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D’Iron Man à Civil War : notre avis sur le Marvel Cinematic Univers

De Iron Man (2008) à Captain America Civil War (2016), la liste est longue pour rendre compte de l’hégémonie qu’exerce Marvel sur l’entertainment mondial. D’où l’idée, à l’approche de la sortie imminente de Doctor Strange, de dresser un constat sur le Marvel Cinematic Universe et de classer du meilleur au pire les treize films de la Maison à Idées de Stan Lee.

Autant modèle de pragmatisme financier que volonté de relancer le format sériel propre à la logique des comics dont il s’inspire, le Marvel Cinematic Universe aura redéfini la notion d’entertainment super-héroique. Une gageure vu les précédentes adaptations de super-héros (Daredevil en tête) que la firme menée d’une main de fer par Kevin Feige aura su mettre à son avantage, quitte à appliquer une logique industrielle sur ses films et les transformer, volonté pécuniaire aidant, en véritable produits pour les fans. Mais qui dit produit, dit aussi tendance, et à l’heure où la firme s’apprête à dégainer son joker Doctor Strange, l’heure semblait opportune de se pencher sur ce qui compose le MCU et quel est le film (comprenez la marque) la plus en vogue sur la planète des geeks.

13. Iron Man 2

Tony Stark se paye un pet au casque !

Un golden-boy prétentieux roublard et arrogant, une figure terroriste risible, du AC/DC à plein tube et Jeff Bridges qui cachetonne : le premier Iron Man était, qu’on se le dise, assez atypique. Appelant de tout son être une suite, le film voit donc débarquer deux ans après son petit frère : Iron Man 2. Pressé par la firme de réitérer la formule du premier, le réalisateur se démène, quitte à introduire une pluralité de bad-guys là encore campés par des vieilles légendes et autres figures indé/arty. Résultat, fini le charisme de menhir de Bridges et place à la dinguerie chronique de Sam Rockwell et au cabotinage mi-russe mi-vodka de Mickey Rourke, qui ne peine jamais, avec sa face burinée par le bistouri, à camper un russkof timbré et très porté sur les perroquets et les tatouages. Ça aurait pu en rester là, mais Jon Favreau, qu’on pressent sans trop se mouiller peu inspiré, se contente de servir par dessus la jambe un héros aux traumas refoulés et introduit avec la grâce d’un bulldozer sous amphétamines le multiverse Avengers, sapant de fait toute intention que de voir un film consacré à Iron Man. A la place, on a droit à une bouillie involontairement drôle, assez risible et dont la décadence pique les yeux. On pourra aussi d’ailleurs souligner que c’est le premier film où l’intention est de réaliser des updates et non des films interdépendants.

12. Thor

Le grand blond avec un marteau !

Chevelure soyeuse, tablette milka sur le bidon et goût vestimentaire à la limite du kitsch, c’est peu dire que le personnage de Thor a été choyé dans les comics lui étant dédié. Alors quand un projet de film s’annonce sur sa personne, on rit jaune. Confié aux mains expertes de Kenneth Brannagh (vous savez le professeur attardé et narcissique de Harry Potter 2) considéré par le tout Hollywood comme seul apte à rendre compte d’une dimension shakespearienne à ce digne représentant crypto-gay échappé de la gay-pride, le projet est lancé car les pontes de Marvel ont à cœur de transformer le super-héros nordique porté sur le marteau et les armures scintillantes en icône tourmentée. Manque de pot, en ressassant le format classique d’origin story et en ne s’affranchissant nullement du potentiel nanar contenu dans les pages du comics, Branagh s’enlise dans une histoire où l’humour prédomine quand bien même les tourments familiaux et royaux du héros devraient logiquement s’imposer. A ce titre, le décalage du personnage vis à vis de ses homologues humains frôle l’indigence pure et on se demande encore pourquoi Natalie Portman ou même Anthony Hopkins se sont aventurés dans cette galère. On ne pourra par ailleurs que rester atterré devant tout ce décorum sentant bien bon le CGI et branlant comme si le plateau de tournage avait été délocalisé sur le Titanic en train de sombrer. Seul point positif : l’introduction de Loki, campé par un Tom Hiddleston très charismatique et déjà vouée à hanter de tout son être le MCU nouvellement formé et la dimension shakespearienne sous-jacente à l’oeuvre.

