D’une nouvelle de King, Ralph Singleton a fait de La Créature du cimetière un film ridicule et pathétique.
Synopsis : Une équipe est chargée de nettoyer une ancienne manufacture désaffectée, envahie par les rats et par une créature monstrueuse.
Il faut bien en convenir : la grande majorité des films adaptés de Stephen King ne peuvent se voir qu’avec beaucoup d’indulgence. Et c’est le cas pour cette Créature du cimetière, tirée de la nouvelle « Poste de nuit » (dans le recueil Danse Macabre).
Brad Dourif, l’Exterminateur
Après une scène de pré-générique plutôt potable, qui a au moins l’avantage de se dérouler dans le décor sombre d’une manufacture souterraine lugubre, nous assistons à l’entrée en scène de Brad Dourif, seule tête d’affiche connue parmi le casting. Ici, l’acteur qui est pourtant spécialisé dans les rôles de personnages mentalement instables, incarne un dératiseur fou. Et pour montrer la folie du personnage, il roule des yeux exorbités et parle du Vietnam. Oui, parce que si le personnage chasse les rats, c’est pour se venger d’un traumatisme que ces rongeurs lui ont fait subir sur le front oriental. Autant avouer tout de suite que la scène où il raconte sa guerre navigue entre le ridicule et le pathétique…
Et c’est comme cela tout du long ! Les personnages sont, dans le meilleur des cas, des stéréotypes. L’un d’entre eux devient fou d’un coup, sans prévenir, au détriment de la moindre logique scénaristique. Les dialogues sont creux mais réservent tout de même deux ou trois surprises comiques (involontaires ?) de bon aloi, par exemple lorsque le personnage principal affirme qu’il est un bon cuisinier puisqu’il a travaillé dans un fast-food…
Puisque nous en sommes aux dialogues, il faut dire clairement que la Version Française du film est une catastrophe de chaque instant. Les voix ne collent pas aux personnages, les paroles ne se superposent pas aux mouvements des lèvres, c’est du n’importe quoi qui gâche franchement le visionnage du film.
Amérique profonde
On voit cependant l’effort qui a été fait pour coller aux thèmes habituels du célèbre romancier, par exemple la description souvent critique de cette Amérique profonde. Nous en avons une tentative ici : un patelin perdu, des locaux qui rejettent toute personne inconnue, une haine de l’intelligence qui entraîne des moqueries systématiques envers ceux qui en ont plus dans le cerveau que dans les biceps, une ambiance très virile de testostérone marinée dans la bière… Tout cela aurait pu donner quelques avantages au film. Hélas, tout ici sent le réchauffé, les scènes ont déjà été vues des milliers de fois, et en mieux.
Et l’horreur ? C’est là que le film devient le plus pathétique. Bien entendu, on ne s’attend pas à des effets spéciaux de grande qualité, le budget du film ne le permettait pas. Le réalisateur avait donc le choix entre suggérer ou montrer. Il a décidé de montrer la fameuse créature du titre, et c’est pitoyable. Les scènes de mort sont tellement mal filmées que même le terme de « ridicule » ne peut retranscrire ce qui se passe à l’écran. Et le final est totalement tiré par les cheveux…
Il ne reste donc plus que la bienveillance du spectateur pour sauver le film. Ou une certaine nostalgie des téléfilms fantastiques de pseudo-horreurs tels que les diffusaient certaines chaînes de télévision au début des années 90. Une fois de plus, le nom de Stephen King sert d’alibi à un film raté sur pratiquement tous les plans.
La Créature du Cimetière : Bande Annonce
La Créature du Cimetière : Fiche Technique
Titre original : Graveyard Shift
Réalisateur : Ralph S. Singleton
Scénario : John Esposito d’après la nouvelle Poste de nuit de Stephen King
Interprètes : David Andrews (John Hall), Kelly Wolf (Jane Wisconsky), Stephen Macht (Warwick), Andrew Divoff (Danson), Brad Dourif (The Exterminator)…
Montage : Jim Gross, Randy Jon Morgan
Photographie : Peter Stein
Musique : Anthony Marinelli, Brian Banks
Producteurs : William J. Dunn, Ralph S. Singleton
Société de production : Paramount Pictures, JVC Entertainment Networks, Graveyard Productions, Sugar Entertainment
Société de distribution : Paramount Pictures
Budget : 10 millions de dollars
Genre : Fantastique
Date de sortie en France : 19 juin 1991
Durée : 89 minutes
Etats-Unis- 1990