inconnu (on ne voit quasiment pas le Chestburster malgré sa présence) et la claustrophobie. Sans oublier le décor unique, les costumes et les effets sonores, très fidèles à la franchise. Une bonne mise en mise en bouche pour cette série de courts-métrages !

  • Alien : Specimen (10 min 16), de Kelsey Taylor ⇒ Alors qu’elle poursuit son travail quotidien en examinant des échantillons de terre, une botaniste se retrouve bloquée dans son laboratoire, ce dernier s’étant mis en quarantaine à la suite de la détection d’une forme de vie inconnue… AVIS : Tout comme Containment, Specimen reprend les atouts phares du film originel en jouant sur la tension et l’obscurité pour un jeu du chat et de la souris efficace. Mais à la différence de son prédécesseur, Specimen se permet quelques effets spéciaux – de bonne qualité au vu du format titre – pour montrer le Facehugger du scénario. Offrant au court un aspect moins fan fiction.

  • Alien : Night Shift (9 min 18), d’Aidan Michael Brezonick ⇒ À la fermeture d’un bar de la colonie, un conducteur de vaisseau est retrouvé dans une ruelle, en pleine gueule de bois. Ramené dans un entrepôt, l’état du bonhomme va vite empirer, laissant une jeune recrue face à une créature assoiffée de sang… AVIS : Ayant le mérite d’explorer la vie de colons plutôt que de militaires et de scientifiques, Night Shift se révèle être toutefois le vilain petit canard de cette série de courts. Partant sur un postulat qui sent bon la comédie noire (une cuite…) et à la thématique déjà traitée par ses prédécesseurs (la naissance d’un Alien), Night Shift est mauvais en tout point. Mal joué, montage énervant (cet enchaînement de fondus au noir…), mise en scène sans impact, scénario et personnages sans intérêt… Le moment le plus intéressant est coupé par le générique de fin, c’est pour dire !

  • Alien : Ore (10 min 39), de Sam et Kailey Spear ⇒ Rêvant d’une vie meilleure pour elle et sa famille, une mineuse se retrouve confrontée à la mystérieuse mort d’un de ses collègues. Devant choisir entre la fuite et faire face à ses peurs en désobéissant à sa hiérarchie, elle devra faire ce qui est juste pour mettre sa famille en sécurité… AVIS : Après un Night Shift diablement fade, retour à la tension avec Ore, un court qui a la légitimité de présenter des personnages jamais vus dans l’univers Alien et de revenir à l’horreur pure – le Xénomorphe y apparait enfin dans sa forme « adulte ». Si l’ensemble est entaché par le mauvais jeu des acteurs, cela reste efficace, tendu voire même attachant quant aux traitement de son héroïne – toujours dans les limitations du format, cela va de soi.

  • Alien : Harvest (9 min 16), de Benjamin Howdeshell ⇒ Les survivants d’un récolteur spatial endommagé ont quelques minutes pour rejoindre le vaisseau de secours. Mais leur fuite est perturbée par la présence d’une terrible créature, qui terrorise l’équipage… AVIS : C’est sans aucun doute le court ayant le scénario le moins abouti. Mais en contrepartie, il s’agit du plus réussi en termes de mise en scène et d’efficacité. En seulement 10 minutes et avec les moyens du bord, Harvest parvient avec facilité à retrouver l’efficacité des fimls principaux en jouant à fond la carte de l’horreur et de la présence emblématique de l’Alien. Tout en usant des archétypes inhérents à la saga en seulement quelques secondes (dont la trahison de l’androïde). Sans aucun doute le plus prenant des six courts !

