Une fois n’est pas coutume, Le Mag du Ciné s’intéresse à un livre d’enfance : Monstres de maison, d’Eleonora Marton.
Tous les parents le savent, l’imagination des enfants est sans limite. Celle-ci leur permet de concevoir des scénarios de jeux fantaisistes, mais elle a un corollaire moins heureux, qui a plongé plus d’une famille dans le désarroi : les frayeurs nocturnes. Les uns peinent à s’endormir, se laissant aller à toutes sortes de visions fantasmagoriques ; les autres se réveillent en pleine nuit, parfois terrifiés.
Monstres de maison permet de dédramatiser les peurs enfantines en dévoilant leurs dessous. La petite Lola imagine un monstre dans chaque pièce de sa maison. Il y a d’abord Crissgrif dans le hall d’entrée, avec ses immenses cornes, ses jambes en forme de tentacules et ses longs doigts crochus. C’est par un jeu d’ombres que celui-ci fait son apparition une fois la nuit tombée, mais les premières lumières du matin laissent ensuite entrevoir les objets anodins qui ont fait son étoffe : un imperméable, une écharpe et un porte-manteau.
Eleonora Marton offre à chaque pièce son monstre en ombres chinoises, tant et si bien que les enfants, une fois échaudés, se délecteront bientôt à tenter de deviner ce qui compose les visions cauchemardesques de la jeune Lola : une couverture devient une langue immense, une serpillère se confond avec une tête couverte de serpents, un rideau ressemble à une silhouette imposante décapitée, un aspirateur s’apparente à un visage pourvu d’une longue trompe…
Aborder les peurs nocturnes à l’aune de Monstres de maison nous semble à la fois ludique et efficace. Les enfants tendent à comprendre la nature onirique des visions cauchemardesques, s’en amusent et apprennent à les relativiser. Ça tombe bien, puisque ce dernier point est de toute évidence l’objectif premier de ce petit livre fortement recommandable.
Monstres de maison, Eleonora Marton
Grasset Jeunesse, janvier 2020, 48 pages