11. L’Incroyable Hulk

Tout dans les muscles, rien dans la cervelle !

A croire que Marvel a une dent contre lui. C’est la seule raison qu’on trouve pour comprendre la logique de Stan Lee et consorts pour avoir eu besoin de faire revenir l’impétueux Géant Vert sous stéroïdes de son sommeil cryogénique provoqué par la risible tentative d’Ang Lee avec Eric Bana dans le rôle-titre. Balancé nouveau gardien du personnage de Bruce Banner, Edward Norton, dont l’aura Fight Club a gentiment fondu depuis des années, essaie de faire le beau sous le scope verdâtre et désaturé de Louis Leterrier. En bon yes-man, le frenchie empile les clichés entre belle plante hystérique à sauver, méchants gradés pas beaux et une inconstance de scénario qui voit l’ex Mr Orange de Reservoir Dogs, Tim Roth, jouer les Captain America du pauvre en s’injectant un sérum qui le transforme en sous Doomsday (de BVS). Le bellâtre -euh verdâtre- est alors propulsé sauveur dans un film qui sent tellement la commande que la moindre blague ou prise de position prise par le français résulte d’une tentative de Marvel de le brider. En résulte un film schizophrène, constamment le cul entre deux chaises et dont l’indécision manifeste atteste du caractère éloigné du métrage vis à vis du MCU nouvellement formé. A aucun moment connecté avec l’esquisse balbutiante de ce dernier, le film semble construit comme une simple adaptation et se permet de la sorte d’afficher une dimension fantastique assez embarrassante et une approche sombre, voulue comme réaliste, qui dénote déjà avec le ton irrévérencieux déployée par Tony Stark dans Iron Man. Ne manque plus qu’un casting all star particulièrement désintéressé (mention à Edward Norton ou Liv Tyler qui semblent compter les mouches) et on obtient l’un des pires films du MCU.

10. Thor : le Monde des Ténèbres

Le grand blond avec un marteau : le retour !

Après un premier opus qui aura vite fait de le transformer en égérie de shampooing porté sur la baston, le bricolage et la bonne pitance, Thor a désespérément besoin d’un relooking. Si possible bien dark comme un simili Seigneur des Anneaux dans l’espace. Manque de pot, en bon dernier de la classe, Marvel continue d’enchaîner les erreurs et confie le bébé à Alan Taylor, tout juste réchappé de Game of Thrones sur lequel le bougre a officié le temps d’une saison. Comme on pouvait s’y attendre, le film enchaîne alors tous les travers. Univers médiéval à la GoT, réalisation sérielle, méchants en carton, raccourcis foireux, c’est bien simple : le film cumule les bourdes à la même vitesse que Thor saute dans le Bifrost. Ça ne serait rien cela dit, si on n’avait pas encore une fois à devoir radoter sur un casting en sous-régime entre Anthony Hopkins en patriarche vieillissant juste bon à manger la soupe, ou Christopher Eccleston, débarqué de Doctor Who quelques années plus tôt, qui aura peine à impressionner par l’inconsistance qu’il donne à son méchant, sorte de Legolas mi albinos/mi affamé. On restera cela dit encore longtemps ébahi devant l’inconsistance de Stellan Skarsgård qui, en gentil scientifique frappé, continue de prouver que c’est bien l’argent et non la volonté artistique qui force les plus grands acteurs à se frotter à la firme. Reste peut-être un score musical particulièrement bien pensé qui pourrait s’imposer comme l’un des meilleurs composés et encore une fois le spectre de Loki qui rode sur l’oeuvre.

9. Ant-Man

C’est pas la taille qui compte !

