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Les adaptations de jeux vidéo au cinéma : les lauréats de la rédaction

A l’occasion de la sortie de Tomb Raider sur les écrans depuis hier, l’équipe de CineSerieMag a décidé de revenir sur les adaptations les plus marquantes de jeux vidéo au cinéma. De la plus fidèle à la moins réussie, du cinéma de genre au divertissement le plus basique, de Silent Hill à Prince of Persia, les résultats risquent de vous surprendre.

Jeux vidéo et cinéma : ces deux arts ne cessent de s’entremêler depuis près de trente ans. De s’inspirer l’un l’autre, de s’alimenter. Chose remarquée du côté des jeux tout d’abord, à travers les adaptations diverses et variées de plusieurs longs métrages à succès (Terminator, Le Roi Lion, Star Wars…) ou une réappropriation des codes du septième art à travers des scenarii étoffés et des cinématiques au rendu quasi réaliste rendu possible par des technologies de plus en plus performantes. Le tout renforçant ainsi un sentiment d’immersion totale. De Max Payne et son ambiance très noire sur fond de vigilante movie au récent Call of Duty : WWII évoquant sans mal les scènes phares d’Il faut sauver le soldat Ryan, en passant par Stranglehold et le polar urbain made in John Woo, les exemples sont légion.

Mais si le média vidéo ludique rêve de cinéma, la réciproque est également vraie, surtout ces dernières années, où on dénombre plus de cinquante adaptations de jeux vidéo, au cinéma ou en DTV … et pas tous du meilleur acabit. Loin de là même ! Car l’idée généralement admise, et peu reluisante, est que ces adaptations sont souvent médiocres, relevant davantage d’une opportunité mercantile plutôt que la vision artistique d’un cinéaste sur un univers en particulier.

Mais à CineSerieMag, nous n’aimons pas les idées préconçues. C’est pourquoi nos rédacteurs se sont proposés de mettre à contribution leur fibre de gamer et de se replonger dans quelques-unes des adaptations qui les ont le plus marquées. En mal certes mais aussi en bien, car oui, des pépites subsistent ! Plutôt qu’un top classique, nous avons opté pour une sélection type « lauréats » avec cinq catégories principales, où chaque rédacteur des 11 volontaires a inscrit le film de son choix dans chaque catégorie : adaptation la plus réussie, la plus fidèle, la plus nanardesque, la plus oubliable, et la plus mauvaise. Nous retrouvant devant un film ayant remporté deux catégories, nous nous sommes donc permis de rajouter une catégorie particulière, ne traitant pas d’une adaptation à strictement parler, mais d’un film reprenant intelligemment le principe. Bonne lecture !

Adaptation la plus réussie et la plus fidèle : Silent Hill de Christophe Gans (2006)

Adapter un jeu-vidéo au cinéma demande un savant mélange de fidélité à l’œuvre originale et d’identité propre. Un mélange que Silent Hill, réalisé par Christophe Gans en 2006, a su proposer au point de se retrouver vainqueur de deux de nos catégories : l’adaptation la plus réussie et la plus fidèle. Les joueurs y retrouveront les éléments qui ont fait du jeu-vidéo de 1999 le chef-d’œuvre incontournable qu’il est : la petite ville perdue dans le temps et l’espace de Silent Hill envahie par la brume, son esthétisme cauchemardesque empruntée à L’Échelle de Jacob (1990) ou encore une magnifique bande-originale aussi atroce que mélodieuse. L’univers, pourtant très particulier du jeu est suffisamment respecté dans cette adaptation pour la qualifier de très fidèle. Mais malgré tout, le film a su se faire connaître et aimer d’un public non familier avec l’œuvre vidéo ludique de Konami. Au point que cette adaptation est souvent d’abord reconnue comme film d’horreur a part entière avant que de n’être qualifiée d’adaptation. Pouvoir se créer une identité propre hors de la sphère d’un jeu-vidéo aussi mythique et respecté que Silent Hill, mérite amplement la place de l’adaptation la plus réussie de cette liste.  Par Jean-Pierre Horckman

Adaptation la plus nanardesque (mais sympathique) : Lara Croft – Tomb Raider de Simon West (2001)

