Deux semaines après son lancement, Outbuster n’en a pas fini de nous proposer une ribambelle de films inédits et pleins de talents. La preuve par quatre:
Love Steaks, The Turning, Flickering Lights et The Grand Heist
- Love Steaks (Jakob Lass, Allemagne, 2014) Grand admirateur du Dogme 95 danois, le jeune réalisateur Jakob Lass en propose sa variation personnelle en s’amusant à filmer ses acteurs au naturel et en plein exercice d’improvisation. L’histoire d’amour qui découle de cet exercice de style sort complètement des sentiers battus : D’abord parce que ses deux protagonistes ne sont pas enfermés dans les sempiternels canons de la beauté propres aux romcom (l’un d’eux est même jugé « moche » par son entourage), parce que la liberté de ton est une bonne surprise, en particulier venant d’un cinéma allemand trop souvent jugé académique, et enfin parce que les rapports entre les personnages prend à contre-pied les schémas caricaturaux des rapports homme-femme. Cette romance tour à tour platonique et fusionnelle profite donc d’une mise en scène audacieuse qui pourrait bien devenir un modèle du genre.
- The Turning (beaucoup de réalisateurs, Australie, 2013) Quel rapport entre les retrouvailles emplies de mélancolie entre un père et son fils et les errances oniriques d’un jeune aborigène sur une plage ? Strictement aucune, sinon qu’il s’agit de l’adaptation de nouvelles signées par Tim Winton (réunies dans un ouvrage homonyme en version originale, mais publiée en France sous le nom de «Angelus »), sous la forme de 10 segments d’une dizaine de minutes. Cette sélection faite sur les 18 que composent initialement ce film à sketchs dans sa version intégrale, implique un gage de qualité dans cet exercice de style par nature inégal auquel ont participé les plus grandes stars du cinéma australien (Cate Blanchett, Hugo Weaving, Rose Byrne…). A noter d’ailleurs que Mia Wasikowska y livre sa première expérience de réalisatrice, qui se révèle le segment le plus ésotérique du panel. Sans doute un des conséquences psychotropes de son va-et-vient au Pays des Merveilles…
- Flickering Lights (Anders Thomas Jensen, Danemark, 2000) Si le récent Men & Chicken a réuni Mads Mikkelsen et Anders Thomas Jensen dix ans après Adam’s Apple, la première collaboration entre l’acteur devenu depuis incontournable et le réalisateur remonte à Flickering Lights. On y trouvait déjà le gout du cinéaste danois pour les personnages marginaux et surtout la thématique qui sera l’enjeu de chacun de ses films, à savoir leur tentative de socialisation. Et même s’il était à l’époque encore frileux d’intégrer une véritable transgression dans son propos, Jensen savait déjà donner à ses personnages une profondeur qui ne les limitent pas à des artifices de parodies de cinéma de genre, quand bien même les codes du film de gangsters sont en l’occurrence habilement détournés. On pense d’ailleurs à Il était une fois en Amérique dans ce dispositif de flashbacks qui vient apporter une certaine gravité derrière le caractère presque burlesque de ces quatre bras-cassés.
- The Grand Heist (Kim Joo-Ho, Corée du Sud, 2011) Encore une preuve que les coréens sont les maitres du mélanges de genres car malgré son discours politique, celui de la dénonciation d’un monopole commercial sur un produit vital, sa direction artistique qui soigne la reconstitution médiévale et ses gimmicks propres au cinéma d’action asiatique, avec notamment ses impressionnants mouvements de caméra, The Grand Heist est avant tout une comédie. Construite sur le schéma scénaristique des films de braquage, et en particulier d’Ocean’s Eleven dont il emprunte au moins le nombre de braqueurs, impliquant une mise en place des enjeux et des préparatifs assez longue, cette aventure est aussi l’occasion de de voir à l’action Cha Tae Hyun, une star locale qui n’a plus été vu en France depuis My Sassy Girl en 2001. Chacun des personnages secondaires apportant son petit plus à l’édifice, on peut affirmer que tous les ingrédients sont réunis pour passer un bon moment.