Difficile d’aborder le cas Ant-Man sans mentionner celui qui a assuré la gestation du projet pendant de longues années : Edgar Wright. L’auteur de la trilogie Cornetto se vouait en effet depuis presque 10 ans à donner l’adaptation de ce quidam porté sur la cambriole, qui découvre un jour une tenue permettant à son détenteur de rapetisser à la taille d’une fourmi. Heureusement, s’il est parti pour « différends créatifs » (l’excuse typique à Hollywood dès lors qu’on parle d’un projet marqueté à hauteur de 150 patates), sa patte reste durablement enraciné dans le métrage. Drôle, inventif et décalé, Ant-Man est un condensé hardcore du style du britannique. Constamment en train de désamorcer la tension à bon coup de vannes ou punch-lines bien senties, et toujours prêt à éprouver son héros, le film est de l’humour en barre. A ce titre, avoir engagé Paul Rudd tient de l’idée de génie, l’acteur dégageant une telle bonhomie qu’on serait prêt à croire les yeux fermés à cette histoire de papounet désespéré de revoir sa fille et accessoirement sauver le monde en se rapetissant à une taille de fourmi. Et ce encore plus, quand son homologue braqueur, Michael Peña reconverti en tchatcheur invétéré, vole le film à chaque fois qu’il ouvre la bouche, sa bêtise naturelle ayant vite fait de le propulser personnage le plus drôle jusque ici introduit au MCU. De facture classique, le film n’en demeure cela dit pas moins un beau morceau de péloche, surtout quand il est question de faire état des capacités de notre héros. Reste cela dit un méchant bien trop vite expédié et assez caricatural puisque victime d’un deus ex machina assez odieux et un faiseur aux manettes, paradoxalement responsable d’un film appelé Yes Man (ça ne s’invente pas), qui nous fait un peu regretter ce qu’aurait pu être le rendu fait par le geek britannique auteur de Shaun of the Dead.

8. Avengers : l’Ère d’Ultron

Quand Marvel se la joue à la sauce Terminator !

Le souci quand on s’appelle Joss Whedon, c’est qu’on est un peu ce rouquin geek invétéré qui a osé signer de son nom Avengers, le plus gros succès du MCU. Forcément, quand on fait gagner à l’ogre Marvel plus d’argent qu’elle ne pourrait en rêver, ça attise les convoitises et ça donne des idées. Et comme souvent avec les grands pontes de la firme à Stan Lee, les idées ne répondent nullement à vouloir donner un nouveau terrain de jeu pour cette bande de super-héros protéiformes mais davantage à une offrande en mode sacrifice Maya pour charmer le dieu dollar et récolter le plus possible de ses ouailles au passage. Le voilà donc à prendre sa bite et son couteau et entamer un tournage marathon aux quatre coins du globe pour donner chair à un film qui, on s’en doute, doit préparer le terrain pour la suite, tout en donnant une némésis suffisamment tenace pour tenir 2h30 durant. Et ce qui devait être l’Empire Contre Attaque ou le Parrain 2 de Joss Whedon, s’avère être en définitive relativement schizophrène dans son traitement. Car à l’arrivée, s’il porte une ambition visuelle et narrative démesurée et impose son auteur comme l’un des seuls vrais « réalisateurs » aux manettes du MCU, le film accuse le coup d’un montage sacrifié par la firme et d’une mythologie essaimant là encore trop de pions et figures légendaires des comics pour captiver le spectateur lambda et lisser le film déjà plutôt long. Reste cela dit la présence de James Spader, dont le timbre de voix sublime, habille la carapace de métal tourmentée d’Ultron, grand méchant du film et l’introduction de nouveaux personnages (la Sorcière Rouge, Quicksilver, ou encore Œil de Faucon dont l’importance est ici accrue).

7. Captain America : The First Avenger

Le soldat qui venait du froid !

Le cas de Captain America est lui aussi atypique. Car faire un film sur lui, c’est un peu comme convoquer l’idéal d’une figure propagandiste majeure de l’USA des 1940’s. Froisser l’icône serait donc un crime de lèse-majesté, surtout quant l’on sait que les jeunes générations continuent de le porter aux nues au vu de son juste au corps particulièrement saillant et des valeurs morales et humanistes qui font encore effet 70 ans après ses premiers combats sur les pages glacées des comics. En résulte une pression assez légitime pour Marvel qui a cru bon de miser sur le cheval Joe Johnston, un vieux de la vieille grand adepte des films de studio mais pas forcément finaud. A l’arrivé, on tient pourtant l’un des films les plus originaux du MCU, tant pour son ADN résolument anticonformiste que son ton, très typé film de guerre ancien avec méchants caricaturaux et glorification constante de l’Oncle Sam. Très rétro-futuriste dans l’âme, le film distille déjà l’antagonisme grandissant entre les USA et Hydra, sorte de Spectre (James Bond) optimisé aux tendances hitlériennes et parvient, excellent casting aidant, à distiller une ambiance unique. Cependant, le public n’y trouve pas son compte, déjà rompu à l’idée qu’un film de super-héros c’est moderne et que le héros en question est supposé botter des culs de super-vilains et pas vouloir mettre sa tatane à un diablotin stéroïdé aux tendances fascistes et très porté sur l’accent germanique. Et pourtant, rien que le charisme de Chris Evans et la bouille toujours aussi antipathique de Tommy Lee Jones suffise de vouloir payer le billet.

