Marvel & Netflix collaborent pour la troisième fois pour mettre en images un héros plutôt méconnu : Luke Cage. Nouvel héros du petit écran certes, mais grande œuvre du Marvel Cinematic Universe.
Ça y est, elle est enfin arrivée, la critique de la saison 1 de Luke Cage. Alors qu’avant même d’avoir vu l’ensemble des épisodes nombre de critiques et blogueurs s’élançaient dès le jour de lancement de la série – vendredi 30 septembre 2016 – dans des écrits d’éloge ou non de la nouvelle œuvre signée Marvel & Netflix, CineSeriesMag décidait de prendre son temps. Car prendre son temps de regarder les images, c’est éviter de les lire trop rapidement, de se laisser prendre par l’émotion, et c’est donc prendre du recul.
Une prise de distance qui s’avérait selon nous nécessaire pour traiter à peu près convenablement de ce nouvel opus super-héroïque de l’écurie des Avengers et autres Gardiens de la Galaxie. Alors que nombre d’articles se sont chargés de vous présenter des (bonnes) raisons de regarder la série diffusée sur Netflix, CineSeriesMag tentera plus ou moins bien de répondre à une question : qu’est-ce que la série Luke Cage ?
Luke Cage, héros dérivé de la blaxploitation
La blaxploitation est un genre cinématographique à moindre coût dont on date l’apparition vers la première moitié des années 70’ avec les films Sweet Sweetback’s Baadasssss Song (Melvin Van Peebles, 1971) et Shaft, Les nuits rouges de Harlem (Gordon Parks, 1971). Le réalisateur Van Peebles voulait un film sur la communauté noire dans lequel la représentation, les décisions, le final cut ne seraient pas dictés par « L’Autorité Blanche ». Il essaya de passer par-delà les studios qui lui imposaient des contraintes. Il s’agissait alors de reprendre le pouvoir, d’être représenté par ceux qui sont au cœur de cette représentation, et de prouver qu’il y a un public black, et donc de faire un film pour les black, par les black, sur les blacks. À noter aussi que dans le cinéma de Van Peebles, il y a l’idée d’aller contre cette idée véhiculée que le black ne s’en sort jamais jusque la fin. Van Peebles dira qu’aussi criminel qu’il pourrait l’être, l’homme noir ne sera pas tué, il ne mourra pas, quitte à menacer l’homme blanc à la fin. Son film Sweet Sweetback’s fut un tel succès en termes de retours sur investissements (donc public) qu’un grand studio décida de produire un nouveau film du genre, Shaft, qui sera plus policé et lisse que le premier. La blaxploitation fut alors lancée.
Le genre met en scène des héros négatifs. On a des proxénètes comme héros etc… Cependant on ne sent pas la force transgressive de ces films, à tel point que les groupes de la défense des droits des noirs ne s’y sont pas plus intéressés. Cependant, on eut toujours l’idée qu’on disait quelque chose de sa communauté, de ses aspirations, et de ses actions. Donc ce fut un cinéma de studio moins cliché, qui visait à apporter un autre regard. En effet, quand bien même ces films étaient des divertissements, ils avaient un cadre, un contexte historique lourd, en tension : ils se situent entre la défense des droits civiques des 60’s, et l’individualisme consumériste des 70’s. Il y avait ainsi la volonté de mettre en avant des tensions communautaires, et de ne pas présenter la communauté sous leur meilleur jour : elle admet qu’elle puisse aimer l’argent etc… Quant à la femme, on la systématise comme une figure dangereuse, vénéneuse, mais pas dans le sens du film noir. Ici les femmes sont fortes, bottent des fesses, et sont des êtres aussi forts et violents que les hommes, et elles sont toujours sexy, qu’importe ce qui arrive (action, bagarre…). Elle a une intégrité de corps et de spiritualité, et elle n’est pas le second rôle ou un instrument d’un récit masculin… Elle est ainsi extrêmement sexualisée. Non seulement, la femme incarne le désir en tant qu’objet sexuel, et elle est aussi celle qui a une sexualité, elle est donc à la fois un sujet désiré et désirant.
