Petite plongée dans l’univers des séries coup de cœur de la rédaction du MagduCiné. L’idée est simple : partager quelques moments forts du petit écran, en six questions.
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La plus belle performance dans une série ?
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Bérénice Thevenet : Pour moi, évoquer la plus belle performance dans une série est difficile tant j’en ai vu qui m’ont bluffée. Mais, je dirais que l’ensemble du casting de la série Arte H24 est juste incroyable ! Raconter vingt-quatre heures de (sexisme) dans la vie d’une femme, à l’heure contemporaine, semble être une impossible gageure tant le sujet peut être sensible. La série doit beaucoup, sinon tout à l’intensité folle de ses vingt-quatre comédiennes, grâce à des interprétations qui fonctionnent comme des uppercuts. Et s’il fallait n’en citer qu’une, je choisirais la magnifique performance de Déborah Lukumuena dans Le Cri défendu.
Thierry Dossogne : Tellement de choix possibles… Les quatre qui me viennent à l’esprit comme une évidence sont True Detective (un casting stratosphérique dans les trois saisons, avec une préférence personnelle pour la première), James Gandolfini dans Les Soprano (le reste du casting est également phénoménal), Bryan Cranston dans Breaking Bad, pour sa mue impressionnante vers le registre dramatique, et Kevin Spacey dans la première saison de House of Cards. Du côté des performances collectives, le casting de The Wire est plus vrai que nature, on s’y croirait !
Sarah Anthony : Le cast de Little Birds dans l’avant-dernière séquence de cette mini-série. Je n’ai jamais vu une séquence plus imprévisible, prenante et réussie que celle-ci. Ce qui est, pour beaucoup, dû au cast. Et ex aequo le cast toutes époques confondues de l’excellente série L’amie prodigieuse.
Charlotte Quenardel : Outch. Pour moi ce serait par cast, avec celui de l’anthologie des The Haunting of Hill House / Bly Manor pour lequel j’ai un gros coup de cœur. Les figures fidèles à la franchise comme Kate Siegel, Henry Thomas, Carla Gugino ou encore Oliver Jackson-Cohen sont si ancrées dans l’univers de Mike Flanagan qu’elles en sont indissociables. Le cast de Oz (just perfect) et Peaky Blinders. Et une mention honorable pour Jessica Biel dans The Sinner qui est sensationnelle et très sous-estimée.
Hala Habache : Je pense à une série comme Mad Men. L’ensemble du cast est très bon mais, surtout, la série offre à Jon Hamm un rôle très fin. Jouer ou plutôt incarner Don Draper lui aura véritablement permi de montrer l’ampleur de son jeu, tout en nuances et en subtilité.
Sébastien Guilhermet : Je pense à Steve Carell dans The Office mais également à tout le reste du casting avec notamment Rainn Wilson. C’est sans doute le genre de la série, qui aide en ce sens, en mélangeant le faux documentaire et la sitcom, mais la série arrive à être sublimée par tout son casting. On passe du rire aux larmes avec aisance, et au fil des épisodes, la distance s’amenuise entre les personnages et le spectateur.
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Le personnage de série avec la plus belle évolution dramatique ?
Bérénice Thevenet : Pour ce qui est de l’évolution de dramatique, je dirai que celle de Saul Goodman, le héros de Better Call Saul, est l’une des plus intéressantes que j’ai vu. Ayant adoré Breaking Bad, et craignant de voir venir un mauvais préquel, j’ai été agréablement surprise de la manière dont Vince Gilligan et Peter Gould ont réussi à donner une véritable épaisseur dramatique à un personnage, à la base, très secondaire. La série prend son temps pour expliquer comment le très ordinaire Jimmy Mcgill est devenu le célèbre avocat véreux de Walter White. Le rythme volontiers lent de la série parvient très bien, selon moi, à donner la mesure des changements qui affectent le personnage.
Thierry Dossogne : Oserais-je citer Steven Avery dans la série documentaire Making a Murderer – meurtrier ou innocent ? Sinon, on part sur les usual suspects : Tony Soprano dans Les Soprano, Rustin Cohle dans la première saison de True Detective, et Walter White dans Breaking Bad.
Sarah Anthony : Ivar dans Vikings. Il passe d’un adolescent handicapé, victime, frustré, cruel et impuissant à un grand guerrier qui se prend d’affection pour un jeune garçon maintenu captif. Il dépasse totalement son handicap et l’éducation de sa mère. Dommage que sa fin ait été massacrée par les scénaristes…
Charlotte Quenardel : Norman Bates dans Bates Motel et Carrie Mathison dans Homeland. Je trouve que le traitement de la santé mentale que ce soit au cinéma ou à la télévision est assez difficile à représenter et je trouve que Carrie Mathison et Norman Bates interprètent très bien la plongée vers les abysses.
