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L’Abécédaire Artistique
Cet abécédaire vous parlera de :
Art en général, peinture, arts graphiques, sculpture, gravure, littérature, poésie, musique, cinéma, Histoire, gastronomie, traditions, arts vivants, théâtre, opéra, philosophie, etc.
Rendez-vous un jeudi sur deux pour une chronique d’art illustrée où vous découvrirez 5 définitions artistiques issues de lettres de l’alphabet choisies aléatoirement.
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Elégie
catégorie : littérature, poésie, nom féminin, du grec ἐλεγεία/elegeía (chant mortuaire).
L’élégie est un genre poétique relevant du lyrisme. La poésie lyrique, c’est l’expression de soi, celle de ses sentiments. Elle met le poète et ses ressentis au cœur du processus créatif et de l’œuvre qui en est produite. L’élégie est un peu le versant de la souffrance du lyrisme. Si ce dernier peut évoquer une exaltation romantique ou heureuse, l’élégie est un poème écrit autour d’une souffrance, d’un deuil, d’une perte ou d’un abandon. Il s’agit donc d’un poème profondément triste.
Le nom est directement repris de l’élégie antique. Chez les Grecs, l’élégie désignait une forme poétique très codifiée, pas nécessairement liée au chagrin. Dans la Rome antique, ce type de poèmes glisse peu à peu vers l’expression de sentiments amoureux, avant de devenir l’élégie qu’on connaît, à la Renaissance, qui exprime un chagrin lié à la perte d’un amour ou à une tristesse quelle qu’elle soit.
Pierre de Ronsard (1524-1585), par exemple, était un poète friand d’élégie. L’adjectif qui accompagne l’élégie est « élégiaque ».
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Forró
catégorie : danse, musique, culture brésilienne, nom masculin, du portugais (énergie, charme).
Comme la Bossa Nova (voir Abécédaire artistique n°3) le Forró est un type de musique et de danse qui nous vient du Brésil, en particulier de la région du Nordeste. C’est le genre musical qui a entraîné l’apparition d’une danse éponyme. Dans les deux cas, le Forró se caractérise par une vive énergie et une grande sensualité, mais aussi une indéniable vivacité, calquée sur un rythme très rapide. Visuellement, les pas de danse rappellent le merengue ou la samba. A noter que le Forró se danse toujours en couple, et que musicalement, il est régulièrement accompagné de la voix. Dans ce cas-là, la cadence est souvent ralentie, allant de pair avec un phrasé sensuel, permettant aux danseurs de troquer leur rapidité pour une danse plus mesurée.
Avec de faux airs de musique gitane, ce style musical et dansé a pour instruments de prédilection, l’accordéon, la guitare et le tambour zabumba, souvent accompagnés d’un tambourin appelé pandeiro.
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Picaresque
catégorie : littérature d’abord espagnole, puis mondiale, adjectif, de l’espagnol pícaro (coquin, voyou).
Le roman ou la fiction picaresque est un genre littéraire qui nous vient d’Espagne. C’est dès les années 1500, au début du siècle d’or espagnol, que ce style émerge. Picaresque vint du pícaro, ce pauvre débrouillard dont la ruse et la malice lui permettent de glisser dans la société en dépassant sa condition pauvre.
Le ou les personnages des romans picaresques content leur propre histoire, composées d’aventures extravagantes, résultat de leur lutte contre un sort désavantageux. Au long de ces péripéties, ils frayent avec l’ensemble de la société, de ses classes les plus basses à celles plus favorisées, mais demeurent des pícaros, reprenant constamment leurs aventures sans qu’un dénouement heureux (sortie de sa condition sociale, par exemple, n’advienne).
Derrière son air aventureux, le roman picaresque est une tribune idéale à la dénonciation des injustices sociales et des politiques en place. Le genre picaresque répond à de nombreuses caractéristiques précises. Bien que dépassé, son influence demeure dans la littérature.