On remarquera l’importance des bandes originales composées par certains des plus grands créateurs musicaux de l’époque : de James Brown à Marvin Gaye, de Herbie Hancock à Monk Higgins ou encore d’Isaac Hayes à Jay Jay Johnson. Groovy, funk, soul, hypnotique, mélancolique, sexy, intrigante, dynamique, poétique, subtile, émotionnelle… Les bandes sonores ont énormément participé au succès du genre. Celui-ci connut une énorme production de films. Le genre fut donc rapidement réapproprié par les grands studios, les films furent alors à nouveau produits et réalisés par des cinéastes blancs. La blaxploitation s’essouffla vers la fin des années 70. Mais comme le note les Inrockuptibles :
« La Blaxploitation aura essentiellement aidé à promouvoir la figure de l’afro-américain dans le cinéma hollywoodien : une affirmative action dont la descendance dans les films contemporains recouvre des formes très diverses – revendicative chez Spike Lee et les frères Hughes ; sexy, fun mais aussi mélancolique chez Quentin Tarantino »
Et justement, Luke Cage – qui a failli être adapté au cinéma par Tarantino avec Laurence Fishburne dans le rôle-titre – est une héritière de la blaxploitation. C’est même un double statut, puisque le matériau original, soit le comic book, créé en 1972 par Archie Goodwin et John Romita Sr., était une incursion de Marvel dans le genre de la blaxploitation. La série, qui est alors l’adaptation d’un comic book surfant sur la blaxploitation, est ainsi une importante descendante du genre.
D’un point de vue musical, le travail est formidable, du magnifique générique de la série aux quelques scènes de concert au Harlem Paradise, en n’oubliant pas d’évoquer bien évidemment la composition originale d’Adrien Younge et Ali Shaheed Muhammad qui poursuivent brillamment l’héritage de la blaxploitation en le modernisant : « Nous voyons ce monde (de Luke Cage) comme un lieu où le cinéma classique rencontre le Hip Hop classique ». Cette réussite musicale participe à la création de l’ADN de la série, et surtout hisse la série musicalement au dessus de Daredevil et de Jessica Jones.
La série, créée par Cheo Hodari Coker, auteur de couleur (rappelant donc la blaxploitation – malins que sont les pontes de Marvel et Netflix) à l’origine du film Notorious B.I.G et important scénariste de la série Southland, livre un héros Marvel fragile, ex-taulard en fuite piégé par l’un de ses pairs, en proie aux péchés de son père pasteur, refusant d’abord d’être un héros, puis en devenant un par respect de la mémoire d’un « père adoptif » nommé Pop’ décédé à cause d’un petit bandit trop ambitieux… Un héros fragile qui est toutefois extrêmement sexualisé – dès ses premières apparitions dans la deuxième série Marvel / Netflix Jessica Jones – et désirant. Pour porter à l’écran ce héros, c’est Mike Colter qui a été choisi. Et force est de dire qu’il incarne le personnage, auquel on pourrait reprocher des réflexions – parfois déballées les unes après les autres – beaucoup trop lourdes de sens et interprétées de manière trop graves. Ainsi Luke Cage, héros imparfait quant à certains de ses choix de vie, mais en puissance, va, dans sa progression, devoir assumer ce qu’il est, qui il est et qui il a pu être, pour pouvoir avancer. Car comme le dirait Pop’ : « Always forward, never backward », soit « toujours avancer, jamais reculer ». Et justement, la saison une a tendance a beaucoup avancer, au point que sa position dans la chronologie de l’univers Marvel n’est pas être tout à fait claire. Officiellement, l’intrigue de la série a lieu après Jessica Jones et pendant la deuxième saison de Daredevil. De plus, si la série fait de nombreux petits pas en arrières, via des flashbacks ou via un voyage de Luke Cage dans des espaces de son sombre passé, elle ne prendra jamais assez le temps de travailler ce geste, à tel point que les révélations qui en découleront par la suite, ou directement pendant ce voyage, seront soit trop rapides, soit tellement brutes qu’elles en seront ridicules, soit incompréhensibles, voire les trois en même temps. On pense alors à l’arrivée de Diamondback, Aka Willis Stryker, premier vilain des comic books Luke Cage, déjà présent dans le premier numéro.
