Le mercredi 4 décembre 2019, sortait en salles Brooklyn Affairs, un long-métrage réalisé par Edward Norton qui a, de surcroît, le rôle principal. Il s’agit d’un thriller américain dont l’action en demi-teinte a lieu dans le New York des années 50, un New York reconstitué et plus vrai que nature.
Né le 18 août 1969 à Columbia, dans l’Etat du Maryland, Edward Norton monte précocement sur les planches, dès l’âge de cinq ans. Arrivé à l’âge adulte, il va voir, très vite, décoller sa carrière au cinéma. C’est Peur Primale (1996) qui le sort rapidement de l’ombre. Ce polar lui vaut même une nomination aux Golden Globes. Il focalise, dès lors, l’attention des professionnels du septième art. Il enchaîne succès sur succès. Nous pouvons retenir son rôle comme avocat dans Larry Flint de Milos Forman et sa prestation dans la comédie musicale Tout le monde dit I love you de Woody Allen.
En une année (1996), il devient ainsi un des jeunes acteurs les plus convoités et les plus prometteurs du moment. Parmi les films les plus adulés du grand public, où il joue avec brio, nous devons citer, par la suite, American History X (1998) et Fight Club (1999) : le premier des deux lui vaut d’ailleurs une nomination à l’Oscar du meilleur acteur. Edward Norton passe alors derrière la caméra et nous livre son premier film Au nom d’Anna (2000). Il continue d’endosser divers rôles, véritable acteur caméléon, dans des registres vraiment variés : nous pouvons, en piochant dans une liste loin d’être exhaustive, mentionner le thriller Dragon Rouge, le drame La 25ème heure de Spike Lee, et le film historique Kingdom of Heaven. Il ne boude pas non plus les blockbusters, en acceptant d’incarner L’Incroyable Hulk, réalisé par le français Louis Letterrier, en 2008. Depuis l’époustouflant Birdman d’Alejandro González Iñárritu, sorti en 2014, Edward Norton, un temps plus rare sur le grand écran, signe enfin son grand retour, comme réalisateur et acteur, avec Brooklyn Affairs.
Brooklyn Affairs est une adaptation libre du roman Les Orphelins de Brooklyn (Motherless Brooklyn) de Jonathan Lethem publié en 1999. Edward Norton, qui pilote également le scénario, a préféré cependant transposer l’intrigue, fouillée à l’extrême, dans les années 1950 (au lieu de 1999 pour le livre) car c’est une période où le racisme était encore très prégnant, et la démocratie souvent mise à mal. Le pouvoir enivrant et l’argent au service de rêves grandioses, notamment l’urbanisation frénétique d’un New York aux autoroutes et ponts tentaculaires, se font au détriment de populations déplacées, dont la voix peine à se faire entendre, en dépit de la pugnacité, émanant surtout de femmes tenaces.
Edward Norton rêvait de réaliser ce long-métrage depuis les années 2000 et voit enfin son projet se concrétiser. Il nous sert un casting caviar avec des stars comme Alec Baldwin, Willem Dafoe, et Bruce Willis, sans oublier, de surcroît, d’excellents comédiens pour les seconds rôles. Si l’interprétation sonne juste, l’intrigue de Brooklyn Affairs demande une attention accrue, sinon on perd rapidement le fil conducteur de ce polar noir, qui a le don de nous égarer, entre les réminiscences à foison de Lionel Essrog, un souci peut-être trop prononcé du détail, et une durée de 144 minutes qui aurait pu être écourtée pour plus de percussion. Edward Norton incarne un détective privé, Lionel Essrog, souffrant du Syndrome de Gilles de la Tourette (il est donc bourré de tics dont nous sourions parfois), s’échinant à un jeu dangereux : comprendre pourquoi Frank Minna, son patron l’estimant à sa juste valeur, a été assassiné. Notons la présence du jazz qui s’invite dans ce long-métrage et renforce encore la qualité des décors et costumes d’une époque révolue mais reconstituée avec une qualité indéniable.