Love, la série désenchantée de Judd Apatow pour Netflix
Fraîchement débarquée aujourd’hui 19 Février sur la chaîne Netflix, Love est la nouvelle série comique du maître du genre Judd Apatow. Très attendue par le public et par la presse, surtout après le très réussi Crazy Amy, on avait hâte de voir le réalisateur retourner à ses premières amours. On a encore à l’esprit les séries d’ado Les Années campus et Freaks and Geeks qui ont lancé la team de Seth Rogen et James Franco. CineSeriesMag a donc sauté sur l’occasion pour découvrir cette création plus mûre mais toujours plus subtile et vous faire part de son ressenti face aux deux premiers épisodes.
Love suit en parallèle deux jeunes célibataires qui tentent de survivre, chacun à leur manière, à leurs peine de coeur. Ces deux histoires, au départ très différentes, vont les mener immanquablement à des ruptures qui les réuniront. D’un côté, il y a Mickey, une fille un peu paumée, un peu névrosée et portée sur les médocs. Elle est jouée par Gillian Jacobs, vu dans les séries Community et Girls. De l’autre, il y a Gus, un garçon maladroit, coincé, limite niais et incarné par Paul Rust, le créateur de la série aux côtés d’Apatow. La jolie Mickey vit une relation compliquée avec un grand gamin incapable de se prendre en charge et accro à la cocaïne. Gus quant à lui est prêt à s’installer avec une fille insipide mais qui cache bien son jeu. Déçus tous deux par le couple, ils vont se chercher et apprendre l’un de l’autre.
Les histoires de nos deux amoureux éconduits s’entrecroisent et rythment le premier épisode. A la manière d’un Woody Allen, on découvre la psychologie des personnages au travers de leurs vies, un peu similaires malgré les différences. On y lit leurs inquiétudes, leurs aspirations et leurs déboires avec à la clef, une interprétation philosophique. Celle que, quel que soit le chemin qu’on emprunte, on parviendra au même dénouement. Pour les mêmes raisons, on peut déplorer l’aspect déprimant de cette comédie anti-romantique, assez réaliste mais très osée par certains côtés. Ainsi Mickey lâchera-t-elle à la mère de son petit-ami, au moment de leur départ : « Son foutre est encore entre mes jambes ! ». Et Gus refusera-t-il de s’engager dans un plan à trois avec deux soeurs, qualifiant se rapport d' »incestueux ». L’humour est noir donc, pince-sans-rire et sa subtilité n’est toujours évidente et accessible. En ce sens, les premiers épisodes peuvent un peu décevoir pour ceux qui attendaient une comédie plus légère. Mais Love est aussi une série intelligente et originale dont les personnages sont parfaitement interprétés par le duo Gillian Jacobs/Paul Rust. Et la structure des deux premiers épisodes est intéressante et fonctionne très bien. On reprend immédiatement sur la fin du premier, où se succédaient les événements marquants de chacun des partis, pour poursuivre l’épisode 2 sur une journée d’échange entre les deux héros, comme une pause dans le temps après toutes leurs mésaventures.
Les premiers épisodes de Love sont dans la lignée des créations du réalisateur. Il s’intéresse de près à la psychologie des personnages et on pénètre petit à petit dans leurs vies. En cela, la série rappellera un peu les débuts de Judd Apatow avec Freaks and Geeks mais l’humour pince-sans-rire y est beaucoup plus présent, l’analyse est plus mûre, plus dure aussi. On est loin de la fougue de Crazy Amy. Le ton va-t-il s’alléger par la suite ? On l’espère un peu. Le cas échéant, Love plaira aux amateurs des anti-comédies romantiques. Interrogé à ce sujet, Apatow s’est expliqué : « C’est une comédie romantique réaliste. L’amour demande beaucoup d’efforts, surtout quand vous êtes quelqu’un de compliqué. J’espère que ce genre d’histoire paraîtra plus familière aux spectateurs, plus proche de leur expérience, plus crédible que la majorité des films romantiques. » A vous de voir !