Son histoire a été revue, réécrite, et ce qui en est ressorti est très intéressant. En effet, revenons-en au matériau original, soit au comic book. Carl Lucas, le nom du héros avant qu’il devienne Luke Cage, est un petit bandit. Son partenaire Willis Stryker et lui sont amoureux d’une même femme, Reva. Une rivalité amoureuse naît. Willis trahit Carl et le fait arrêter pour possession de drogue. Reva meurt dans un règlement de compte et Willis s’en sort. Il prendra le surnom de Diamondback. Carl arrive à la prison de Seagate. Il en ressortira avec des pouvoirs suite à un accident ayant eu lieu lors d’une expérience du Dr. Bernstein. Il prend alors le nom de Luke Cage et ouvrira une agence nommée Hero for hire, qui est d’ailleurs le sous-titre de la série de comic books. Dans la série, la chose est plus complexe, et se base sur beaucoup de sous-entendus. Luke a été piégé et on saura plus tard par qui. Il a rencontré Reva en prison, qui ne s’est pas avérée être celle qu’il aimait. La découverte de cette double identité est beaucoup trop rapide et non préparée pour nous toucher. Reva aidait Bernstein dans ses expériences. Elle meurt assassinée par Jessica Jones, alors sous le contrôle du bad guy Kilgrave, dans la série éponyme Jessica Jones. Diamondback se dira toutefois être à l’origine de tous les malheurs de Cage. D’ailleurs, le personnage est à l’image du Dr. Mad de L’inspecteur Gadget ou de l’Empereur dans les tout premiers Star Wars non modifiés, le grand boss dans l’ombre, qui veille au grain et dont la venue signifierait la mort immédiate. On s’attendait donc à quelque chose de puissant, méchamment charismatique, et alors débarqua Diamonback, un méchant très méchant, un fou explicitement dérangé, récitant la Bible comme s’il buvait du petit lait, dont la relation avec Cage se repose sur une réplique has-been : « Je suis ton frère. » Ainsi Luke/Carl et Willis sont frères, et leur confrontation a pour source leur père, un pasteur moralisateur et bien pêcheur, qui a abandonné la maman du deuxième après en avoir profité, restant par la suite fidèle – enfin ! – à sa femme légitime, la mère de Carl. Mais attendez, nous n’avons pas encore parlé de Cottonmouth, si ?