6. Captain America : Civil War

Du sang, de la sueur et des larmes !

Civil War, c’est un peu au comics ce qu’est Mona Lisa pour le Louvre : une légende. Forcément, quand on apprit que l’ogre Marvel s’en soit entiché, on a douté. Vu le degré fratricide de l’intrigue, les forces en présence et la dureté de l’histoire, on appréhendait un peu le traitement qu’en feraient les frères Russo, catapulté chef de file du MCU après leur rétro Winter Soldier, ode aux 70’s et à la coolitude du secret d’état post Watergate. Car oui, Civil War, c’est pas une partie de tricot de la mère Michel, c’est un fight violent où le sang est versé, la transpiration dégouline et les morts s’amoncellent comme dans un mauvais film catastrophe. En somme, c’est l’apocalypse super-héroïque juste parce que les deux camps n’ont pas la décence de statuer de la même manière sur un traité qui les condamne à se mettre en pleine lumière au nom de l’intérêt commun. Et pourtant, désireux de tâter le terrain pour la suite, Marvel continue sa politique harassante de l’autruche. En résulte un film schizophrène, tiraillé entre une volonté de plaire aux puristes et une tendance à vouloir constamment désamorcer toute violence inutile. On restera ainsi étonné de voir le laxisme conféré à l’intrigue qui n’aura de cesse d’essaimer une mythologie large, quitte à transformer Helmuth Zemo, figure légendaire des comics en banal soldat vengeur, ou à confronter au moins 25 personnages et ne donner l’attention que sur 5 ou 6 d’entre eux, quitte à laisser en filigrane de l’oeuvre un fort parfum de figurations sur des acteurs qui n’en ont décidément pas besoin. Reste la magie Marvel pour emballer le tout, introduire quelques personnages bien sentis et finalement offrir aux fans ce qu’ils attendaient tous : voir un méchant accomplir son plan. Étonnamment, c’est encore le plus gros succès de l’année et aussi le meilleur film de super-héros de l’année 2016 pour certains dont l’incompréhension reste de mise.

5. Iron Man 3

L’art de la dissimulation par Shane Black !

Shane Black, c’est un peu le Quentin Tarantino des années 80. Un amerloque plutôt cool, très porté sur le cinéma et qui, allez comprendre pourquoi, adore écrire des scénarios barrés à bon coup de « fuck », de flingues et de stupre. Devenu millionnaire grâce à ses mots aussi incisifs que des poignards, le bellâtre au visage buriné aura vite fait de passer par la case réalisation. Nous gratifiant d’un Kiss Kiss Bang Bang, adaptation fumeuse d’une pulp fiction où se tiennent la bourre un acteur raté au grand cœur et un détective privée monolithique, le gus est alors contacté par Marvel et plus précisément son grand pote Robert Downey Jr. A la clé, un nouvel opus d’Iron Man. Apportant dans ses valises son style foutraque et hyper référentiel, Black se jette à corps perdu dans le film, qui se veut l’adaptation d’un comics très connu, Extremis, et qui convoque le Mandarin, sorte de gourou stoner aux bagues magiques qui le font voler, méditer et tutti quanti. Étonnement, le film n’est rien de tout ça, Black ayant pris le soin de berner son monde et de lui coller un plot twist aussi imprévisible que fumeux, comme un bon gros bras d’honneur à tous les fans de Marvel. Introspectif, comique et somme toute irrévérencieux, le traitement que Black fait du personnage est pour ainsi dire inédit. Jamais Stark n’a autant semblé être à ce point le reflet de Robert Downey Jr. et le film accumule les morceaux savoureux quitte à faire un crime de lèse-majesté, honteux pour les puristes mais mémorable pour les fans du cinéaste, en détournant la légendaire figure du Mandarin, ennemi tenace de Stark qui se retrouve ici être en fait un acteur de série B minable qui s’est fait payer par un scientifique, lui particulièrement méchant, pour être le bouc émissaire de tout ce foutoir. En définitive, l’un des films les plus décriés du MCU notamment en raison de son clivage particulièrement édifiant entre spectateurs ravis de cette prise de position somme toute couillue et ceux décidément pas ravis de s’être fait berner en beauté par un cinéaste dont c’est un peu devenu le métier.

