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TCM Cinéma Programme : Un Silencieux au bout du canon, un film de John Sturges : Critique

[Critique] Un silencieux au bout du canon

Un film disponible sur TCM Cinéma et TCM à la demande à partir du mois de juin 2016

Synopsis : McQ (John Wayne), un vieux policier aux méthodes un peu brutales, enquête à sa façon sur une série de meurtres de flics.

Un Silencieux au bout du canon, c’est le film qui réunit deux légendes du vieil Hollywood. D’un côté John Sturges, immense réalisateur des mythiques Un Homme est passé, Les Sept Mercenaires ou La Grande Evasion. De l’autre, John Wayne, acteur si iconique qu’il semble représenter le western classique par excellence, et dont la filmographie est alors impressionnante. Les deux hommes n’ont jamais tourné le moindre film ensemble : autant dire que ce long métrage était attendu par ceux qui s’accrochaient encore à ce vieux cinéma complètement chamboulé par le débarquement du Nouvel Hollywood.

La déception n’en est que plus grande. Un Silencieux au bout du canon n’est pas un mauvais film, mais c’est un film insignifiant.

La scène d’ouverture laissait pourtant quelque espoir. Un homme parcourt les rues de Seattle en tuant des flics en uniforme, puis il entre dans un café où l’on apprend qu’il est lui-même policier. Finalement, il se fera lui-même abattre, ce qui est le véritable déclenchement du film. Un début assez brutal et intriguant, qui laissait espérer un film d’action tendu comme Sturges savait très bien les faire.

Mais tout retombe très vite. D’abord par son problème de rythme : Un Silencieux au bout du canon est un film lent, plombé par de nombreux dialogues qui n’ont pas grand intérêt pour l’action. Certes, il y a une certaine quantité de scènes d’action distillées dans l’œuvre, mais elles sont filmées platement.

Non seulement ces dialogues sont envahissants, mais ils sont chargés de toute une idéologie réactionnaire qui irrite franchement. Quelque chose va mal en ville ? « Encore un coup des anarchistes », forcément chevelus et barbus. Les femmes ? « Le MLF leur monte la tête » et elles ne veulent plus rester à la maison faire le ménage ! Les lois ? Elles sont faites pour protéger les truands, et si on veut faire respecter la justice, il faut le faire à sa façon.

A voir McQ s’opposer frontalement à ses supérieurs, à le voir employer des méthodes brutales en totale contradiction avec la loi, à le voir confondre enquête et auto-justice, on comprend facilement que Un Silencieux au bout du canon lorgne du côté de L’Inspecteur Harry. On y retrouve des thèmes et des méthodes identiques, mais la force subversive et la brutalité du film de Don Siegel est ici diluée et caricaturée.

L’un des buts flagrants du film était de redorer le blason de John Wayne, de montrer qu’en plus de 65 ans l’acteur n’était toujours pas dépassé par cette jeune garde qui déferlait depuis le milieu des années 60. Et, dans ces années 70, John Wayne a, effectivement, tourné quelques bons films. Mais ici, vouloir le faire paraître dans la fleur de l’âge, vouloir le faire rivaliser avec Eastwood frise le ridicule le plus complet.

Le film n’est pas complètement mauvais cependant. Quelques scènes sont franchement sympathiques. Il y a une assez belle course-poursuite et la scène finale est assez réussie. Par ses décors, ses costumes, sa photographie et sa très belle musique signée Elmer Bernstein, le film baigne totalement dans une ambiance typique des années 70 qui ravira les nostalgiques. Et il reste le charisme de John Wayne, acteur qui habitait l’écran comme peu savaient le faire.

En conclusion, Un Silencieux au bout du canon n’est pas un film mauvais, mais c’est un film maladroit, trop lent, un peu ridicule sur certains aspects. Un film cependant qui peut satisfaire les inconditionnels de John Wayne.

 Un Silencieux au bout du canon : Bande-annonce

Un Silencieux au bout du canon : Fiche Technique

Titre original : McQ
Réalisateur : John Sturges.
Scénariste : Lawrence Roman.
Interprètes : John Wayne (McQ), Eddie Albert (Kosterman), Diana Muldaur (Lois), Julian Christopher (J.C.), Al Lettieri (Santiago).
Photographie : Harry Stradling Jr.
Musique : Elmer Bernstein.
Montage : William H. Ziegler
Producteurs : Arthur Gardner, Jules Levy.
Société de production : Batjac Productions, Levy-Gardner, Warner Bros.
Société de distribution : Warner Bros.
Genre : policier.
Date de sortie en France : 10 avril 1974
Durée : 1h50

Etats-Unis-1974