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Cannes 2018 : Il se passe quelque chose, un détour par l’ACID au deuxième jour de Festival

Gwennaëlle Masle Responsable Cinéma LeMagduCiné

L’ACID a vécu sa première soirée cannoise de 2018 et le public était largement au rendez vous. La réalisatrice Anne Alix emporte les spectateurs dans une Provence inconnue dans Il se passe quelque chose mais déçoit fortement par la mise en scène trop mécanique.

Le début du film laisse espérer quelque chose d’intéressant avec deux personnages féminins originaux mais très vite, on se rend compte qu’il est difficile de s’y attacher. Aucune émotion n’est vraiment provoquée par les actrices, que ce soit leur jeu ou leur dialogues, rien ne se dégage vraiment des scènes. On ne peut pas enlever le mérite à la réalisatrice d’avoir expérimenté puisque c’est vraiment ce à quoi ressemble le film : une expérimentation. Une tentative de cinéma, pas trop mal réussie puisque cela rentre dans les critères mais du point de vue du public, il est difficile de comprendre comment il peut être captivé.

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Quel est le but de cette histoire ? Après 1h45 à rester dans la salle à essayer de comprendre, la sortie se fait plutôt vite et dans l’incompréhension. Un voyage initiatique certes, l’idée est belle mais la multiplicité des longs plans et des travellings sur les paysages n’arrive même pas à faire voyager tant on s’en lasse. On ne peut pas dire qu’ils sont vains, mais dans ce contexte là, ils n’apportent rien à l’histoire. Parfois, le mélange des langues vient sauver le rythme lent du film et donner un charme aux scènes mais il est vite oublié au profit d’une technique assez mécanique de filmer. De certains plans ressort même l’impression que la réalisatrice avait noté tous les codes cinématographiques entre les mouvements caméra et les scènes musicales  à reproduire pour que cela fonctionne mais rien ici n’est efficace dans ces procédés. Le rythme est mal choisi et la voix off rajoute autant de lourdeur et de superficialité. Même les plans de danse avec la musique forte, qui sont souvent enivrants au cinéma,  sont décevants.  Rien n’est communicatif, rien ne touche. Rien ne se passe. On ne vit rien, on attend.

On remarque tout de même un certain travail sur le son afin de dynamiser le film mais c’est justement l’effet inverse qui est provoqué. L’artifice se voit tout comme les longs plans d’illustration qui prennent la place de ceux couramment utilisés en plein dialogue, qui font d’autant plus perdre de la force au message que la cinéaste souhaite faire passer.

Il se passe quelque chose : extrait

Synopsis : Avignon. Irma, qui ne trouve plus sa place dans le monde, croise sur sa route Dolorès, une femme libre et décomplexée missionnée pour rédiger un guide touristique gay-friendly sur un coin de Provence oublié. L’improbable duo se lance sur les routes. Au lieu de la Provence pittoresque et sexy recherchée, elles découvrent un monde plus complexe et une humanité chaleureuse qui lutte pour exister. Pour chacune d’elle, c’est un voyage initiatique.

[ACID au Festival de Cannes 2018]

Il se passe quelque chose, un film de Anne Alix
Avec Lola Dueñas, Bojena Horackova
Distributeur :
Genre : drame
Date de sortie : août 2018
Durée : 1h43
FRANCE

Responsable Cinéma LeMagduCiné