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Le parfum vert de Nicolas Pariser: l’insoutenable légèreté du polar

Chloé Margueritte Reporter LeMagduCiné
2.5

Inspirée des grands films d’espionnage, la comédie Le Parfum vert se veut un pastiche non plombé par ses écrasantes références. Dommage que le film ne suive pas, jusqu’au bout, l’énergie de ses débuts. Au final, une comédie policière légère et plaisante, sans plus.

Hitchcock sans Hitchcock

Sandrine Kiberlain et Vincent Lacoste forment un duo dynamique dans les premières séquences du Parfum vert, elle en grande naïve, lui en acteur pris dans les filets d’une histoire qui le dépasse. Autour d’eux, des références à n’en plus finir, l’inspiration Hitchcock n’est jamais loin. Quand ils se prennent au jeu, lui effrayé, elle enthousiaste, tout fonctionne à merveille. Au début, le rythme est là, l’incompréhension du personnage principal face à sa situation ajoutant au burlesque de scènes qui auraient pourtant très bien pu virer au drame. Or, plus on avance dans l’intrigue, moins on est convaincu par son efficacité, la stabilité du scénario. On va dans tous les sens, sauf vers une résolution et au fur et à mesure acteurs, mise en scène et scénario commencent sérieusement à donner l’impression d’être en roue libre. Résultat, Sandrine Kiberlain rejoue à outrance le rôle de la naïve et Vincent Lacoste cabotine à mort. Si le film se veut un hommage, les acteurs se pastichent eux-mêmes…

Il y a trois ans pourtant, son précédent film, Alice et le maire avait amorcé une vraie force scénaristique, un duo de contraires qui fonctionnait à merveille, alors que dans Le Parfum vert même l’amourette entre les deux héros semble forcée. L’autre inspiration du film : la bande dessinée. Vincent Lacoste se confond bien vite à un Tintin moderne, complètement paumé dans son époque, en décalage, et baladé dans tous les sens. Il réussit l’exploit, tel un inspecteur gadget, de tout réussir alors qu’il foire tout ! Un joli paradoxe qui entraîne des vrais moments drôles. Sauf que ce fil de la BD n’est pas assez exploité, la mise en scène n’en tire pas assez profit, l’histoire non plus (on avait pourtant de belles pistes à travers cette auteure de BD ou ce collectionneur fou…). L’intrigue se perd dans ce qu’elle cherche à pasticher, même si elle se relance sans cesse par de nouvelles découvertes et connaît des moments de bravoure comme lors de la scène au théâtre, seul fil narratif véritablement exploité.

Le Parfum vert, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes 2022, se veut un divertissement pur au détriment d’une réelle prise de risque après le succès d’Alice et le maire. Le film se déroule, ronronne et s’entremêle, en faisant rire parfois, mais sans jamais surprendre ou accrocher véritablement le spectateur. Oubliable.

Le Parfum vert : Bande annonce

Le Parfum vert : Fiche technique

Synopsis : En pleine représentation, un comédien de la Comédie-Française est assassiné par empoisonnement. Martin, membre de la troupe témoin direct de cet assassinat, est bientôt soupçonné par la police et pourchassé par la mystérieuse organisation qui a commandité le meurtre. Aidé par une dessinatrice de bandes dessinées, Claire, il cherchera à élucider ce mystère au cours d’un voyage très mouvementé en Europe.

Réalisation : Nicolas Pariser
Scénario : Nicolas Pariser
Interprètes : Sandrine Kiberlain, Vincent Lacoste, Rüdiger Vogler, Léonie Simaga, Arieh Worthalter, Jeanna Thiam, Alexandre Steiger
Photographie : Sébastien Buchmann
Montage : Christel Dewynter
Distribution : Diaphana
Durée : 1h41
Genre : Comédie
Date de sortie : 21 décembre 2022

Reporter LeMagduCiné