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« Le Livre de Cassandre » : deux mondes qui s’entrechoquent

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Avec « Le Livre de Cassandre », Olivier Péru, Benoît Dellac et Evgeniy Bornyakov publient aux éditions Soleil le second tome de la série No Zombies. On s’y intéresse plus particulièrement à Cassandra, vulnérabilisée, et encore marquée par ses souvenirs d’ancien mort-vivant.

« Quoi qu’on fasse pour oublier, pour se pardonner, on redevient pas tout à fait humain, pas tout à fait vivant. Quelque chose reste mort en nous. » Dans No Zombies, le mort-vivant n’est qu’un statut semi-permanent. Un vaccin permet en effet de ramener les morts à la vie, mais ces derniers demeurent assaillis de visions cauchemardesques, les horreurs qu’ils ont commises en tant que zombi étant rattachées à eux comme une seconde peau. Pour Cassandra, l’héroïne de ce second tome, cela se manifeste par des réminiscences d’un passé douloureux, où elle s’est notamment opposée à son mari et son enfant.

Difficile de ne pas évoquer la série télévisée The Walking Dead quand on analyse une œuvre mettant en scène des morts-vivants. Cette fois, c’est l’édification d’un village fortifié, le Kellerman’s camp, qui nous rappelle forcément Woodbury. Là-bas, des jeunes protagonistes se sont rassemblés autour d’un professeur : leurs parents ont en effet tous mystérieusement disparu après avoir franchi les barricades de la ville. Cassandra, Joseph et Ruben font ainsi la rencontre d’une communauté qui peine à accepter l’idée qu’un vaccin pourrait lui ramener les siens.

« Le Livre de Cassandre » ne déroge pas à ce qui a été initié dans cette nouvelle série : ambiance post-apocalyptique, hordes de zombis, communautés repliées sur elles-mêmes, héros messianiques colportant le vaccin… Là où Joseph était préoccupé par son frère dans le premier tome, cette fois c’est Cassandra qui apparaît vulnérable, en proie à la température et aux visions d’horreur, de telle sorte qu’on se demande si le mort-vivant tapi en elle ne va pas surgir à nouveau. La psyché du personnage est d’ailleurs effeuillée avec beaucoup d’à-propos : ancienne sportive désormais diminuée, vivant avec les remords de sa vie de zombi, elle songe au suicide, sans l’avouer à ses compagnons de route.

Au-delà du changement de protagoniste principal, deux particularités distinguent cet épisode de son prédécesseur : l’immunité offerte par des vaccins expérimentaux du gouvernement semble ramener à la vie plus rapidement les morts-vivants ; un étrange croquemitaine, pas étranger à ces protocoles vaccinaux, sévit aux alentours du Kellerman’s camp, dans un état hybride plutôt bien pensé. Entre ces événements, qui nourrissent abondamment l’intrigue et l’action, et un personnage de Cassandra plus profond qu’il n’y paraît, « Le Livre de Cassandre » tient toutes ses promesses et confirme que No Zombies est une série à suivre attentivement – et dont, notons-le, le second volume peut se lire indépendamment du premier.

No Zombies : Le Livre de Cassandre, Olivier Péru, Benoît Dellac et Evgeniy Bornyakov
Soleil, janvier 2022, 64 pages

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3.5
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