True Detective saison 1 : Chronique musicale d’une série phénomène
A l’origine du projet de la série True Detective, il y a un jeune écrivain Nic Pizzolatto (embauché par AMC pour écrire plusieurs épisodes de The Killing), auteur d’un recueil de nouvelles The Atlantic Monthly, Ghost-Birds et Between here and the yellow sea et d’un premier roman Galveston, encensé par la critique et distingué en France par le prix du meilleur roman étranger en 2011. Un écrivain talentueux, dans la lignée d’un James Ellroy, capable de créer de mettre en image non seulement une atmosphère mais aussi de dévoiler les ténèbres de l’âme des hommes dans ceux qu’elle a de plus violent.
True Detective est un véritable chef d’œuvre, lyrique, philosophique, et comme toute grande série digne de ce nom, la musique est toute aussi hallucinée que l’interprétation de Matthew McConaughey (fraîchement oscarisé pour son rôle dans Dallas Club Buyers) du détective Rust Cohle, alias « le percepteur ». Un inspecteur persuadé que « la conscience humaine est un écart tragique de la nature ». Face à lui, le génial Woody Harrelson incarne l’inspecteur Marty Hart, un père de famille en apparence, le modèle de l’américain moyen… Nos deux détectives tourmentés sont affectés sur une affaire de meurtre à caractère rituel. Une jeune prostituée est retrouvée dans un champ de cannes à sucres, mise en scène par le tueur nommé « The Yellow King » dans une position de prière et sur sa tête, une étrange couronne de bois de cerfs…
Réalisé par Cary Fukunaga s’ouvre sur un générique de toute beauté un titre du groupe The Handsome Family intitulé «Far From Any Road» (extrait de l’album Singing Bones)
C’est au musicien compositeur producteur T-Bone Burnett récompensé d’un Academy Award pour la meilleure chanson originale « The Weary Kind (Theme from Crazy Heart)» à qui revient la charge de superviser le choix musical sur la série True Detective. Une musique à la hauteur de la profondeur des caractères, évoquant un monde rempli de ténèbres avec ses chants funèbres, des ballades entêtantes, des musiques folks à l’état brut de John Lee Hooker, Blind Uncle Gaspard et CJ Johnson. Tout au long de cette première saison épique, dont le 8ème épisode, le final est diffusé ce soir sur HBO ce dimanche 9 mars 2014, la musique a été un de ses ingrédients remarquables accompagnant avec maestria nos deux détectives dans une Louisiane moite au rythme des bayous.Commençons par découvrir les pépites musicales du premier épisode.
Episode 1 – The long bright dark
Young Men Dead – The Black Angels, un groupe dont des chansons ont été reprises pour la série Californication.
Episode 2 – Seeing Things
« Train Song » par Vashti Bunyan accompagne la scène ou Cohle et Hart découvre la fresque peinte dans l’église ou encore Steve Earle avec Meet Me InThe Alley.
Episode 3 – The Locked Room
Does My Ring Burn Your Finger par Buddy Miller.
Episode 4 – Who Goes There
A History of Bad Men par Melvins diffusé lors de la scène ou Rust entre dans un bar de motards, du métal brut à plein volume hurle pendant que les voyous s’amusent dans une piscine, un son animal…Honey Bee (Let’s Fly to Mars) – Grinderman, la bande de Nick Cave éclate lors de la finale grandiose de l’épisode 4, un fabuleux plan de six minutes, certainement l’une des meilleures scènes jamais vu dans une série.
Episode 5 – The Secret Fate of All Life
Clear Spot par Captain Beefheart, ce musicien est considéré comme l’un des plus grands musiciens de tous les temps, et sa chanson « Clear Spot » fonctionne parfaitement dans une scène où Rust Cohle passe au crible les photos de femmes assassinées pour son enquête. Bosnian Rainbows – Eli est une autre composition qui vaut la peine d’être écouté sur cet inoubliable épisode.
Episode 6 – Haunted Houses
Kingdom of Heaven par The 13th Floor Elevators ou encore Cassandra Wilson – Sign of the Judgement qui clôture l’épisode 6 de True Detective. Signalons également la présence d’une vraie chanson d’amour loin des niaiseries habituelles interprétée par Father John Misty : Every Man Needs a Companion.
Episode 7 – After You’ve Gone
Lors de la scène ou Maggie apparaît soudain dans le bar ou Rust travaille, on peut entendre Did she jump or was she pushed par Richard et Linda Thompson. Pour le final de l’épisode 7, quand la caméra surplombe un cimetière, la voix d’un chanteur au destin tragique, Townes Van Zandt, avec Lungs dont voici les paroles, une musique à découvrir…
Paroles : « Well, won’t you lend your lungs to me? Mine are collapsing Plant my feet and bitterly breathe Up the time that’s passing. Breath I’ll take and breath I’ll give Pray the day ain’t poison Stand among the ones that live In lonely indecision. Fingers walk the darkness down Mind is on the midnight. Gather up the gold you’ve found You fool, it’s only moonlight. If you try to take it home. Your hands will turn to butter. You better leave this dream alone. Try to find another. Salvation sat and crossed herself Called the devil partner Wisdom burned upon a shelf Who’ll kill the raging cancer. Seal the river at its mouth Take the water prisoner. Fill the sky with screams and cries Bathe in fiery answers Jesus was an only son And love his only concept. Strangers cry in foreign tongues And dirty up the doorstep And I for one, and you for two Ai’nt got the time for outside Just keep your injured looks to you We’ll tell the world we tried »
Une série qui sort des sentiers battus, comme sa musique, un choix qui devrait faire réfléchir les entreprises de l’Entertainment adepte d’une culture bas de gamme et d’uniformisation…La chronique musicale se termine sur le chapitre 8 Form and Void ce qui est bien sûr la façon dont le livre de la Genèse commence And the earth was without form, and void; and darkness was upon the face of the deep. Traduit en français par La terre était sans forme (ou chaos) et vide et les ténèbres étaient sur la face de l’abîme, et l’Esprit de Dieu se mouvait (ou planait) sur la surface des eaux
True Detective, découvrez une vidéo de l’épisode 8 final, de la saison 1
La saison 2 ne verra ni les mêmes acteurs ni le même réalisateur, comme pour House of Cards, American Horror History afin de garder une qualité constante. Nic Pizzolatto est déjà entrain d’écrire le second opus, qui espérons le sera aussi bon que le premier même si la deuxième saison ne verra pas Matthew McConaughey et Woody Harrelson. Pour plus d’information sur le visuel, le graphisme de la série vous pouvez consulter le site spécialisé Art of the Title