Hala Habache : Je ne sais pas si on peut vraiment parler de personnage tant son évolution dans la série est d’une authenticité rare mais je dirais Arabella, dans I May Destroy You. Son cheminement est très fort, très juste. La manière dont elle s’approprie la douleur dont elle se détache petit à petit pour pouvoir avancer est à la fois un grand exemple de réussite scénaristique d’écriture de personnage mais aussi de résilience humaine.
Sébastien Guilhermet : C’est dur de faire le tri, mais des séries que j’ai vues, je vote pour le personnage de Nora Durst dans The Leftovers. Avec cette mère qui a perdu toute sa famille, au fil de trois saisons, on suit une femme au caractère aussi fragile que tenace, qui soulève des montagnes et nous fait pleurer à chaudes larmes.
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La série dont la construction narrative est particulièrement bien trouvée ?
Bérénice Thevenet : Ce n’est peut-être pas la meilleure construction narrative mais elle m’a suffisamment marquée pour que je la mentionne. Je pense notamment au montage narratif que l’on trouve dans les épisodes de Breaking Bad. Chaque épisode commence généralement par un élément (scène ou détail visuel) qui apparaît comme un effet d’annonce partiel. Cela créer un (faux) suspense qui mélange la fin au début et inversement.
Thierry Dossogne : Juste pour le plaisir de contourner cette question, je vais répondre Curb Your Enthousiasm… car il n’y a pas de structure, c’est une succession de non-sujets. Et c’est ça qui est drôle.
Sarah Anthony : Je dirais Cruel Summer, mini-série qui retrace trois années autour de la disparition d’une ado dans les années 90. Les années alternent dans chaque épisode, on le comprend grâce aux coupes de cheveux et aux filtres sur les images. Ce découpage permet de garder le suspense en dévoilant çà et là des indices : très prenant.
Charlotte Quenardel : J’aime particulièrement la façon dont sont construites les séries d’anthologie comme American Horror Story et The Haunting, qui ont pour chaque saison, une nouvelle histoire. Bien sûr, elles n’existeraient pas sans The Twilight Zone, qui elle fonctionnait par épisode. Un must. Petite mention pour Mindhunter et la manière dont ils façonnent leur profilage au fil des saisons.
Hala Habache : Qu’on aime ou non la série, souvent trop mélodramatique, This Is Us propose une construction narrative vraiment intéressante. La série, non chronologique, convoque à la fois passé, présent et futur. Non seulement la série n’est pas linéaire donc mais elle surprend souvent dans la construction même de chaque épisode. Parfois, un épisode débute avec un personnage inconnu et ce n’est qu’à la fin que l’on comprendra qui il est. C’est une série qui a des défauts mais qui reste très surprenante du point de vue de son écriture.
Sébastien Guilhermet : C’est un peu cliché ou grossier comme réponse, mais je dirai la première saison de True Detective. La construction narrative, avec cette communication temporelle qui fait se jumeler les époques, accentue le plaisir que peut ressentir le spectateur en s’insérant dans les affres de ce thriller poisseux et tendu.
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La série avec la meilleure bande-originale ?
Bérénice Thevenet : La meilleure bande originale revient, selon moi, à la saison 3 de American Horror Story intitulée « Coven ». En évoquant la thématique de la sorcellerie moderne et ancienne, Ryan Murphy a choisi une bande originale exigeante qui fait notamment appel à la magie musicale de Fleetwood Mac, avec des morceaux comme « Rhiannon ».
Thierry Dossogne : The Walking Dead, The Leftovers, les Soprano. Le Prince de Bel-Air pour le côté fun, Les Simpson et les X-Files pour le côté culte, et Seinfeld pour l’absurdité.
Sarah Anthony : La bande-originale de L’amie prodigieuse, signée Max Richter, qui réinterprète notamment les quatre saisons de Vivaldi.
Charlotte Quenardel : Max Ritcher… pour The Leftovers. Juste poétique. Et Angelo Badalamenti pour Twin Peaks, totalement lancinante.
Hala Habache : Probablement Mozart in the Jungle. Toutes les séries utilisent de la musique mais pas toutes les séries parlent de musique. C’est pour ça que l’usage de la musique dans Mozart in the Jungle est assez incroyable, parce qu’il y a toujours une explication, un choix au sein de la fiction. C’est vraiment une série sur la création, sur le fait d’être habité par la flamme de la musique, par le blood.
Sébastien Guilhermet : Je pense directement à Samurai Champloo avec la BO monstrueuse et jazzy du défunt Nujabes. Du fun et du plaisir à l’état pur.
