Découverte au festival Séries Mania (Nord / Hauts de France) de 9-1-1, la nouvelle série du duo derrière Nip/Tuck et American Horror Story, Brad Falchuk et Ryan Murphy, accompagnés par Tim Minear, qui suit les premiers secours de Los Angeles dans leurs urgences professionnelles et quotidiennes. Attention, mélodrame et sensationnalisme à gogo…
Synopsis : Le quotidien sous haute tension des policiers, ambulanciers, pompiers et standardistes du numéro d’appel d’urgence américain, qui se retrouvent dans les situations les plus choquantes, terrifiantes et haletantes. Ces intervenants de toutes les urgences tentent de trouver l’équilibre entre les vies à sauver et les tourments de leur propre existence.
« 911, quelle est votre urgence ? » – « Aidez-moi ! Il y a du mélo partout ! »
Dans la salle où étaient projetés les deux premiers épisodes du show, il y avait de tous les publics. Notamment des spectateurs lambda, ne cherchant pas la petite bête, et surtout, des regards prêts à tout apprécier (particulièrement quand l’événement est gratuit, « malin le lynx »). Et ils ont ri, été émus, touchés d’effroi par les situations, toujours au moment attendu. Cela, parce-que 9-1-1 est une machine bien huilée, une production qui sait très bien quel public elle va toucher. A partir d’un simple sujet – un objet du quotidien même -, Ryan Murphy, Brad Falchuk et Tim Minear créent un feuilleton noyé dans le mélodrame et le sensationnalisme. Angela Bassett interprète un personnage tout aussi subtil que son jeu, Athena Grant, une policière qui intervient sur les accidents et autres lieux où l’urgence convoque pompiers, flics, etcetera. Athena a un problème, son couple bat de l’aile, on apprend dans l’épisode un que son mari est gay ; dans l’épisode deux qu’elle le savait déjà mais qu’elle voulait une famille. Le pompier Bobby Nash vient de perdre dans le premier épisode une personne à sauver. La malheureuse s’est jetée du haut d’un bâtiment. Torturé par la « jumper », il va à l’église, comme chaque semaine, où il demande pardon pour ses pêchés. Nash est un ex-junkie, alcoolique, qui usait de bien des substances pour oublier les tracas collatéraux de son travail. On a aussi Abby Clark, l’une des permanentes au standard du 911. A elle aussi sa vie est un feuilleton. Interprétée par Connie Britton, la femme célibataire partage son temps entre son travail et sa mère souffrante d’Alzheimer qu’elle a installée chez elle. Mais qui sait, peut-être qu’elle pourra, grâce à la nouvelle aide au foyer, avoir une vie sentimentale un peu plus remplie. Et peut-être que cela aura lieu avec le jeune et impétueux Evan Buckley. Mais Evan a aussi ses problèmes. Éternel séducteur, il prend conscience d’être possiblement un sex-addict, et surtout, il va devoir faire face au trauma d’un sauvetage difficile qui l’emmènera chez une psy avec laquelle il couchera au final. Et ça n’est pas fini, la bande de « joyeux lurons » est complétée par deux autres personnages dont l’éternel personnage humoristique apportant un comic relief permettant de ne pas se noyer complètement dans ce nœud de mélodrames…
Du côté du sensationnalisme, les créateurs ont fait fort. Les pompiers ne vont pas sauver des personnes touchées par des crises cardiaques ou d’autres soucis du quotidien. Non, « on veut du spectacle ! » ont dû se dire les créatifs du show, eh bien vous en avez. Et notez que les spectateurs lambda étaient au rendez-vous. « Oh », « non ! », « AH ! »…Dans les interventions des deux épisodes, on a des cas de suicides avec sauts d’une importante hauteur ; un rollercoaster qui fonctionne mal et envoie voler l’un de ses passagers puis laisse les autres la tête en bas, sauf un, qui était très effrayé à l’idée de monter dans l’attraction, et qui se retrouve à tenir à bout de bras le rabattement protecteur des deux sièges ; un bébé prématuré abandonné dans les tuyaux de sanitaires mais qui est bien vivant, ainsi la question est : résistera-t-il aux multiples chasses d’eau usée qui risquent de le noyer d’une seconde à l’autre ? On aura aussi un cambriolage d’une maison dans laquelle se trouve seule une petite fille toute mignonne qui venait à peine d’y emménager avec sa famille. Mais le sensationnalisme atteint un niveau véritablement pervers à la fin du second épisode. Le personnage d’Angela Bassett rentre chez elle et hèle sa fille, la même qui ne parlait plus beaucoup à ses parents depuis le coming out du père et qui, à un certain moment, n’avait plus trop envie d’aller en cours. Elle avance vers la porte de la chambre de l’adolescente, l’ouvre et découvre paniquée qu’elle a consommé une quantité dangereuse de médicaments. Elle prend la gamine dans ses bras et tout à coup… Le générique de fin de l’épisode défile. Bref, on devra attendre l’épisode trois pour savoir si la gamine va survivre ou non. Quand le suspense est perverti au point d’en faire ressortir un sensationnalisme malhonnête (pour ne pas dire « dégueulasse ») et pourtant, ô combien efficace sur bon nombre de spectateurs présents dans la salle… Hélas.
Bande-Annonce – 9-1-1, une série de Brad Falchuk, Ryan Murphy et Tim Minear
E.-U. 2018 – épisodes 1 et 2 vostf coul. 2×42min (série 13×42min)
Créateurs et scénaristes : Ryan Murphy, Brad Falchuk, Tim Minear / réalisateurs : Bradley Buecker (ép.1), Gwyneth Horder-Payton (ép.2) / avec : Angela Bassett, Peter Krause, Oliver Stark, Aisha Hinds, Kenneth Choi, Rockmond Dunbar, Connie Britton / producteurs : 20th Century Fox en association avec Ryan Murphy Television et Brad Falchuk Teley- Vision / vendeur international : 20th Century Fox Television / diffuseur E.-U. : Fox / diffuseur France : Groupe M6