Cannes 2015 – Montée des marches : Benicio Del Toro, Emily Blunt à l’affiche de Sicario
Ce mardi 19 mai, CineSeries a interviewé les deux sœurs Kuperberg pour leur travail sur Orson Welles et a fait sa première montée des marches officielle pour Marguerite et Julien de Valérie Donzelli. Nous avons foulé les marches de Cannes, moins de dix minutes après Bénicio Del Toro qui faisait sa descente après la projection de « Sicario » et juste avant Valérie Donzelli et son équipe. Le film a été largement applaudi à minuit, juste après la projection. CineSeries a également vu deux films sur la prostitution forcée de très jeunes femmes, au Mexique d’abord avec « Les Elues » présenté pour « Un certain regard » et « Much Loved« , un film franco-marocain sélectionné pour la Quinzaine des réalisateurs. Deux films, deux regards, un seul ayant vraiment convaincu la rédaction.
Super trash : Les Elues
Les Elues de David Pablos se présente d’abord comme une histoire d’amour d’adolescence où la première fois de deux jeunes de 14 ans est interrompue par un fou rire. Sofia est séduite par un garçon légèrement plus vieux qu’elle, Ulises. Tout se passe bien entre eux, jusqu’au jour où Ulises change d’attitude juste après avoir invité Sofia à dîner chez son père. En réalité, la jeune fille vient de tomber dans un sordide réseau de prostitution à Tijuana. Dégoûté par ce qu’il a dû faire, Ulises tente d’aider Sofia à s’échapper. Il quémande sa libération auprès de son père qui accepte à une condition : la remplacer par une autre. Marta, à peine plus vieille que Sofia, sera la prochaine cible. Leur rencontre fait écho à celle de Sofia et d’Ulises au début du film. La construction du piège n’en devient que plus glaçante, tant tout ce qu’on voit est déconstruit, des scènes identiques ne sont plus du tout vécues de la même manière.
Dans la veine du cinéma social à la mexicaine, « Les Elues » est cru et réaliste, il alerte sur ce qui gangrène ce pays. David Pablos filme les hommes comme des bêtes remplies d’un désir sale alors que les jeunes filles ne sont que des proies, des victimes. Des visages de Sofia et Marta, il capte la jeunesse, la fragilité, la pureté qui persiste même quand les actes sexuels sont commis. On n’entend que les sons, on voit la préparation. Le film se construit ensuite autour de deux tiraillements : l’envie de voir Sofia partir, quitter le bordel et cette peur inconcevable que ce soit bientôt le tour Marta. Triste réalité sublimée par un regard doux et cru à la fois. Salve d’applaudissements et émotion non feinte à la fin de la projection.