Par exemple, dans Tintin et les Picaros (1976), Hergé choisit de nommer ainsi les guérilleros du Général Alcazar en référence à leur côté bagarreur et à leur place tout au bas de l’échelle sociale, mais aussi à leur mode de vie hors du commun, puisqu’ils fomentent un coup d’État – rappelant donc une version moderne du genre picaresque.
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Tchekov (Fusil de)
catégorie : théâtre, littérature russe, puis toutes formes de fictions, nom masculin, du nom propre russe Anton Tchekov.
S’il vous est arrivé de vous divertir dans votre vie, vous connaissez probablement le fusil de Tchekov. Il se rencontre exclusivement dans les fictions, tout d’abord littéraires ou théâtrales, mais s’applique aujourd’hui aussi au cinéma, aux séries, etc. Un fusil de Tchekov ne désigne pas à proprement parler un fusil, mais tout objet présentant une importance dans une intrigue et montré auparavant au lecteur/spectateur de manière apparemment anodine.
Par exemple, un personnage évoque un collier perdu, il le retrouvera plus tard et le dénouement de l’œuvre pourra se réaliser grâce à ce collier. Ainsi donc, le collier n’avait pas été évoqué en vain, et certains lecteurs/spectateurs avaient peut-être senti son importance à venir. Si on avait supprimé le collier, l’histoire n’aurait pu se résoudre sans.
Le principe du fusil de Tchekov est donc contre la gratuité : tout dans une œuvre, absolument tout, doit avoir un dessein et avoir été pensé par l’auteur, c’est pourquoi on l’appelle également loi de conservation des détails. L’expression « fusil de Tchekov » vient, quant à elle, du grand auteur russe Anton Tchekov (auteur d’Oncle Vania, 1897, entres autres) et de sa citation célèbre, qu’il a réitérée à plusieurs reprises dans diverses correspondances :
« Supprimez tout ce qui n’est pas pertinent dans l’histoire. Si dans le premier acte vous dites qu’il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu’un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte. S’il n’est pas destiné à être utilisé, il n’a rien à faire là. »
L’inverse du fusil de Tchekov pourrait être le « hareng rouge » qui consiste, pour un auteur, à disséminer de fausses pistes pour dérouter son lecteur/spectateur.
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Volto
catégorie : artisanat vénitien, nom masculin, du vieil italien (visage).
Saviez-vous que les fameux masques de Venise ont un nom ? «Volto» est un terme qui, en vieil italien, désigne le visage (viso en italien moderne). On peut encore l’entendre dans des opéras en italien, par exemple dans certaines œuvres d’Haendel. Actuellement, le volto, c’est ce masque traditionnel reproduisant un visage, réalisé dans les plus prestigieux ateliers de la Sérénissimie, disséminés dans toutes la ville, mais aussi dans les îles que sont Murano et Burano, dont la première est très célèbre pour son travail du verre éponyme.
Mais revenons au volto. Au-delà des contrefaçons qui ont envahi la ville, et le monde, l’authentique masque vénitien est réalisé en papier mâché ! Il est ensuite peint et doré à l’or fin, avant d’être estampillé sur l’intérieur. Ses traits respectent les canons des différents personnages de la Commedia Dell’Arte que sont par exemple Arlequino ou Colombina. Il prend pour cela différentes formes : beau visage androgyne, long nez retroussé, demi-masque.
Dans ce dernier cas, porté avec un capuchon noir orné de dentelle vénitienne et un tricorne ou un autre type de chapeau, selon l’époque, le volto est la pièce maîtresse de la bauta, le costume typique du carnaval vénitien – nom qui désigne directement le capuchon, bien qu’il arrive qu’on parle de bauta en évoquant le demi-masque).
Aujourd’hui, le volto en papier mâché, voire en plastique, est réservé aux mascarades (voir Abécédaire artistique n°21) du carnaval de Venise. La Commedia Dell’Arte fait aujourd’hui appel à des masques de même forme, mais cette fois en cuir, moins fragiles et plus durables.
Rendez-vous dans deux semaines pour 5 nouvelles définitions artistiques. Pour vous proposer un contenu toujours aussi passionnant, l’Abécédaire Artistique est mis en ligne un jeudi sur deux.
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