Felix Van Groeningen réunit Timothée Chalamet et Steve Carell dans un duo père/fils des plus touchants dans My Beautiful Boy. Complémentaires et bourrés de talent, les deux acteurs offrent une nouvelle histoire sur la toxicomanie, fléau qui touche de plus en plus les américains, mais surtout sur la vie des proches durant cette descente aux enfers.
L’un a l’expérience de la caméra, l’autre a la fougue de la jeunesse et tous deux apportent leurs regards différents mais bienveillants sur la vie d’une famille dont le fils devient addict à la drogue. Steve Carell a rarement été aussi bon et bouleversant que lorsqu’il saisit son rôle à pleine main pour s’imprégner de l’amour paternel d’un père qui ne sait plus comment aider son fils. Cet amour d’un père totalement dévoué à la guérison de son fils a bien du briser plusieurs cœurs dans les salles de cinéma. L’acteur offre une telle émotion au spectateur que c’est littéralement lui qui porte le film sur ses épaules et qui réussit à maintenir en vie l’intrigue même lorsque le film se repose un peu. Timothée Chalamet le seconde avec un talent toujours aussi prometteur que celui qu’on avait déjà bien vu dans Call Me By Your Name, et se révèle aussi attachant que dans ce dernier d’ailleurs. Il joue le toxicomane avec une grande élégance, assez étonnante, qui lui colle toujours à la peau. Chalamet vole de plans en plans au fil de la défonce et de la musique qui résonne autant en lui qu’en nous.
Il faut attendre la fin pour que la musique prenne véritablement la place qu’elle mérite lors de ce que l’on pourrait croire un final majestueux. Parce que les images sont belles déjà, comme tout au long du film où l’esthétique est réellement travaillée dans chacun de ses détails et couleurs. Mais aussi parce que l’opéra fait ressortir et ressentir des choses folles au cinéma. Tout au long de l’oeuvre, le réalisateur cultive un certain classicisme dans sa manière de traiter le thème de la drogue, chose faite et refaite dans le septième art. De Requiem for a dream à Climax dernièrement, la musique psychédélique, les couleurs flashs et les néons à l’écran sont des choses bien déjà vues qui ne fonctionnent plus toujours malgré pourtant ces belles réussites. Felix Van Groeningen tombe dans le piège en reproduisant cette forme classique mais propose finalement de changer de cap en livrant des scènes qui proposent autre chose, et permettent enfin au spectateur de voir autrement. Bien sûr, l’évolution du personnage et de son parcours rentrent en compte tout comme l’intention du cinéaste dans ce qu’il veut montrer de l’état de Nic, mais les notes de piano et le style classique mêlé au ton plus urbain produisent un mélange parfois plus intéressant que ce que l’on a déjà vu des dizaines de fois.
My Beautiful Boy a peu de dialogues, ce qui les rend d’autant plus importants, surtout quand un père dit à son fils à quel point il l’aime. Mais ces absences de texte laissent des fois planer une ambiance en perte d’intensité. Pourtant, le montage est brillant et permet à chaque fois au film de retrouver son rythme qui semblait s’écrouler durant quelques scènes. Felix Van Groeningen est un artiste à part entière qui ne néglige aucun aspect de ses œuvres. De l’image au son en passant par une réécriture sobre, tout est appliqué. Inspiré par une histoire vraie et même deux livres, le réalisateur a eu de quoi documenter et préparer son film qui s’avère donc être une belle réussite malgré quelques défauts. My Beautiful Boy aura fait naître l’un des plus beaux duos du cinéma américain moderne. Alors que tout le monde prédisait déjà des nominations aux Oscars pour ce film, l’Académie semble avoir en tout cas bien oublié la belle prestation de Steve Carell.
My Beautiful Boy : Bande-Annonce
My Beautiful Boy : Fiche Technique
Réalisation : Felix Van Groeningen
Scénario : Luke Davies et Felix Van Groeningen, d’après les mémoires Beautiful Boy: A Father’s Journey Through His Son’s Addiction de David Sheff et Tweak: Growing Up on Methamphetamines de Nic Sheff
Interprétation : Steve Carell, Timothée Chalamet, Maura Tierney, Amy Ryan
Photographie : Ruben Impens
Montage : Nico Leunen
Producteurs : Dede Gardner, Jeremy Kleiner et Brad Pitt
Sociétés de production : Plan B Entertainment, New Regency Pictures
Sociétés de distribution : Metropolitan Filmexport (France)
Genre : drame biographique
Durée : 112 minutes
Dates de sortie : 6 février 2019
ETATS UNIS – 2018