4. Les Gardiens de la Galaxie

Drôle, débile et décalée : la fine équipe à Stan Lee !

Au vu de leur inexorable expansion, on se doute bien que le monde des comics est un milieu où les substances psychotropes règnent en masse. Pas étonnant dans ce cas de voir la firme dégainer en 1969 (Woodstoooock baby), une bande disparate composée d’un humain mélomane, d’une guerrière à la peau verte, d’un diablotin rougeâtre sous stéroide, et un raton laveur qui parle, toujours accompagné d’un homme-arbre. Bref, la drogue c’est mal. Il fallait donc bien une massive dose de connerie et un mec frappé pour donner vie à cette bande qui s’improvise mercenaire pour sauver la galaxie (pourquoi faire compliqué ?). A ce stade, avoir rameuté James Gunn tient autant de l’idée de génie que de la bêtise crasse, le sieur n’ayant jamais eu un budget dépassant les 7 chiffres mais étant doué pour donner vie à des histoires foutraques et clairement à part. A l’arrivée, le film fait plus que remplir le cahier des charges imposé par Marvel. Délirant, débile et décalé, Les Gardiens de la Galaxie est un buddy-movie à l’ancienne, psychédélique, jouissif et totalement dinguo qui ne se pose jamais de limites. Déroulant comme à l’accoutumée un pare-terre de star édifiant (Benicio Del Toro, Glenn Close, John C. Reilly), le film n’en oublie pas de mettre l’accent sur Chris Pratt, jeune premier qui a fait ses classes chez Bigelow (Zero Dark Thirty) & Bennet Miller (Le Stratège) et l’étonnant Dave Bautista, ex-catcheur qui a troqué le slip pour la radicalité de Drax le Destructeur, personnage au vocabulaire limité. Ça serait cela dit un affront que de ne mentionner la B.O, qui de Bowie aux Jackson Five, a à cœur de garantir un capital sympathie à une équipe non dénuée de mordant et qui a, étonnamment, conquis le box-office.

3. Iron Man

Whisky et rock’n’roll : la formule gagnante de Marvel !

Comme le dit le dicton, il faut parfois savoir courir avant de savoir marcher. Des mots qui résonnent tels un mantra sur le film et du coup Marvel, qui n’a pas eu peur de passer la seconde en adaptant d’emblée un personnage iconique de son catalogue, Tony Stark. Concepteur d’armes mégalo, arrogant et alcoolique, son petit monde vole en éclat lorsqu’il se fait kidnapper par une troupe de terroristes en plein désert. Evidemment, ce soudain changement de vie va aiguiser une nouvelle facette de l‘antipathique homme d’affaire, qui sarcasmes et humanité aidant, va se transformer en superman robotique pour sauver la veuve et l’orphelin. Premier jalon du MCU, le film, confié à l’étonnant/inconnu Jon Favreau, se paie une atmosphère très rock’n’roll et diffère déjà du tout venant en matière super-héroique. Mise en scène sophistiquée, score de Ramin Djawadi (Game of Thrones) parfait, acteur qui fusionne avec son personnage à un degré édifiant, et un bad-guy campé par le Dude en personne, le film accumule les bonnes idées dès sa première bobine. Le reste ne fait que confirmer la tendance. Serti dans une trame d’origin story somme toute classique, le récit va à l’essentiel, dresse les contradictions de cet homme orgueilleux et imbu de sa personne, mais arrive aussi à glisser quelques références bien senties à la culture pop. Là où il diffère cela dit de ses homologues marvellien, c’est dans sa gestion du récit. Si l’on sent déjà les liens et les connexions qui se créent avec le multiverse Avengers, Iron Man peut compter sur Jon Favreau, qui en bon conteur/yes-man qu’il est, ne cède pas à la panique et s’en sort avec les honneurs. Comble de l’ironie, ça sera lui qui sera responsable de la suite, Iron Man 2 copieusement détestée par les fans.

