Avec La science fait son cinéma, Roland Lehoucq et Jean-Sébastien Steyer nous proposent un essai de vulgarisation qui aborde la SF sous l’angle de l’analyse scientifique la plus pointue qui soit. Instructif autant que récréatif.
Il nous est tous arrivé de regarder un film de science-fiction sans nous poser la question du bien-fondé scientifique de telle ou telle scène. Non pas que nous n’ayons pas de curiosité en la matière mais bon, puisque cet engin spatial vole sous nos yeux (2001, Alien…), sans doute cela signifie-t-il qu’il est correctement conçu, non ? Et si le héros plonge dans un trou noir (Interstellar) sans périr immédiatement, au moins bénéficie-t-il du doute puisque jamais personne n’a pu voir ce qu’il se passait au-delà… Après tout, dans science-fiction, il y a science et fiction, ce qui laisserait entendre que la science du futur, sous le couvert de la fiction, pourrait s’affranchir des lois de la physique. Car enfin, ne faudrait-il pas être atteint d’un pointillisme scientifique malvenu pour aller pinailler sur telle combinaison spatiale peu crédible ou tel système solaire à double lune peu probable ? N’y aurait-il pas là le risque de gâcher tout simplement le plaisir de croire ? En quelque sorte, peu importerait la science pourvu qu’on ait l’ivresse.
Roland Lehoucq et Jean-Sébastien Steyer sont justement deux scientifiques du genre poil à gratter. Particulièrement attachés à traquer les inexactitudes, ils se sont penchés sur quelques chefs-d’œuvre du 7ème art qui leur posaient question. Et de fait, c’est à un exercice hautement stimulant pour l’intellect qu’ils nous soumettent en décortiquant scientifiquement quelques scènes de films très connus. L’occasion par ailleurs d’aborder toutes sortes de notions scientifiques à l’aune de cas très…concrets. Ainsi posent-ils des questions toutes simples : est-il possible de faire pousser des patates sur Mars (The Martian) ? Ou encore : George Clooney avait-il raison de s’inquiéter du retour des débris du satellite russe placés sur la même orbite que lui (Gravity) ? En l’occurrence, non, nous expliquent les deux auteurs. Car soit les débris changent de vitesse et donc d’orbite, soit leur vitesse reste inchangée auquel cas leur distance vis-à-vis de George Clooney reste invariable. Dans tous les cas, notre valeureux astronaute ne doit jamais craindre le « retour » des débris tueurs. CQFD. L’ouvrage présente ainsi, tout au long de la quinzaine de chapitres qui le constituent, une batterie d’exemples tout à fait intéressants issus de films que nous avons tous plus ou moins vus sans même nous poser de questions.
Une lecture récréative et instructive. Wath else ?
La science fait son cinéma, Roland Lehoucq
BELIAL, octobre 2018, 250 pages