Luke Cage, série de gangsters
Dans sa lutte pour la justice et la vérité, le héros éponyme devra faire face à des gangsters, dont l’un des « big boss » de Harlem, et roi des nuits de la communauté puisque gérant du Harlem Paradise, Cornell Stokes, surnommé Cottonmouth. Brillamment interprété par le formidable Mahershala Ali, impeccable aussi dans House of Cards dans le rôle de Rémi Denton entre autres. Si le Caïd Wilson Fisk de Daredevil était un être sensible, Cottonmouth est un dur, lucide, intelligent, avec son propre code de l’honneur, sa morale douteuse, qui échouera parfois à cause de son égo. Il est aussi un adorateur de la musique noire, soit la soul, funky et jazz music. Cottonmouth est aussi un être en proie à son passé, qui a accepté de prendre le chemin de gangster par obéissance familiale aux femmes de sa famille, sa grand-mère Mama Mabel et sa cousine Mariah Dillard. Alors que son oncle Pete voyait en lui l’artiste musical en puissance, Cornell élimina brutalement cette possible grande voie musicale, faisant de lui un big boss de Harlem et le condamnant à être un artiste musicien mélancolique et méconnu. Derrière Cottonmouth, veillant au grain pour le compte de Diamondback, se trouve Shades. Ancien détenu de Seagate qui a connu Luke alors qu’il s’appelait Carl Lucas, il est le bras droit de Diamondback, venu d’abord veiller sur un arrangement de vente d’armes entre Diamondback, Stokes et d’autres parties, puis veillant aux intérêts de son patron en guidant et aidant Cottonmouth. Il est interprété de manière classieuse et subtile par Theo Rossi aussi aperçu dans Sons of Anarchy. Puis nous avons Diamondback, joué par Erik LaRay Harvey dont la prestation manque d’un petit quelque chose. Certes le personnage est tout à fait différent des deux autres cités précédemment, il est très intéressant, relativement complexe (c’est un adulte qui vient prendre sa revanche contre un traumatisme d’enfance) mais Diamondback étant censé être LE bad guy de la série, on attendait beaucoup plus de charisme, de sentiment de puissance, de force, de ce personnage. En plus de cela, son dévoilement est gâché par son entrée en scène trop brusque ; son lien de fraternité avec Cage est introduit comme celui de Bond avec Blofeld dans Spectre, soit comme un éléphant dans une boutique de cristal ; et enfin, on ne saurait dire si c’est une erreur liée à l’acteur ou au personnage, mais il y a un terrible manque de charisme, d’aura chez ce méchant, qui peine à en imposer après le décès de Cottonmouth et face à Shades. Peut-être est-ce tout simplement que son but – celui de vaincre son demi-frère Luke – est trop personnel pour que l’on puisse croire à la réussite de ses discours d’établissement d’empire…
Enfin, comme dans tous les récits de gangsters, il y a des femmes. Il y a une femme fatale et/ou victime, et, comme dans tout récit issu ou descendant de la blaxploitation, il y a une femme sexy, puissante, et active. Les deux personnages féminins sont des premiers rôles forts. D’un côté, Mariah Dillard –justement interprétée par Alfre Woodard (à gauche, sur l’image ci à droite) – évoquée plus haut, cousine du truand Cottonmouth, politicienne usant de l’argent sale de son cousin pour mettre en place ses plans pour construire son bel avenir pour Harlem et la régir, la conseillère municipale de New-York est ainsi corrompue, même si elle tendra toujours à se justifier, à garder une bonne conscience. Cornell a toujours vu ce qu’elle était, quelqu’un de bien plus obscur, plus sombre, qui a su se cacher en mettant en place une nouvelle identité, et comme elle dira si bien après avoir assassiné son cousin qui aura réveillé la véritable Mariah : Cornell aura vu juste à son propos, elle est devenue ce qu’elle a toujours évité d’être, une femme plus vicieuse et dangereuse qu’on le croirait.
D’un autre, Misty Knight – formidablement interprétée par Simone Missick (au milieu sur l’image) – est une policière qui lutte contre Cottonmouth. Elle aura une relation physique avec Luke Cage, et une relation toute en tensions entre soupçons et reconnaissance se mettra en place. Courageuse, combattante, désirée et désirant, Misty est une femme de la blaxploitation. L’actrice expliqua notamment dans certaines interviews :
« Visuellement, j’avais en tête Pam Grier et tous les personnages qu’elle a joués. (…) J’ai imaginé Misty grandir en regardant Pam Grier. Les scripts et les histoires sont tellement ancrées dans notre époque que ce sont des hommages »
Rappelons que Pam Grier – avant d’être Kit Porter dans The L Word – fut l’icône féminine du genre de la Blaxploitation. Tarantino rendit un hommage et poursuivit en même temps sa carrière dans ce genre en lui donnant le premier rôle de Jacky Brown, sorti en 1997.
