Sur des personnages d’un Comics qui date d’après-guerre, Riverdale, à mi-chemin entre True Blood, Twin Peaks, Dawson, Desperate Housewives et l’univers cinématographique de Twilight vs Nicolas Winding Refn, recycle une formule à succès.
Synopsis : Sous ses airs de petite ville tranquille, Riverdale cache en réalité de sombres secrets. Alors qu’une nouvelle année scolaire débute, le jeune Archie Andrews et ses amis Betty, Jughead, et Kevin voient leur quotidien bouleversé par la mort mystérieuse de Jason Blossom, un de leurs camarades de lycée. Alors que les secrets des uns et des autres menacent de remonter à la surface, et que la belle Veronica, fraîchement débarquée de New York, fait une arrivée remarquée en ville, plus rien ne sera jamais comme avant à Riverdale…
On ne peut ni reprocher le stéréotype et le message clairement vain et superficiel voire surréaliste, ni s’enthousiasmer face à une maîtrise visuelle et scénaristique qui a déjà fait ses preuves, car ce nouveau drame teenage à l’atmosphère lynchienne post-contemporaine, conscient de son actualité, est prêt à devenir un réel succès. Les personnages sont moulés et calibrés, sur un cahier des charges situé entre True Blood et Desperate Housewives, et pris dans des situations mélodramatiques rappelant le classique de Kevin Williamson qui a marqué la génération précédente (la Y, car l’adresse est à présent pour la Z, née entre 1995 et les années qui suivirent l’attentat du 11 septembre), Dawson par l’ambiguïté des sentiments amoureux pour deux amis hétérosexuels adolescents, sans oublier l’arrivée de la new-yorkaise au passé sulfureux prête à changer de vie et devenir gentille… Il faut un gay, cela semble toujours tendance et puis la cible est plus grande; des roux, peu importe si le shampoing colorant se voit; des neon demons calqués sur le groupe Fifth Harmony (qui, soyons d’accord, découle des Pussycats Dolls, qui elles-même tiennent des Destiny’s Child…), le tout servi par une photographie d’excellente facture sur un scénario de roman de gare moderne. Le créateur et showrunner Roberto Aguirre-Sacasa est très sensible à cette ambiance électrique, aux états d’âme twilightesques, puisqu’il a contribué à l’écriture sur Glee, l’adaptation de Carrie, Looking ou encore l’adaptation musicale d’American Psycho de Bret Easton Ellis. De plus, après avoir écrit de longues années pour Marvel Comics (The Fantastic Four, Nighcrawler, The Sensational Spider-Man), il devient directeur de la création d’Archie Comics après avoir imaginé en 2013 « Afterlife with Archie » dépeignant Riverdale ravagée par des zombies.
Un corps disparu dans une rivière, de riches familles, un héros trop parfait pour être crédible (musicien talentueux, la frontière avec Glee risque d’être poreuse / excellent joueur / ouvrier assidu / fils aimant et respectueux élevé par un père célibataire) et des secrets prêts à exploser tel du maïs soufflé. Les références ne rentrent pas dans le moule, à l’instar d’un La La Land qui reprend un maximum de classiques pour tenter de se les approprier. Mais on ne peut cependant tourner de l’œil ou cracher sur cette copie télévisuelle, car il est certain qu’un envoûtement agit sur notre plaisir de spectateur aguerri. D’autant plus, lorsqu’on comprend le lien avec la série d’animation, que seuls ceux qui suivaient assidûment tous les mercredis M6 Kid (encore cette « foutue génération Y ») peuvent connaître, Archie, mystères et compagnie. Riverdale est en effet une adaptation des Archie Comics, qui propose dès 1941, pour contrer les publications de super-héros qui perdent de leur lectorat après-guerre, les aventures d’un adolescent roux du nom d’Archibald Andrews qui finira par avoir son propre comic book en 1945. Quelques comics dans le même style, comme Sabrina, l’apprentie sorcière ou Josie et les Pussycats, sont aussi proposés. On connait le sort du premier au cours des années 90 et repris sur KD2A le matin sur France 2, moins le deuxième… Ainsi, on admet plus facilement l’américanisation des noms, l’univers teenage à excès, en aucun cas à considérer en exemple. Pire encore, on se laisse surprendre à apprécier grâce, principalement, à la réalisation et à la photographie qui proposent à elles-deux de véritables enjeux. Le public américain semble lucide, car seuls 1,37 millions de téléspectateurs étaient devant leurs postes à 21h. Heureusement que Netflix a flairé le succès et la propose en US+24.
Riverdale pose un paradoxe qui vacille entre ton ridiculement naïf et qualités cinématographiques indéniables. La génération Y ne croira plus à l’énième décor en carton pâte, dans ce lycée américain aseptisé, tant elle a eu affaire à des milliers d’exemples auparavant, mais pourra se laisser surprendre par le style certain néo(n)-vampirisant qui réunit tout ce qu’il peut réunir (univers musical, thriller, drame familial et sentimental, récit initiatique, policier, teen-movie). Les moins de 20 ans ne peuvent que se délecter de ce très joli produit superficiel, bon enfant toujours, qui redorera à coup sûr le blason de la CW.
Riverdale : Bande Annonce
Riverdale : Fiche Technique
Créateur : Roberto Aguirre-Sacasa (d’après les personnages Archie Comics créés par John L. Goldwater, écrit par Vic Bloom et dessinés par Bob Montana)
Réalisation : Lee Toland Krieger
Scénario : Roberto Aguirre-Sacasa
Interprétation : K.J. Apa (Archie Andrews), Lili Reinhart (Betty Cooper), Camila Mendes (Veronica Lodge), Cole Sprouse (Jughead Jones), Marisol Nichols (Hermione Lodge), Madelaine Petsch (Cheryl Blossom), Ashleigh Murray (Josie McCoy), Mädchen Amick (Alice Cooper, Luke Perry (Fred Andrews)…
Direction artistique : Simone Gore
Image : Stephen Jackson, David Lanzenberg
Musique : Blake Neely
Production : Roberto Aguirre-Sacasa, Greg Berlanti, Jon Goldwater, Sarah Schechter
Sociétés de production : Berlanti Productions, Archie Comics Publications, CBS Television Studios, Warner Bros. Television
Genre : Crime, Teen Drama, Thriller
Format : 13 x 42 minutes
Chaine d’origine : the CW
Diffusion aux USA : 26 Janvier 2017 – en US+24 sur Netflix
Etats-Unis – 2017