2. Avengers

Les francs-tireurs du S.H.I.E.L.D !

Logique imparable si on y pense deux secondes : à force d’enquiller les records avec ses films solos, Marvel pense naturellement à décupler ses bénéfices. Comment ? Simplement en rassemblant tous ses héros dans le même film. Double ration de Captain, Iron Man, Hulk, Thor donc et des petits nouveaux du genre d’Oeil de Faucon ou la Veuve Noire, une espionne du KGB portée sur les flingues et combinaisons moulantes. La fine équipe s’oppose donc au truculent Loki, tout juste réchappé de Thor premier du nom et qui a, à coeur de dominer le monde à l’aide d’un puissant artefact qui aura vite fait de se muer en McGuffin. Avec Joss Whedon aux manettes, on était en droit d’attendre un petit évènement, surtout vu le CV du bonhomme et le respect qu’il porte au comics éponyme. Et inlassablement, Marvel continue d’assurer le spectacle. Si le film témoigne en premier lieu d’un respect sans borne pour le matériau d’origine, il n’en oublie pas de demeurer un vrai morceau de peloche comme on les aime. Stylisé à l’excès, sophistiqué et nette à s’en décoller la rétine, le film file donc à toute berzingue vers des cimes jusque ici jamais vues dans le décorum super-héroique. Cadres léchés, esprit d’équipe, score d’Alan Silvestri parfaitement en phase, et séquence geek de toute beauté, le film émane un fumet qu’on n’avait pas eu l’occasion de voir depuis un certain temps sur le MCU : celui d’un vrai film. Fatalement, vu le tel degré de cinématographie qui se dégage des images, on ne peut que rester pantois, à mi chemin entre le délire du geek auquel on a exaucé ses prières et le cinéphile qui a enfin reçu un produit digne d’un investissement à 200 patates.

1. Captain America : le Soldat de l’Hiver

Les 3 jours du Captain !

Dès lors qu’on a assimilé la méthode de fonctionnement de la firme, peu de surprise à avoir à la vue de ce qui s’apparente à sa meilleure mouture, Captain America : le Soldat de l’Hiver étant celui qui a le mieux compris l’adage de Stan Lee qui veut que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures. En convoquant l’idéal des thrillers 70’s sentant bien bon le secret et le complot d’état, les frères Russo font plus qu’afficher ce qui les fait triper, ils profitent de ce vent de nostalgie pour glisser une subtile critique vis à vis de cette politique de l’information à outrance qui est la notre depuis les ébats sur-médiatisés de Snowden, Assange ou Mannings. A ce titre, engager Robert Redford, lui-même héros emblématique des Trois Jours du Condor ou des Hommes du Président est très méta : celui qui avait à cœur de défendre la veuve et l’orphelin en divulguant les secrets il y a 40 ans retourne sa veste et devient aujourd’hui ce manipulateur et adepte du secret et qui n’a de cesse de raviver l’influence d’Hydra, dont il est l’un des derniers dépositaires. Ajoutez à cela les émois suscités par le combat presque fratricide entre le Cap et le Soldat de l’Hiver qui s’avère être en réalité son ami d’enfance Bucky, conditionné pour devenir un assassin congelé à la demande et responsable de divers meurtres depuis 50 ans d’existence ; ou la face burinée de Frank Grillo, converti en mercenaire de luxe et on obtient un film référencé et bien foutu, capable d’éclipser les aventures de groupe et montrer que le seul vrai meneur, le seul vrai héros écrit avec attention, c’est le Cap. Et puis sincèrement, voir des films aussi adulés qui comportent des nazis belliqueux en bad-guy, qui plus est en 2016, ça frôle tellement l’anachronisme qu’on en rigole encore.

Rédacteur LeMagduCiné