Enfin, ne l’oublions pas, il y a Claire Temple – de plus en plus justement portée à l’écran par Rosario Dawson (à droite) qui avait un tantinet tendance à surinterpréter –, l’infirmière des super-héros. Déjà présente dans Daredevil & Jessica Jones, elle commence donc à être rodée en matière de surhumains. Passionnée, combattante, douée, aussi désirable que désirant – même si cette facette est beaucoup moins mise en avant que pour Misty –, Claire devient progressivement le « love interest » de Luke, et ne manque pas d’humour.
Luke Cage, héros de Harlem / Luke Cage, série sur Harlem
Dans tout récit de gangster, un espace ou des espaces sont disputés. Dans le genre de la blaxploitation, deux lieux est particulièrement mis en avant : Harlem et le Bronx. Si Daredevil et Jessica Jones oeuvrent dans Hell’s Kitchen et plus largement dans la ville de New York, Luke Cage est le héros d’un arrondissement de la grande pomme, Harlem. Quartier nord de l’arrondissement de Manhattan, Harlem fut dès le XXe siècle le foyer de la culture afro-américaine et l’un des principaux centres de la lutte pour l’égalité des droits civiques. Aujourd’hui l’Amérique connaît toujours des problèmes raciaux. Des individus de couleur sont abattus par des policiers blancs sans raison valable (soit la légitime défense). Des manifestations contre les violences policières ont été organisées. On pouvait d’ailleurs y croiser un certain Quentin Tarantino. Dans la continuité de la blaxploitation, Luke Cage parle de la communauté afro-américaine de Harlem. Elle en parle même beaucoup plus directement que bien des divertissements du genre. La série filme les arrestations policières arbitraires, la peur et le ras-le-bol d’une communauté face à ces traitements, parfois presque comme un reportage, à la manière de The Wire. L’œuvre télévisuelle expose ses bâtiments, sa géographie, et cela dès son générique (voir vidéo ci-dessous) où de nombreuses images du quartier viennent se projeter sur la peau increvable de Luke, qui est alors présenté dès les premières images du show comme la nouvelle icône de Harlem, son nouveau visage, et surtout, son nouveau corps populaire à la fois individuel (Luke a sa vie, son identité) et collectif (il sert et aide les autres, il incarne le nouvel espoir de son quartier).
Les séries Netflix ont apporté de nombreux grands souffles au Marvel Cinematic Universe en nous exposant les rues New Yorkaises post-batailles des Avengers – héros qui ont combattu sans toujours faire attention aux victimes (cf. films des Avengers et Captain America : Civil War) –, ravagées, jonchées du sang de victimes collatérales et surtout de victimes du quotidien, oubliées, laissées pour compte par ces supers êtres qui combattent dans le monde entier et bientôt l’univers. Les shows Netflix nous ont alors présenté les héros de la rue, des quartiers, des lieux d’en bas des grandes tours et du ciel où combattent des êtres « divins », ceux qui combattent la misère, les injustices du quotidien, la corruption du pouvoir, la folie des hommes, et qui ont parfois leur lot d’ennemis fantasques, même si ce ne sont pas des aliens venus d’une autre dimension ou une organisation fasciste existant depuis des dizaines d’années. Luke Cage, plus que Daredevil et Jessica Jones, nous expose la réalité sociale de l’espace dans lequel il connaît sa renaissance en tant qu’individu et sa progression (en effet Carl a grandi à Savannah en Géorgie). La nouvelle renaissance du quartier désirée par Mariah Dillard n’est pas celle qu’elle croit mettre en place, corrompue, et planquée sous de jolis visages et discours. Non, elle est populaire, elle est imparfaite car humaine, elle a un visage parfois dur, parfois tendre et rieur, drôle et émouvant, et elle se nomme Luke Cage.
