SuperGroom-La-guerre-olympique-critique

« SuperGroom » dans l’arène

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Pour son retour, SuperGroom s’hybride avec Battle Royale ou Avengers Arena. Kidnappé, Spirou est en effet contraint de participer à un jeu diffusé sur Internet où il est aux prises avec d’autres super-héros.

Devenu super-héros, Spirou bénéficie des inventions du Comte de Champignac pour mener à bien ses nouvelles missions. On le découvre toutefois au début de « La Guerre olympique » soucieux de son empreinte écologique. Il ne faudrait pas que ses activités clandestines deviennent un prétexte commode pour renoncer aux valeurs qui l’animent habituellement. Ce détail caractérise très bien le personnage : SuperGroom est l’extension super-héroïque d’un homme sensible à l’environnement et à ses pairs. Un homme bientôt kidnappé pour participer à un concours clandestin de super-héros, dont les organisateurs demeurent mystérieux, tout comme Chapeau noir, le favori du tournoi, un hacker bénéficiant de technologies militaires.

Bon enfant, coloré, « La Guerre olympique » est un récit d’aventures échevelé. Et jouant volontiers des contrastes. « Votre présence ici est si ridicule et maladroite que vous êtes forcément dénué d’amour-propre ou d’arrière-pensées machiavéliques », se verra ainsi signifié SuperGroom, dont la stature a effectivement peu à voir avec celle de ses rivaux. Opérant un lien évident avec le monde sportif, médiatique et virtuel, l’album de Fabien Vehlmann et Yoann évoque les paris en ligne, met en scène un système de vote à distance et s’amuse de voir des faits indiscutables ignorés par des masses obnubilées par des considérations superficielles (chacun y verra les allusions qu’il veut). Ces tentatives timides d’épouser des enjeux contemporains ont le mérite d’exister et de se fondre parfaitement dans l’univers portraituré.

Ce second tome de SuperGroom est du même acabit que son prédécesseur. Il se lit d’une traite, se montre lacunaire en substance mais généreux en péripéties. S’il aborde brièvement les manipulations boursières et les sournoiseries capitalistiques, il vaut surtout pour sa galerie de personnages (Fantasio/Fantastik, la journaliste Superglue, Centaure et son solutionnisme technologique, Redwing, l’écureuil mignon et implacable, etc.) et pour les épreuves qu’il fait traverser à son héros. Parmi elles, on notera notamment la traversée d’une ancienne cimenterie protégée… par des drones mitrailleurs. Quoi qu’il en soit, « La Guerre olympique » est plaisant à lire et réussi sur le plan graphique. Mieux : les jalons du troisième tome semblent installés avec des mystères à percer et une organisation à explorer…

SuperGroom : La Guerre olympique, Fabien Vehlmann et Yoann
Dupuis, septembre 2021, 88 pages

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