Doctor Who saison 8 « Robots of Sherwood »

Synopsis :Clara demande au Docteur de lui permettre de faire la connaissance de Robin des Bois. Le Docteur lui fait remarquer que Robin des Bois n’est pas un personnage réel, mais un héros du folklore ; cependant, c’est quand même lui, à la stupéfaction du Docteur, qu’ils rencontrent dans la forêt de Sherwood.

Le recyclage ne sauve pas toujours la forêt…

Après deux premiers épisodes menés par Moffat dans une veine plus sombre, « Robots of Sherwood » siqne le retour de Mark Gatiss, son collègue de Sherlock, au scénario. Un épisode qui s’annonçait plus léger et plus fun, une façon pour la série de renouer avec ses origines : voyage dans le passé, élément de science fiction et rencontre d’une figure connue, avec cette fois l’apparition d’un personnage plus légendaire qu’historique, Robin des bois. Malheureusement, si le ton volontairement désuet de l’ensemble reste charmant, cet épisode souffre une fois encore d’un manque d’ambitions scénaristique.

La première apparition du brigand au grand cœur annonce la couleur : « Robots of Sherwood » assume la légende et ne cherche pas le réalisme. On est beaucoup plus proche de la vision d’Eroll Flynn que de celle de Ridley Scott. Costume vert, éclats de rires en toutes occasions, belle barbiche blonde… Tom Riley incarne un Robin qui assume complètement la caricature. L’intrigue autour de cette rencontre sera donc logiquement plus enfantine (en témoigne un duel à la petite cuillère). Sauf que le premier couac survient assez rapidement lors d’une scène de pillage par le vil shérif de Nottingham. Le ton se fait subitement plus sombre, plus glauque, en totale opposition avec les séquences accompagnant Robin et le Docteur; on perd alors en un instant ce qui faisait le charme premier de cette épisode : l’esprit d’aventure. Difficile après de se remettre dedans, d’autant que la suite de l’intrigue manquera un peu de surprise. On découvre rapidement que des méchants robots aliens sont derrière toute cette mascarade (le titre nous l’avait déjà indiqué) et que le but de tout ceci est d’accumuler de l’or pour réparer leur vaisseau en panne. Autrement dit la même histoire que « Deep Breath » (08×1), mais aussi que « The lodger » (05×11), « The fires of Pompeii » (04×2)… en gros une trame déjà vue et revue dans la série, et qui ne surprend plus. Pire encore, on se sent irrité que l’auteur nous resserve cette même recette un peu simpliste, surtout quand celui ci s’appelle Mark Gatiss et qu’il fut capable de composer des intrigues qui pouvait êtres à la fois drôles, terrifiantes, intelligentes et originales (The Crimson Horror ou The God Complex). On aurait été en droit d’espérer un peu plus d’une telle figure de la télévision britannique.

Pour le reste, le combat de coq entre le docteur et le hors la loi reste dans les sentiers battus. Conflits d’ego, doutes, vannes idiotes… qui culmine lors de la scène du cachot où Clara leur fait remarquer qu’avec leurs disputes, les 2 justiciers n’ont même pas remarqué l’absence de gardes derrière la porte. Une touche d’humour qui aurait eu toute sa place et aurait surpris si elle n’avait déjà été utilisé dans « The Day of the doctor » (spécial 50 ans). C’est tout le problème de cette aventure, si l’ensemble est agréable, elle ne surprend jamais, la faute à un recyclage intensif des codes de la série sans véritablement chercher à repousser les limites (il y a même encore un personnage qui veut épouser Clara…).

La seule touche d’originalité viendra, de façon surprenante, du personnage du Shérif. Cruel et manipulateur comme dans la légende, Gatiss ajoute au personnage un étonnant manque d’ambition (en accord avec sa vision du monde à l’époque) qui se révèle être une source intarissable d’humour. Le voir annoncer ses future conquête des villes voisines avec fierté à quelque chose de risible mais à la fois touchant (« D’abord Nottingham puis… Derby et ensuite… Lincoln et après… LE MOOOONDE! »), quoique l’on peut aussi se poser la question s’il se moque de son interlocuteur. Le voir également marquer sur une carte ses futures possessions comme un gamin à noël (« A moi…A moi…A moi aussi… ») donne étonnamment le sourire. Cet antagoniste se révèle alors plus complexe qu’attendu. A la fois intelligent et courageux mais avec un petit coté infantile, une sorte de jumeau maléfique de Robin (et aussi un peu du docteur), peut être le premier méchant véritablement réussi de cette nouvelle saison.

Épisode un peu à part, avec très peu de référence à la continuité de la série, « Robot of Sherwood » est plaisant mais il lui manque un peu d’originalité et surtout un vrai souffle épique (les joyeux compagnons sont étonnamment laissés de coté…). Il serait peut être temps pour Moffat et sa bande, de mettre la main à la pâte. Si le recyclage sauve les arbres, ce serait une bonne idée de planter de nouvelles graines…

Fiche Technique: Doctor Who Saison 8

Titre original : Doctor Who
Genre : Aventure, Science fiction
Créateur(s):Steven Moffat (depuis 2008)
Pays d’origine : Royaume-unis
Date : 2005
Chaîne d’origine : BBC
Épisodes : Beaucoup…
Durée : 50 minutes
Statu : en cours
Avec : Peter Capaldi, Jenna Louise Coleman, Samuel Anderson…

Redacteur LeMagduCiné