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La série dont l’univers visuel te parle le plus ?
Bérénice Thevenet : L’univers visuel de Mindhunter me parle beaucoup. Pas seulement parce que j’apprécie particulièrement le style de David Fincher. La série a créé une atmosphère vraiment à part. La reconstitution historique d’une époque – celle des années 70-80 – est plus que crédible. On s’y croirait. Cela donne d’autant plus de crédit au récit comme à l’interprétation sans faille du casting.
Thierry Dossogne : Les première et troisième saisons de True Detective, Gomorra, les premières saisons de The Walking Dead, Taboo, Les Soprano.
Sarah Anthony : Ah, question difficile ! A peu près toutes les séries où les gens sont excentriques et créatifs. J’ai adoré les deux saisons de la teen série The Carrie Diaries, qui raconte la jeunesse de Carrie Bradshaw, en particulier la rédaction d’Interview Magazine, avec sa rédactrice Larissa Loughlin (la merveilleuse Freema Agyeman). J’aime les costumes, les décors très arty. J’ai aussi beaucoup aimé l’univers visuel de Why Women Kill saison 1, mais aussi celui des séries Valeria et Younger.
Charlotte Quenardel : Question très difficile pour moi. Celui des The Haunting (oui), Westworld (saisons 1 et 2), Downton Abbey et Twin Peaks. (Il doit en manquer).
Hala Habache : J’aime beaucoup l’univers esthétique de The Deuce et de GLOW. Très seventies et eighties. Je pense aussi à la première saison de Why Women Kill, et en particulier aux moments consacrés au personnage de Lucy Liu…dans les années 70 !
Sébastien Guilhermet : Bizarrement, je suis obligé de répondre Twin Peaks. Le style Lynchien est présent du début à la fin malgré une qualité qui joue parfois aux montagnes russes notamment en milieu de saison 2. Mais voir une bourgade américaine vicieuse, ténébreuse et putride filmée dans un style du « soap opera » et scrutée d’une main de maître par David Lynch, se veut une expérience singulière. Sans parler de l’incroyable épisode 8 de la saison 3.
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La série d’animation que tu préfères ?
Bérénice Thevenet : S’il faut parler d’une série d’animation, je ne peux que citer Les Simpson. Cette œuvre télévisuelle cultissime fait, pour moi, écho à l’enfance et aux goûters devant W9. Que dire de cette série, si ce n’est que je ne m’en lasse pas. Les aventure de la famille la plus célèbre de toute l’Amérique me font toujours autant rire et réfléchir !
Thierry Dossogne : Je ne regarde plus de séries animées depuis bien longtemps, mais Les Simpson sont une référence absolument incontournable pour moi, la série ayant bercé toute mon enfance et mon adolescence au point que nombre de personnages et de citations sont incrustés dans mon cerveau à tout jamais. Comme beaucoup de fans, je trouve que depuis une dizaine d’années (au moins), la série a perdu tout ce qui faisait son charme. Mais les vingt premières saisons sont intouchables. Sinon, je garde un excellent souvenir de la série animée Batman, mais c’est la nostalgie de l’enfance qui remonte à la surface…
Sarah Anthony : Sans compter Les Simpson, je choisis Arcanes. Je n’aime pas trop les séries d’animation normalement (à part Les Simpson) et je ne connais pas League of Legends, dont est tirée Arcanes. Mon compagnon a voulu me faire découvrir la série et j’ai adoré. Quelle beauté ! Tout est soigné, un travail d’artiste, voire de virtuose, en même temps qu’un travail technique pointu. J’attends la saison 2 avec impatience.
Charlotte Quenardel : Je ne regarde pas de série d’animation, du coup pour le côté nostalgique (et parce qu’elle est géniale) je dirais Batman. So 90s.
Hala Habache : Bojack Horseman ! L’une des séries les plus difficiles à regarder, tant elle semble nous entraîner de plus en plus dans les méandres de son personnage principal, attachant et horrifiant à la fois. C’est une très belle série, qui enseigne beaucoup et qui est très bien incarnée par les voix de Will Arnett, Aaron Paul et Alison Brie notamment. Un univers visuel fantasque et complexe. Mention également pour Tuca and Bertie, la série créée et dessinée par l’illustratrice de Bojack Horseman, Lisa Hanawalt.
Sébastien Guilhermet : Le débat est ouvert : difficile de départager des séries comme Cowboy Bebop, Samurai Champloo ou même Neon Genesis Evangelion. Je ne peux que conseiller les trois tant les univers visuels sont vastes et les quêtes existentielles fascinantes.