  • Alien : Alone (12 min 17), de Noah Miller ⇒ Le quotidien d’un androïde à la dérive dans l’espace, qui tente de revenir à la civilisation et d’exploiter pleinement le potentiel de la créature découverte à bord de son vaisseau… AVIS : Si Night Shift est le plus mauvais des courts, Alone peut facilement se présenter comme le plus frustrant. De par son parti-pris d’éviter l’horreur pour aller plus vers une sorte de thriller dramatique qui exploite pleinement le rôle des androïdes dans la saga sans toutefois se montrer efficace. Ce qui, pour les fans, risque de rappeler leur immense déception face à Prometheus et Alien : Covenant, de par son envie d’être intellectuel mais également dans sa vision de l’Alien, créature mythologique devenue simple monstre de second plan.

ALIEN : 4K ULTRA HD

alien-blu-ray-4k-ultra-hd-foxQui dit anniversaire dit forcément ressortie (DVD ou bien ciné) pour fêter cela ! Et Alien premier du nom ne déroge pas à la règle, étant donné que depuis le 24 avril dernier, le film est réapparu dans les bacs sous un format 4K Ultra HD (restauration orchestrée par Ridley Scott lui-même). Si les fans pourront pester sur le fait que cette nouvelle édition ne soit qu’une mise à niveau du Blu-ray de 2010 (également vendu dans la boîte) au niveau du son et du contenu du format, ils seront néanmoins ravis par le travail visuel apporté au film. En effet, les deux versions du film (Cinéma et Director’s Cut) ont subi un lifting non négligeable. Une restauration qui permet de découvrir le chef-d’œuvre de Scott sous un autre angle, via un étalonnage des couleurs plus subtil (le film apparait plus froid et réaliste, moins tape-à-l’œil) et un scan beaucoup plus immersif (récupération de portions d’images, bandes noires plus épaisses, cadrage quelque peu différent…). Ce qui permet au spectateur de littéralement redécouvrir le long-métrage, qui affiche pour le coup une netteté et une résolution digne de ce nom, comme peut en témoigner le comparatif fait par HD Numérique (voir vidéo ci-dessous). Pour rappel, cette remasterisation est aussi bien disponible en édition normale et que steelbook.

ALIEN3 : AUDIOBOOK

alien-3-comics-william-gibson-dark-horsesOutre les films de Ridley Scott et de James Cameron, le troisième volet de la saga réalisé par David Fincher est également devenu culte… mais pas pour les mêmes raisons que ses aînés. Ce n’est plus un secret pour personne : Alien3 fait partie de ces films ayant connu une production des plus chaotiques. Un projet qui a connu bien des déboires lors de son tournage (divergences entre le réalisateur et la production, scénario écrit au jour le jour, départ de plusieurs techniciens), de sa post-production (départ du réalisateur) et de sa pré-production. C’est d’ailleurs cette dernière qui nous intéresse ici, celle-ci ayant vu passer bon nombre de scénaristes, avec leur script respectif. Le plus connu étant celui concocté par Vincent Ward – en quelques sorte repris dans la version de Fincher sur pas mal de plans et séquences –, qui devait emmener le spectateur dans un monastère en bois en guise de station spatiale et apporter un vent de fraîcheur sur la saga (notamment via une ambiance très religieuse). Désormais, c’est la toute première version qui fait parler d’elle, celle de William Gibson (grand nom de la SF). Si l’année dernière nous apprenions que le scénario serait prochainement adapté en bande-dessinée chez l’éditeur Dark Horses (dans les bacs anglo-saxons depuis le 7 novembre dernier), nous savons qu’il sera également disponible et ce dès le 30 mai prochain en format audiobook avec la participation vocale de deux acteurs emblématiques de la franchise : Michael Biehn et Lance Henriksen. De quoi satisfaire les fans au plus haut point ! Pour rappel, ce script suivait les survivants du film de Cameron (Ripley, Newt, Hicks et Bishop) dans une station spatiale, dans laquelle ils se retrouvaient face à un groupe de résistants élevant en cachette des Xénormophes dans le but de se venger de la fameuse compagnie Weyland-Yutani. Une histoire aux relents de Guerre Froide remise au goût du jour !

