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« Turbo Ciné » : tour d’horizon humoristique du septième art

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Le scénariste Popésie et le dessinateur Turbogros ont publié en août 2020 Turbo Ciné aux éditions Lapin. Ils y évoquent succinctement le septième art et son histoire dans un esprit bon enfant.

Turbo Ciné : voilà une bande dessinée qui porte assez bien son nom. En quelque 130 pages aérées, le scénariste Popésie et le dessinateur Turbogros effeuillent le septième art avec humour : fiche décennale didactique, jeux sur l’histoire du cinéma et focus sur les fondements scénaristiques de certains genres (dont le slasher et le film catastrophe) se mêlent à des résumés de certains films marquants, sur lesquels les auteurs reviennent en cinq vignettes reprenant de manière ironique – et schématique – des éléments-clés de l’intrigue. L’intérêt de cette démarche (plus sérieuse qu’il n’y paraît) est double : rappeler au lecteur, dans les grandes lignes, l’évolution du cinéma et de ses tendances, tout en adoptant un point de vue volontairement réducteur et piquant sur ses fragments les plus célébrés.

Les Gremlins sont évoqués à travers le prisme du père inconscient, Psychose de la thérapie comportementale, Star Wars des liens filiaux alambiqués ou encore The Social Network du potentiel destructeur de Facebook sur l’amitié de ses créateurs. En tout, ce sont pas loin de cent films qui se voient ainsi passés en revue, des frères Lumière à Parasite en passant par The Big Lebowski, Jurassic Park, Les 400 coups ou Un Chien andalou. En se jouant du fond ou de la forme de ces films, Popésie et Turbogros les tournent en dérision, souvent avec une mauvaise foi assumée qui peut rappeler certains des commentaires les plus superficiels entendus à leur sujet. Clerks est par exemple renvoyé au néant, Scarface à la violence et la grossièreté, Citizen Kane au seul « Rosebud » ou encore le Marvel Cinematic Universe à son inflation de personnage.

Avec légèreté, Turbo Ciné porte un regard mi-amusé mi-enchanté sur un septième art qu’il semble honorer autant que détourner. C’est précisément à la croisée de ces deux points que cette BD petit format fait mouche : se réapproprier l’objet de fascination que constitue le cinéma et le déconstruire dans un esprit caustique et bon enfant. Il y a là de quoi se replonger dans la magie des salles obscures avec gaieté.

Turbo Ciné, Popésie et Turbogros
Éditions Lapin, août 2020, 128 pages

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