Rabbit Hole aborde un sujet casse gueule par excellence, qui peut engendrer des films répugnants et tire larmes, la mort étant souvent traitée de façon manichéenne.Tout ceci dans le but de nous guider vers un torrent d’émotions factices où la notion d’analyse et de compréhension est prohibée au profit du spectaculaire.
Synopsis : Huit mois après la disparition de leur fils, Becca et Howie redonnent peu à peu un sens à leur vie. Howie tente de nouvelles expériences, tandis que Becca préfère couper les ponts avec une famille trop envahissante. Contre toute attente, elle se rapproche du jeune homme responsable de la mort de leur enfant. Cette relation étrange va permettre à Becca d’être enfin en paix avec elle-même.
Quel rapport entretien t’on avec la mort d’un proche ?
Celui ci évite pourtant tous ces écueils et nous livre quelque chose de profondément émouvant, grâce à une mise à distance salutaire et nécessaire. Ce couple qui a perdu son enfant quelques années auparavant dans des circonstances tragiques (il se fait renverser par un adolescent en voulant suivre le chien qui traversait la route), s’efforce de surmonter cette douleur, chacun à sa manière. Becca, interprétée par Nicole Kidman, qui retrouve là un rôle à la hauteur de son immense talent, après plusieurs choix de carrière plutôt douteux, pense pouvoir surmonter cette épreuve en intériorisant cette souffrance et en s’interdisant toute notion de plaisir, par culpabilité. Howie (Aaron Eckhart, subtil et bien plus à son aise dans ce genre de rôle que dans les grosses productions, exception faite de The Dark Knight), pense au contraire pouvoir survivre en gardant en souvenir tout ce qui pourra lui rappeler cette période heureuse de sa vie.
Quel rapport entretien t’on avec la mort d’un proche ? Tel est le vrai sujet du film. Sa force est de refuser toute explication facile et il ne donne à aucun moment raison à telle ou telle approche. Il se contente juste de suivre ce cheminement personnel face à la mort, à travers l’histoire de chaque personnage et celle de leur proche. Tout juste pourrait t’on lui reprocher, pour ne pas céder à cette émotion facile, d’être par instant un peu trop lumineux et en même temps austère, dans sa façon d’aborder cette thématique d’un point de vue trop analytique. Néanmoins, il convient de souligner le traitement fin et courageux de ce sujet délicat, qui justifie à lui seul, la vision du film.
Fiche technique – Rabbit Hole
Titre : Rabbit Hole
Titre québécois : Trou noir
Réalisation : John Cameron Mitchell
Scénario : David Lindsay-Abaire, d’après sa propre pièce, Rabbit Hole
Interprétation: Nicole Kidman (Becca), Aaron Eckhart (Howie), Dianne Wiest (Nat), Tammy Blanhard (Izzy), Sandra Oh (Gabby), Jon Tenney (Rick)…
Photographie : Frank G. DeMarco
Montage : Joe Klotz
Musique : Anton Sanko
Production : Nicole Kidman
Distribution : Lionsgate
Pays d’origine : États-Unis
Format : 35 mm
Genre : Drame
Durée : 91 minutes
Auteur de la critique : Le Cinéphile Dijonnais