ALIEN : FUTURE

Que va devenir la saga Alien par la suite ? Telle est la question que beaucoup de gens se posent aujourd’hui, aussi bien fans que cinéphiles. Car à l’heure actuelle, hormis les « gestes » énumérés tout au long de cet article, la célèbre série horrifique reste au point mort cinématographiquement parlant. C’était déjà le cas depuis que Ridley Scott avait repris les rênes en voulant imposer son Prometheus et son Alien : Covenant, mettant au placard l’Alien 5 que devait mettre en scène Neill Blomkamp (District 9, Elysium, Chappie). Une direction prétentieuse de la part du papa de Blade Runner qui n’a pas su trouver son public (critiques mitigées, score discutable de Covenant au box-office…), au point que cette nouvelle saga, dont les suites étaient prévues (dont un certain Alien : Awakening), semblent enterrées par la production – même si Scott annonça à maintes reprises y croire encore et travailler dessus. Suite à cela, des rumeurs ont vu le jour, comme quoi James Cameron reviendrait en tant que producteur pour redonner une seconde chance à Blomkamp et son projet. C’est ce qu’a laissé entendre le réalisateur de Terminator par un simple « J’y travaille, oui » au micro d’IGN pour la promotion d’Alita : Battle Angel, quant à son envie de contacter Blomkamp sur la question. Sans compter que depuis l’année dernière, il est également question d’une série, que produirait Ridley Scott et qui serait diffusée sur Hulu. Jusque-là, la seule information concrète que nous ayons provient du domaine vidéoludique avec un tout nouveau jeu vidéo actuellement en développement et pour le moment sans titre. Un retour au genre FPS mais à la manière de Destiny (selon les premiers dires), réalisé par les studios Cold Iron, qui verrait le retour du personnage d’Amanda Ripley (la fille de notre chère Sigourney).

alien-john-hurt-facehugger-foxMême si les spéculations et autres rumeurs n’ont cessé de voir le jour ces derniers mois, un facteur important vient d’entrer dans l’équation, quitte à tout remettre en question : le rachat de la Fox par Disney. Un fait médiatique qui n’est nullement passé inaperçu et dont le milieu cinématographique ne cesse de parler depuis près d’un an. Un événement pour le moins mal vu par le public, pensant voir disparaitre bon nombre des franchises phares du catalogue de la Fox. Voir ces dernières bafouées à jamais par l’image enfantine et mercantile du studio aux grandes oreilles, à l’instar de ce qu’est devenue la saga Star Wars pour beaucoup. Si l’opinion publique n’est décidément pas de leur côté ni les conséquences de ce rachat (plusieurs licenciements, des projets indépendants annulés à la pelle…), les studios Disney rassurent les fans quant au respect et à l’exploitation de ces franchises. C’est ce qu’a confirmé Emma Watts, ancienne boss de la Fox ayant gardé ses fonctions après le rachat, lors d’une convention, insistant sur le fait que cela concernait principalement quatre franchises : Avatar, Kingsman, La Planète des Singes et… Alien ! Suites ? Remakes ? Reboots ? Projet de Blomkamp remis au goût du jour ? Mise en chantier d’Alien Awakening ? Peu importe le format, la saga devrait revenir très prochainement et il nous tarde (ou pas) de découvrir ce que le tandem Disney/Fox nous aura concocté. Il ne reste plus qu’à espérer que cela soit plutôt pour le meilleur et non le pire.

Car en 40 ans d’existence, l’Alien aura su s’imposer d’entrée de jeu comme une figure emblématique du cinéma horrifique et SF. Une icône populaire et cinématographique qui traverse les âges et continue de le faire encore. Et ce même si certaines suites et produits dérivés l’auront esquintée en cours de route. Quoiqu’il en soit, profitons de cet anniversaire pour se replonger dans le film originel. Dans cet espace où personne ne nous entend crier. Bon anniversaire, cher Xénomorphe !