Avec British Invasion, Carlotta nous permet de faire le point, en un livre et cinq films, sur l’importance de la culture britannique des presque soixante dernières années.
Le livre part d’un constat : celui du déferlement culturel britannique sur l’Occident depuis le début des années 60. Un déferlement qui va toucher tous les aspects de la vie culturelle : musique bien sûr, mais aussi cinéma, télévision, mode…
Mais au lieu d’en faire un livre encyclopédique qui recenserait froidement les diverses formes prises par cette « invasion », British Invasion se livre à nous sous la forme d’un dialogue. Dialogue entre deux personnes qui furent témoins de ce déferlement. D’un côté nous avons Valli, chanteuse et journaliste américaine vivant à Paris et qui est devenue célèbre en France grâce à la chanson « Chacun fait c’qui lui plaît ». Depuis, elle est devenue journaliste et animatrice.
Stephen Clarke, quant à lui, est un écrivain britannique qui décrit avec humour les relations entre Français et Anglais dans ses livres A year in the merde ou Français, je vous haime.
Ces deux Anglo-saxons francophones vont donc nous livrer leur vision de cette conquête du monde culturel par la Grande-Bretagne. Il ne s’agit pas là de livrer une vision exhaustive du sujet, mais bien d’en montrer la perception qu’en ont eue les deux intervenants, une perception croisée américano-britannique. Il est ainsi très intéressant de voir, par exemple, comment les Beatles ont été perçus la première fois qu’ils ont débarqué aux États-Unis. Valli montre que, là où Elvis divisait profondément les générations, le groupe de Liverpool avait tendance à plaire aussi bien aux parents qu’aux enfants.
Le chapitre consacré à la musique, qui ouvre le livre, est le plus fourni. L’invasion britannique y est décrite en plusieurs vagues successives : Beatles, Stones, Kinks, Led Zeppelin, Bowie, Sex Pistols… Les groupes sont décrits avant tout comme des phénomènes médiatiques, avec des anecdotes personnelles.
Le livre est divisé en six chapitres : musique, style, art (photographie et peinture essentiellement), cinéma, télévision et littérature. On y parle, pèle-mêle, de Twiggy, de l’Aston Martin de James Bond, de Peter Sellers, Colin Firth, Emma Peel (on apprend d’ailleurs que son nom est un jeu de mot plutôt coquin), John LeCarré, Salman Rushdie, et bien d’autres artistes encore. En bas de chaque page se trouvent des repères historiques qui commencent avec l’accession au trône d’Elisabeth II et se terminent par le mariage du prince Harry avec Meghan Markle. Enfin, chaque chapitre se clôt avec une playlist d’albums à écouter…
On pourrait bien entendu juger dommage que la place attribuée à certains artistes soit trop réduite (pour les Monty Python par exemple), que Daniel Day Lewis ne soit que mentionné ou que Stephen Fry soit carrément absent. Mais le but n’est pas ici de faire une étude complète du phénomène mais de montrer son influence et son évolution permanente.
Car la culture britannique est toujours vivante et fortement active de nos jours. Et un tel livre, s’étendant sur presque soixante ans, montre son évolution, qui est le reflet de la société britannique dans son ensemble, à travers ses bouleversements socio-politiques (la forte opposition à la politique de Thatcher par exemple).
Et avec le livre se trouvent cinq films représentatifs de cette culture britannique. Il était évident de débuter avec les Beatles, dans A Hard day’s night, de Richard Lester. La comédie figure bien entendu en bonne place avec The Party, chef d’œuvre burlesque de Blake Edwards avec un Peter Sellers inoubliable, mais aussi Alfie, de Lewis Gilbert, centré autour de la personnalité hautement égocentrique d’un séducteur incarné par le génial Michael Caine. Avec Blow Up, Antonioni fait une radiographie d’une incroyable précision de la pop culture londonienne tout en menant une réflexion sur le statut de l’image ; le film obtiendra la palme d’or à Cannes en 1967 et aura une influence fondamentale sur le cinéma. Enfin, Good Morning England fait un peu la synthèse de toute cette « British Invasion » en nous montrant les débuts des radios libres, alors interdites. Ce qui permet au réalisateur Richard Curtis (qui avait signé auparavant Love Actually ainsi que les séries Black Adder et Mr Bean, entre autres) de développer son amour de la musique (la bande originale est juste ébouriffante, des Kinks à Bowie en passant par The Who) et de faire une très jolie comédie portée par un casting quatre étoiles.
En conclusion, un livre très intéressant, agrémenté de nombreuses photos et rempli d’informations, mais aussi de souvenirs et d’émotions.
British Invasion, Pop save the Queen
Livre de 144 pages, incluant plus de 100 photos / 5 DVD
Sortie le 7 juin 2019
L x H : 24 x 29 cm
59,99 Euros TTC
ISBN : 9782377970766
Incluant 5 films :
_ A Hard day’s night, de Richard Lester (1964), avec Les Beatles
_ Alfie, de Lewis Gilbert (1968), avec Michael Caine, Shelley Winters
_ Blow Up, de michelnagelo Antonioni (1966), avec David Hemmings, Vanessa Redgrave et Jane Birkin
_ The Party, de Blake Edwards (1968), avec Peter Sellers, Claudine Longet
_ Good Morning England, de Richard Curtis (2009), avec Philip Seymour hoffman, Rhys Ifans, Bill Nighy