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La seconde partie de « Tony, l’enfant des rivières » paraît aux éditions Delcourt

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Elsa Krim et Fred Campoy remettent le couvert avec la deuxième partie du diptyque Tony, l’enfant des rivières, revenant sur la carrière de Tony Estanguet, triple champion du monde de canoë monoplace et président du Comité d’organisation des JO de Paris 2024.

Source d’émotions intenses, incubateur de détermination, résilience et abnégation, le sport a profondément façonné Tony Estanguet, triple champion du monde de canoë monoplace et président du Comité d’organisation des JO de Paris 2024. Son histoire sportive est profondément liée à sa famille. Son père, qui fut son premier coach, et ses frères, autant modèles que rivaux, l’ont fortement influencé et l’ont conduit à se dépasser. C’est ainsi notamment qu’enfant, il rêvait d’égaler leurs performances et était frustré de ne pas pouvoir les suivre en raison de son jeune âge.

Les deux tomes de Tony, l’enfant des rivières montrent comment ces expériences ont modelé Tony Estanguet. Les auteurs, Elsa Krim et Fred Campoy, explorent le parcours et la psyché du sportif, retraçant chaque étape itinérante, depuis l’initiation au kayak jusqu’à sa rivalité avec Michal Martikán, en passant par ses duels face à son frère Patrice et l’échec des Jeux Olympiques de Pékin. Alors qu’il remporte, en 2006, le titre de champion du monde à Prague, devant son éternel rival Martikán, Tony Estanguet est ensuite désigné comme porte-drapeau français à Pékin en 2008 mais échoue précocement, en demi-finale, perdant ainsi tout espoir d’un troisième titre olympique consécutif. Il s’ensuit une longue période de doute, parfaitement restituée dans l’album, au bout de laquelle il reprendra la compétition avec un nouvel entraîneur, Sylvain Curinier.

Leur objectif est clair : performer aux JO de 2012 et, pourquoi pas, compléter une armoire à trophées déjà bien garnie. Devenu champion d’Europe en 2011 à Seu d’Urgell, il remporte quelques mois plus tard un tant attendu troisième titre olympique à Londres, devenant le premier français triple champion olympique en individuel et dans la même discipline. Entretemps, il avait pourtant dû faire face à la disparition de son père et à la nécessité d’appréhender sous un jour nouveau le canoë, signifiant pour lui de renouer avec le plaisir et la liberté et d’être moins focalisé sur le contrôle et la compétition. Le 29 novembre 2012, à 34 ans, Estanguet annonce sa retraite sportive lors d’une conférence de presse à Pau.

Ce second tome de Tony, l’enfant des rivières permet de creuser plus avant les intrications familiales et sportives. Certains flashbacks montrent par exemple la ferme de son grand-père, amoureux de la terre n’ayant jamais pris le moindre jour de congé, et déjà dépositaire d’un sens du sacrifice et de l’effort qui caractérisera des années plus tard Tony Estanguet. L’importance du mental dans la performance sportive est également très bien mise en scène par Elsa Krim et Fred Campoy. Quand les entraînements sont si intenses et la préparation tellement méthodique, l’état d’esprit peut parfois, seul, faire la différence et acter la réussite ou l’échec d’un athlète.

Tony, l’enfant des rivières (seconde partie), Elsa Krim et Fred Campoy
Delcourt, avril 2023, 64 pages

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