Les adaptations de jeux vidéo sont souvent ratées, mais parfois quelques perles nanardesques subsistent. C’est le cas du le film Lara Croft : Tomb Raider, qui brille plus pour les tenues avantageuses de l’actrice Angelina Jolie et ses scènes de combats que ses dialogues. D’ailleurs le scénario n’est pas bien compliqué : Lara Croft, une archéologue, se voit léguer une horloge mystérieuse par son défunt père, et une organisation secrète essaie de mettre la main dessus. Mais malgré tout, on se plaît à aimer ce long-métrage qui arrive à nous divertir et dont on se moque gentiment. Il est vrai qu’il a indéniablement des défauts, mais il arrive à jouer sur notre fibre nostalgique. Un vrai film doudou, en somme…  Par Flora Sarrey

https://www.youtube.com/watch?v=m878J0fNK9Y

Adaptation la plus oubliable : Prince of Persia – Les Sables du Temps de Mike Newell (2010)

Adaptation du jeu culte éponyme, Prince of Persia : Les Sables du Temps, sorti en 2010, aurait pu être un blockbuster ambitieux. Pour preuve, son producteur est aussi celui derrière Pirates des Caraïbes, Jerry Bruckheimer, pour un film de pirates qui avait su marquer une génération en renouvelant le film d’aventure à gros budget tout en décorant son histoire de visuels impressionnants. On retrouve peut-être de cette ambition visuelle et de déploiement d’un univers fantastique et riche, mais tout semble sonner faux. Pourtant, le scénariste est également celui ayant écrit le jeu vidéo dont le film s’inspire, autant dire qu’il savait de quoi il parle. Là aussi rien à se mettre sous la dent, qu’on soit amateur des jeux ou que l’on découvre totalement univers, les personnages et leur écriture. Tout pourrait difficilement être plus lisse, cliché, sans surprise : ce qui aurait pu être une aventure rafraîchissante se mue en blockbuster laid et sans saveur. C’est à la fois dommage quand on connait le potentiel de la saga vidéo ludique, mais on se consolera en se disant qu’ils n’ont, au moins, pas poursuivi le massacre en se lançant dans une suite qui aurait un peu plus entaché nos souvenirs de jeunesse. Contrairement à beaucoup d’autres adaptations de jeux vidéo au cinéma qui continuent de hanter les fans, il reste de celles-ci qui sombrent presque miraculeusement dans l’oubli (et c’est pas plus mal).  Par Jules Chambry

Adaptation la plus mauvaise : Resident Evil – Retribution de Paul W.S. Anderson (2012)

Cinquième volet de la lucrative et nanardesque saga Resident Evil de Paul W.S Anderson, Resident Evil : Retribution franchit la ligne du navet et s’enfonce dans 90 minutes de mauvais goût absolu. Personne ne sera surpris par la qualité d’un cinquième épisode d’une franchise en demi-teinte qui n’a jamais su quoi raconter. Pourtant, le successeur du jouissif Resident Evil : Afterlife démarrait plutôt bien dans son récit avec une idée originale : une succession de décors afin de simuler une invasion de zombies. Mais la seule bonne idée scénaristique se transforme en pétard mouillé dès lors que le récit enchaîne les incohérences (pourquoi le méchant du 4 est devenu gentil ? Pourquoi faire une base aquatique aussi coûteuse et au Kamchatka ? Pourquoi les héros sont si stupides ?) et propose une direction artistique oscillant entre Luc Besson et Uwe Boll. Définitivement enterrée par son affreux chapitre final, la saga Resident Evil a creusé sa tombe avec ce Retribution, c’en est presque frustrant.  Par Louis Verdoux

L’outsider de la rédaction : Bushwick de Cary Murnion et Jonathan Milott (2017) 

Soyons clair : il aurait probablement été plus légitime de parler de Speed Racer des sœurs Wachowski, Scott Pilgrim d’Edgar Wright ou encore Hardcore Henry d’Ilya Naishuller  comme exemple d’œuvres ayant organiquement intégré les principes du jeu-vidéo à leur mise en scène. Mais la relative discrétion avec laquelle Bushwick fut accueilli mérite que l’on consacre au moins quelques lignes à sa singularité. Ce (faux) plan-séquence de 90 minutes part d’un postulat simple : en rendant visite à sa grand-mère, une femme se retrouve au beau milieu d’une guérilla urbaine. Dès le début, Bushwick accroche notre point de vue à celui de l’héroïne, celle-ci devenant notre vecteur de projection (davantage que le point d’identification) dans la situation. Ainsi, le film feint le récit subjectif pour mieux questionner le public, jusqu’à lui donner la sensation de libre-arbitre pour chacune des décisions prises par l’héroïne. Une passionnante expérimentation qui réfléchit en termes d’investissements du spectateur/joueur pour faire le pont entre les deux médiums.  Par Guillaume Meral