Un passage de la série expose à quel point Cage est lié à Harlem. Vers la moitié du douzième épisode, Method Man, du Wu-Tang Clan (un groupe composé d’afro-américains qui ont beaucoup traité l’état de leur communauté dans leurs musiques telles que celles de l’album A Better Tomorrow, et dont le son est utilisé à plusieurs reprises dans le show) fait un rap à la radio pour remercier et aider (d’une jolie manière) Luke Cage qui l’a sauvé lui et le vendeur d’une boutique lors d’un braquage. En voici un passage :
«… On comprend pas un négro
Si on a vécu dans sa peau
Des cafards dans le berceau
Rien à bouffer dans le frigo
La criminalité prolifère
Les gamins sont en galère
(…)
Il déchire, le nouveau challenger
Tire, il pare les balles
Ton calibre, il est normal ?
Voyous dans le magasin
Qui te braquent de leur engin
(…)
La loi n’est plus respectée
Et pas d’Iron Man
Pour tous nous sauver, man
Le peuple au pouvoir
Luke Cage, c’est le grand soir
(…)
Seigneur, à qui se vouer
Mec, un héros, on n’en a jamais eu
Eliminés Malcolm et Martin
Celui-ci est le dernier cru
Je m’excuse mais il y en a qui abusent
V’là un héros qui réagit
Et c’est un renoi, l’ami »
–
Method Man, membre du Wu-Tang Clan
Si dans la fiction Cage est un nouveau corps porteur d’espoir pour Harlem, il faut espérer qu’il soit aussi une icône fictionnelle importante pour ce quartier, et donc que ses aventures télévisuelles – comme les comics en leur temps – sauront inspirer les individus, sinon, au moins rendre compte comme il se doit de la réalité de la communauté afro-américaine à New York.
Enfin même si le show a des faiblesses d’écriture et parfois d’interprétation comme il a été exposé plus haut, la richesse formidable, l’intelligence, la fraicheur, la palette d’émotions qui en ressort et le bien fondé de celui-ci, que ce texte espère avoir réussi à plus ou moins bien à vous montrer, se doivent d’être expérimentés. Alors, ouvrez Netflix, et foncez à Harlem, là où une communauté et un héros nommé Luke Cage vous attendent pour une nouvelle aventure humaine.
Marvel’s Luke Cage : Bande-annonce
Synopsis : Transformé en colosse surpuissant à la peau impénétrable après avoir été le cobaye d’une expérience sabotée, Luke Cage s’enfuit et tente de recommencer à zéro dans le Harlem d’aujourd’hui, à New York. Bientôt tiré de l’ombre, il va devoir se battre pour le cœur de sa ville dans un combat qui l’oblige à affronter un passé qu’il espérait avoir enterré.
Marvel’s Luke Cage : Fiche Technique
Créateur/Showrunner : Cheo Hodari Coker, d’après les comics marvel Luke Cage Hero For Hire créés et écrits par Archie Goodwin, John Romita Sr., George Tuska et Roy Thomas
Interprétation : Mike Colter (Carl Lucas/Luke Cage), Mahershala Ali (Cornell Stokes/Cottonmouth), Simone Missick (Misty Knight), Theo Rossi (Shades), Alfre Woodard (Mariah Dillard), Eric LaRay Harvey (Willis Stryker/Diamondback), Ron Cephas Jones (Bobby Fish), Rosario Dawson (Claire Temple), Frank Whaley (Detective Raphael Scarfe)…
Photographie : Manuel Billeter
Montage : Jonathan Chibnall (5 épisodes), Tirsa Hackshaw (4 épisodes), Miklos Wright (4 épisodes)
Direction artistique : Toni Barton (11 épisodes), Malchus Janocko (2 épisodes)
Musique (originale) : Ali Shaheed Muhammad, Adrian Younge
Décors : Alison Froling
Costumes : Stephanie Maslansky
Production : Marvel Television, Netflix, ABC Studios
Diffuseur : Netflix
Genre : Drame, polar, action, aventure
Format : 13 épisodes d’une durée allant de 46 minutes à 1 heure et 5 minutes
Date de première diffusion : vendredi 30 septembre 2016
États-Unis – 2016